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L’ENVERS DU DISCOURS DE DIOMAYE

Le discours du président Bassirou Diomaye Faye, prononcé le soir du 31 décembre 2024, est une nouvelle tentative désespérée de maquiller les échecs d’un régime qui, en moins d’un an, a plongé le Sénégal dans une crise profonde. Derrière ses mots soigneusement choisis et ses promesses irréalistes, la réalité vécue par les Sénégalais est brutale : une économie en chute libre, des institutions gangrenées par la corruption, et une répression implacable contre toute voix discordante.

Depuis son arrivée au pouvoir en mars 2024, le président Bassirou Diomaye Faye a multiplié les annonces spectaculaires, mais sans résultats concrets. Prenons l’exemple de son fameux Plan Diomaye pour la Casamance, censé garantir la paix et le développement dans une région trop longtemps marginalisée. Qu’avons-nous vu depuis ? Rien. Aucun projet d’envergure n’a été lancé, les populations déplacées attendent toujours un soutien réel, et la région continue de souffrir d’un sous-développement chronique. Les promesses restent des mots creux, alors que la Casamance mériterait des actes concrets pour tourner enfin la page des décennies de conflit.

Sur le front économique, la situation est encore plus alarmante. La dette publique a explosé, atteignant 72,5% du PIB en décembre 2024, contre 65% un an plus tôt. En seulement neuf mois, le régime a contracté des emprunts massifs, dont 500 millions de dollars en mai 2024, pour financer des projets dont l’impact reste invisible. Où sont passés ces fonds ? Alors que le peuple peine à joindre les deux bouts, le gouvernement dilapide les ressources publiques dans une opacité totale. La Cour des comptes elle-même a pointé des irrégularités dans la gestion des fonds publics, notamment dans le secteur pétrolier et gazier, mais aucune poursuite sérieuse n’a été engagée.

Pendant ce temps, les Sénégalais font face à une crise du pouvoir d’achat sans précédent. Les prix des denrées de base, comme le riz, l’huile et le sucre, ont augmenté de plus de 30% depuis mars. Les subventions sur les produits essentiels, qui étaient un filet de sécurité pour les ménages les plus vulnérables, ont été réduites sous prétexte d’assainir les finances publiques. Résultat : des millions de familles s’enfoncent dans la précarité, tandis que le régime parle de transformations imaginaires qui ne touchent jamais le quotidien des citoyens.

Et que dire de son engagement pour la transparence ? Bassirou Diomaye Faye a promis une réforme du Comité d’Orientation stratégique du Pétrole et du Gaz (COS-PETROGAZ) pour inclure l’opposition et la société civile. Mais cette initiative, largement symbolique, ne masque pas les scandales qui éclaboussent son administration. En octobre, un rapport explosif a révélé que des contrats pétroliers avaient été attribués dans des conditions douteuses, au profit d’intérêts privés proches du pouvoir. Les Sénégalais ont le droit de demander des comptes, mais ce régime continue de protéger ses alliés au lieu de défendre l’intérêt général.

Sur le plan politique, la situation est tout aussi inquiétante. Depuis mars 2024, le régime a montré qu’il n’a aucune tolérance pour la contestation. Des manifestations pacifiques, organisées pour dénoncer la cherté de la vie et l’absence de réformes concrètes, ont été violemment réprimées. Des dizaines de manifestants ont été arrêtés, et les vidéos de violences policières circulent largement sur les réseaux sociaux. Ce n’est pas ainsi que l’on gouverne un pays qui se veut démocratique. Bassirou Diomaye Faye s’inscrit dans une continuité de répression et d’intimidation qui rappelle les heures sombres de notre histoire récente.

La décision du président de mettre fin à la présence militaire étrangère d’ici 2025 est un autre exemple de déconnexion avec les réalités stratégiques du pays. En théorie, cette mesure pourrait renforcer notre souveraineté. En pratique, elle risque de compromettre des partenariats essentiels avec des puissances comme la France et les États-Unis, alors même que la menace terroriste s’intensifie dans la région sahélienne. Le Sénégal ne peut pas se permettre d’affaiblir ses capacités de défense à un moment aussi critique.

Enfin, l’évocation par le président de moments historiques comme le massacre de Thiaroye est une tentative maladroite de détourner l’attention de ses propres échecs. Comment peut-on rendre hommage aux victimes du passé tout en ignorant les souffrances actuelles des Sénégalais ? Les familles des victimes des répressions récentes, y compris sous son mandat, continuent d’attendre justice. Parler de mémoire sans agir sur le présent, c’est trahir les principes mêmes de justice et de responsabilité.

Le Sénégal mérite mieux que des promesses vides et des politiques cosmétiques. Il mérite un leadership qui écoute son peuple, qui agit avec courage et qui apporte des solutions concrètes aux problèmes urgents que nous affrontons. En 2025, les Sénégalais auront l’occasion de choisir un autre chemin. Un chemin de vérité, de justice et de prospérité partagée. Il est temps pour Bassirou Diomaye Faye de comprendre que gouverner, ce n’est pas parler, c’est agir. Et si lui et son régime ne peuvent pas répondre aux attentes légitimes du peuple, alors qu’ils cèdent leur place à ceux qui en sont capables. Le Sénégal n’a plus de temps à perdre.

Pierre Hamet BA.

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