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CORONAVIRUS: DE L’ALLÉGORIE DE L’HOMONCULE AU SOPHISME DE L’EXCEPTION AFRICAINE

Quand bien même le politique africain en aurait une forte nausée, je m’adresse ici aux intellectuels. Pas ceux qui feignent de résoudre des problèmes qu’ils ne peuvent se poser, les petits prostitués de la pensée, les spéculateurs à nulle autre préoccupation que de poser des problématiques abstraites pour ne servir qu’illusions, mirages, mystifications et chimères obnubilantes (Foucault, 1966). Pas ceux qui, « abonnés aux émissions de grande écoute, avalisent et dissèquent le message officiel, comptent les points de part et d’autre tout en se réfugiant derrière une confortable «neutralité» proportionnelle à l’assiduité des médias à leur égard » (Aktouf, 2003). Pas ceux qui se démènent pour le maintien de leur privilège politique. Pas ceux qui, comme le tailleur de la République, ont acquis quelque notoriété que ce soit et en abusent, s’aventurant loin de leur domaine pour critiquer la société au nom d’une conception globale et dogmatique, vague ou précise, moraliste ou marxiste de l’homme, même si Sartre, contrairement à Foucault dont j’épouse pour le moment la perspective, aurait compris le terme « abuser » dans son sens positif (L.D. Godin). Je ne m’adresse pas aux intellectuels, démodés depuis les théories Foucaldiennes, qui se pensent maître de vérité et de justice alors qu’on ne peut plus s’en réclamer puisque la vérité est générée par des systèmes et des structures qui exercent leur emprise sur le sujet. « La vérité est liée circulairement à des systèmes de pouvoir qui la produisent et la soutiennent, et a des effets de pouvoir qu’elle induit et qui la reconduisent » (Foucault 1976).

Je ne parle pas à ceux, en définitive, dont la pensée inactive a pour but tout ensemble de donner un semblant de fondement aux thèses racistes d’un Hegel qui, dans la phénoménologie de l’esprit, dénie tout sens de l’histoire aux noirs que nous sommes ; d’un Raynal qui se demandent s’il n’est jamais tombé dans l’esprit du noir qu’il fallut se donner tant de peine pour se loger, qui pense que l’africain croupit encore dans les premiers âges de l’Humanité, qui soutient que le noir coule des jours inutiles dans une inaction entière sous d’épais feuillages, que fumer, boire, chanter ou danser est le propre de l’africain ; ou d’un Montesquieu stipulant dans de l’esprit des lois qu’il est impossible de supposer que nous soyons des humains car l’on commencerait à croire qu’il n’est pas lui-même chrétien, que « de petits esprits exagèrent trop l’injustice que l’on fait aux Africains car, si elle était telle qu’ils le disent, ne serait-il pas venu dans la tête des princes d’Europe, qui font entre eux tant de conventions inutiles, d’en faire une générale en faveur de la miséricorde et de la pitié ? » Non ! A ces intellectuels de pacotille, je ne m’adresse pas. Ceux-là, avec une énergie surprenante et destructrice reproduisent jusqu’à la caricature les séries de clichés racistes et meurtriers dont les colonisateurs affublaient l’Afrique : nègre barbare, jouisseur, roitelet ; nègre tyrannique, irrationnel, incompétent et donc, incapable de prendre son destin en main.

Je m’adresse plutôt à ceux qui se rendent compte qu’en faisant de l’Afrique une exception mystérieuse dont les africains se gaussent volontiers, car pour une fois, le continent noir déjoue les pronostics ; je parle à ceux qui savent pertinemment qu’en n’essayant pas de trouver une explication à la raison pour laquelle l’Afrique semble être plus résistante au coronavirus que tous les autres continents confondus ; j’interpelle ceux qui ne doutent point qu’en feignant de jeter les bases d’une réflexion scientifique qui nous permettrait de concevoir des orientations politiques et stratégiques cohérentes, opérationnelles et satisfaisantes, nos dirigeants, avec la complicité de l’occident et des médias dominants, nous coupent l’herbe sous le pied pour nous installer dans une insouciance commode et complaisante qui nous dispense d’efforts intellectuels et d’actions salutaires quand à l’endiguement de la pandémie sur nos terres. Il n’y a pour ma part pas d’exception africaine qui ne trouve pas de fondements scientifiques cohérents. J’en ferai la démonstration dans ma prochaine publication… (A suivre)

PIERRE HAMET BA.

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