Les tirailleurs sénégalais, ces héros de notre histoire, méritent que leur mémoire soit défendue avec la plus grande fermeté. Leurs sacrifices, gravés dans l’histoire, sont un pilier de la dignité nationale. Insulter ces hommes, c’est non seulement piétiner leur héritage, mais aussi porter atteinte à l’ensemble de notre nation.
Les propos de Cheikh Oumar Diagne, outrageants et dégradants, constituent une infraction à plusieurs niveaux. En vertu de la loi sénégalaise, de telles déclarations doivent être traduites devant la justice. Selon l’article 258 du Code pénal, toute allégation ou imputation portant atteinte à l’honneur ou à la considération d’une personne ou d’un groupe identifiable constitue une diffamation punissable. La mémoire des tirailleurs sénégalais, en tant que symbole national, entre clairement dans cette définition.
L’article 259 renforce cette disposition en précisant que la diffamation visant des corps constitués, tels que l’armée ou ses figures emblématiques, est passible d’une peine de quatre mois à deux ans d’emprisonnement et d’une amende de 200 000 à 1 500 000 francs. Les tirailleurs, en tant que figures historiques de notre armée, méritent cette protection légale.
Par ailleurs, la diffamation posthume, bien que visant des défunts, reste punissable si elle porte atteinte à l’honneur des vivants, notamment des descendants ou des représentants des personnes concernées. La jurisprudence internationale et nationale a souvent reconnu que la mémoire collective fait partie intégrante de l’identité et de la dignité d’un peuple.
Des précédents récents montrent que la justice sénégalaise est en mesure d’agir face à de telles offenses. En juillet 2019, Guy Marius Sagna a été arrêté pour une critique publique sur les infrastructures sanitaires du Sénégal, à la suite du décès d’Ousmane Tanor Dieng dans un hôpital français. Moustapha Diakhaté, lui aussi, a été interpellé pour des propos jugés offensants. Ces cas montrent que la justice peut et doit intervenir lorsqu’une parole dépasse les limites de l’acceptable.
Alors, pourquoi ce silence face aux déclarations de Cheikh Oumar Diagne, dont l’outrage est encore plus profond ? Pourquoi les tirailleurs sénégalais, symbole sacré de notre histoire, ne bénéficient-ils pas de la même protection légale ? Ces questions interpellent, et la réponse doit être une action judiciaire immédiate.
Le procureur de la République, en tant que garant de l’ordre public, a le pouvoir de se saisir d’office de cette affaire. Agir, c’est rappeler que l’histoire et la mémoire de nos héros ne peuvent être bafouées impunément. Ne rien faire reviendrait à cautionner l’insulte, à banaliser l’inacceptable et à fragiliser notre mémoire collective.
Les tirailleurs sénégalais ont combattu pour la dignité. Aujourd’hui, il appartient à la justice de défendre leur honneur. Le procureur doit agir, et agir maintenant. La mémoire de ces héros n’est pas négociable. Toute atteinte à cette mémoire doit être sanctionnée avec la plus grande fermeté.
Pierre Hamet BA.