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CRITIQUE DE LA DPG.

La Déclaration de Politique Générale (DPG) présentée par le Premier ministre à l’Assemblée nationale, ce vendredi 27 décembre 2024, affiche un projet ambitieux visant à transformer le Sénégal en un pays « souverain, juste et prospère ». Cependant, une analyse approfondie révèle de nombreuses contradictions et incohérences qui mettent en lumière un décalage entre les intentions proclamées et la faisabilité concrète de ces réformes.

1. Un projet monétaire hasardeux et insuffisamment adossé aux réalités légales et économiques

L’annonce de la création d’une nouvelle monnaie nationale pour asseoir la souveraineté économique du Sénégal est un pari risqué. Le pays est actuellement membre de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et utilise le franc CFA, une monnaie adossée à l’euro via la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Se soustraire unilatéralement à ce bloc monétaire sans renégociation préalable pose des défis politiques et légaux majeurs. De plus, l’absence de mécanismes clairs d’arrimage monétaire et de garanties solides (comme des réserves de change conséquentes ou une base industrielle robuste) rend cette initiative vulnérable.

Des exemples concrets illustrent les difficultés rencontrées par d’autres pays africains ayant adopté leur propre monnaie. La Gambie, la Guinée Conakry, la Mauritanie, l’Éthiopie et le Nigeria possèdent toutes une monnaie nationale, mais peinent à assurer sa stabilité et sa convertibilité sur le marché international. En Éthiopie, il est pratiquement impossible d’opérer un transfert bancaire en monnaie locale vers l’étranger, obligeant les transactions internationales à se faire en devises fortes telles que le dollar ou l’euro. Au Nigeria, le naira souffre de contrôles de change sévères qui limitent son usage dans les transactions internationales, poussant les entreprises et les particuliers à privilégier les devises étrangères. Si le Sénégal adopte une nouvelle monnaie sans assurer sa convertibilité et sa stabilité, il risque de se retrouver dans une situation où le paiement de sa dette en devises deviendrait insoutenable, menant potentiellement à un défaut de paiement ou à une spirale d’endettement.

2. Une énumération de politiques économiques ambitieuses, mais sans chiffrage ni ancrage dans les lois de finances

La DPG embrasse un vaste éventail de secteurs : agriculture, élevage, éducation, santé, infrastructures, sécurité, énergie, etc. Toutefois, les lois de finances en cours de discussion à l’Assemblée nationale ne reflètent pas cet élan. Il manque une priorisation claire des projets et un chiffrage précis des coûts associés. Cette absence de planification rigoureuse risque de mener à un saupoudrage inefficace des ressources, sans impact réel sur la vie des Sénégalais.

Par ailleurs, la volonté de rationaliser les dépenses publiques et de réduire la masse salariale contraste fortement avec les annonces de recrutements massifs dans des secteurs prioritaires tels que la santé, l’éducation et la sécurité. Sans une gestion budgétaire cohérente, ces contradictions internes compromettent la soutenabilité financière des réformes proposées. De plus, augmenter la pression fiscale pour combler le déficit public pourrait décourager le secteur privé, limitant ainsi la création d’emplois et de richesse, au détriment de l’initiative privée.

3. Gouvernance et justice : de nobles principes menacés par une instrumentalisation potentielle

Le discours met en avant la nécessité de renforcer la transparence, d’effectuer des audits et de promouvoir une justice indépendante. Cependant, la création de nouvelles agences centralisées, telles que l’Agence des Domaines et du Foncier ou la Haute Autorité de la Diaspora, rattachées directement à la Primature, risque de recentraliser le pouvoir plutôt que de réellement décentraliser les décisions.

De plus, sans un cadre légal précis garantissant l’autonomie financière et fonctionnelle de la justice, les promesses de transparence et de lutte contre la corruption peuvent facilement être instrumentalisées à des fins politiques. L’histoire sénégalaise, comme celle de nombreux pays africains, montre que sans garanties solides, les réformes judiciaires peuvent devenir des outils de contrôle partisan, sapant ainsi la confiance publique.

4. Environnement géopolitique et régional : une rupture difficilement soutenable

Le Sénégal, en tant que membre de la CEDEAO et de l’UEMOA, bénéficie d’une intégration économique et monétaire régionale qui facilite les échanges commerciaux et stabilise la monnaie. Rompre avec le franc CFA sans une concertation préalable avec les partenaires régionaux risque de nuire aux échanges intra-africains et de déstabiliser l’économie nationale. De plus, cela pourrait compliquer les relations commerciales avec des partenaires historiques comme l’Union Européenne, compromettant ainsi l’accès aux prêts et aux soutiens financiers.

5. Position des acteurs nationaux : scepticisme du patronat et incertitudes pour la société civile

Le secteur privé sénégalais, représenté par des associations comme la CNP et la CNES, exprime déjà des réserves face aux propositions de hausse de la pression fiscale et aux réformes monétaires. Ces mesures risquent de décourager les investisseurs étrangers et nationaux, freinant ainsi la croissance économique et la création d’emplois. Par ailleurs, la société civile et les syndicats demeurent méfiants quant à la capacité du gouvernement à mettre en œuvre ces réformes de manière transparente et inclusive, sans tomber dans le piège du clientélisme ou de l’instrumentalisation politique.

6. Des scénarii alternatifs et pistes plus réalistes

Plutôt que d’opter pour un divorce unilatéral avec la zone franc et une multiplication de grands chantiers non financés, le gouvernement gagnerait à envisager des réformes progressives et concertées :

Réforme du franc CFA en collaboration avec les partenaires régionaux pour renforcer les mécanismes de garantie et la gouvernance de la BCEAO.

Plan budgétaire pluriannuel avec des priorités clairement définies et chiffrées, alignées sur les lois de finances et les critères de convergence de l’UEMOA.

Renforcement de l’indépendance judiciaire avec des lois organiques garantissant l’autonomie financière et fonctionnelle des institutions judiciaires.

Mobilisation prudente des ressources pétrolières et gazières, avec la création d’un fonds souverain transparent supervisé par un organe indépendant, afin de stabiliser l’économie et d’éviter la dépendance excessive aux hydrocarbures.

Promotion d’une gouvernance participative et inclusive, impliquant davantage la société civile, les syndicats et les acteurs privés dans la planification et le suivi des réformes.

Conclusion

L’ambition et les « ruptures » annoncées dans la Déclaration de Politique Générale du Premier ministre séduisent sur le papier, mais paraissent difficilement conciliables avec la réalité du droit sénégalais, les contraintes budgétaires et les dynamiques régionales et internationales. La création d’une nouvelle monnaie sans assises solides, la multiplication des grands chantiers sans priorisation ni financement clair, et les promesses de gouvernance transparente sans mécanismes concrets, posent des risques majeurs pour la stabilité économique, sociale et politique du Sénégal.

En définitive, cette DPG, malgré sa rhétorique convaincante, manque de cohérence et de réalisme. Elle ne s’arrime pas clairement aux lois de finances et aux obligations régionales, et ne propose pas de mécanismes de gouvernance suffisamment robustes pour assurer la transparence et l’inclusion. Le Sénégal a besoin d’un plan d’action clair, pragmatique et chiffré, aligné sur les réalités économiques et les capacités institutionnelles, plutôt que d’un catalogue de promesses utopiques qui pourraient compromettre la stabilité et la prospérité du pays.

Le Sénégal a besoin d’un chemin clair et pragmatique, pas d’un catalogue de promesses utopiques.

Pierre Hamet BA.

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LES NAUFRAGÉS DE L’INCONSÉQUENCE

Dans un élan d’errance collective, le Sénégal détourne son regard de ceux qui possèdent la lumière pour embrasser les ombres de l’ignorance. Ce qui se passe aujourd’hui ressemble à une danse funeste où les élites, naguère considérées comme les gardiennes du savoir et de la destinée nationale, sont conspuées, et où les ineptes, drapés d’une fausse humilité populiste, s’improvisent en guides d’un peuple désorienté. Une nation qui choisit de couronner l’ignorance au lieu de l’excellence s’engage inexorablement sur le sentier du néant. Elle devient l’architecte de sa propre ruine, une ruine qu’elle construit avec la ferveur aveugle des masses en quête d’un espoir creux.

Au Sénégal, ce n’est pas une lutte des classes comme l’Europe l’a connue au XIXe siècle. Là-bas, la classe ouvrière était une colonne vertébrale, un socle, un moteur de la richesse économique. Elle produisait, bâtissait, et portait en elle les rêves d’une élévation collective. Ici, ce sont les désœuvrés – ceux que le système a abandonnés ou qui n’ont pas trouvé leur place dans un monde en constante mutation – qui s’en prennent à ceux qui savent, ceux qui créent, ceux qui bâtissent. Ils n’attaquent pas la bourgeoisie pour redistribuer la richesse : ils attaquent la connaissance, l’ingéniosité, et l’effort, comme si leur ruine pouvait devenir une réponse à leur propre vide.

Le Sénégal d’aujourd’hui ressemble à un navire dérivant dans une mer d’illusions, guidé par des marins qui n’ont jamais appris à lire les étoiles. Les inaptes, portés par des vagues de ressentiment, brandissent des discours vides comme des étendards, et les masses, affamées de justice mais privées de discernement, les suivent. Dans cette lutte, ce n’est pas seulement l’élite économique ou intellectuelle qui est vilipendée : c’est l’idée même de la compétence, du savoir et de l’excellence qui est sacrifiée sur l’autel d’une égalité utopique, où tout ce qui brille doit être éteint pour ne pas aveugler.

Mais une nation qui se barricade dans un cocon d’inepties ne se protège pas ; elle se condamne. Le cocon devient un cercueil, et l’avenir, un champ dévasté. Car l’histoire nous enseigne que ce n’est pas l’ignorance qui construit, mais l’effort éclairé par la connaissance. Ce n’est pas la jalousie qui élève, mais le travail et la compréhension des enjeux complexes qui façonnent le monde.

Que reste-t-il alors d’un Sénégal qui choisit la médiocrité comme boussole ? Un vide béant, où les rêves de grandeur sont remplacés par les chants de la désillusion. Les enjeux géopolitiques du monde contemporain passent comme des ombres sur une nation repliée sur elle-même, incapable de dialoguer avec le reste de l’univers. Les grands débats économiques, climatiques, et technologiques ne trouvent aucun écho, car ceux qui les portent sont muselés par la peur ou exilés par le mépris.

Et pourtant, dans cet océan de désespoir, une lueur subsiste. Le Sénégal peut encore se relever, mais cela exige une révolution des esprits, une renaissance des consciences. Les masses doivent apprendre à discerner les vrais bergers des faux prophètes, à honorer la connaissance et non la clameur. Il ne s’agit pas de restaurer l’élitisme, mais de réconcilier le peuple avec ceux qui possèdent les clés du savoir, en les guidant non par la domination, mais par la coopération.

Car si le Sénégal veut retrouver son chemin, il doit apprendre à marcher à nouveau, non pas sur les traces d’un passé glorieux, mais vers un avenir où chaque main, qu’elle soit calleuse ou délicate, travaille ensemble à bâtir un pays debout. La richesse n’est pas seulement économique : elle est culturelle, intellectuelle, humaine. Et c’est là que réside le vrai combat.

Ceci n’est pas une condamnation : c’est une alerte, un cri d’espoir voilé par l’inquiétude. Que le Sénégal, dans son errance, se souvienne de ces mots : une nation qui renie son savoir se condamne à l’oubli, mais une nation qui se réconcilie avec ses élites éclairées renaît, comme un phénix, des cendres de ses erreurs.

Pierre Hamet BA.

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ACTION, MONSIEUR LE PROCUREUR !

Les tirailleurs sénégalais, ces héros de notre histoire, méritent que leur mémoire soit défendue avec la plus grande fermeté. Leurs sacrifices, gravés dans l’histoire, sont un pilier de la dignité nationale. Insulter ces hommes, c’est non seulement piétiner leur héritage, mais aussi porter atteinte à l’ensemble de notre nation.

Les propos de Cheikh Oumar Diagne, outrageants et dégradants, constituent une infraction à plusieurs niveaux. En vertu de la loi sénégalaise, de telles déclarations doivent être traduites devant la justice. Selon l’article 258 du Code pénal, toute allégation ou imputation portant atteinte à l’honneur ou à la considération d’une personne ou d’un groupe identifiable constitue une diffamation punissable. La mémoire des tirailleurs sénégalais, en tant que symbole national, entre clairement dans cette définition.

L’article 259 renforce cette disposition en précisant que la diffamation visant des corps constitués, tels que l’armée ou ses figures emblématiques, est passible d’une peine de quatre mois à deux ans d’emprisonnement et d’une amende de 200 000 à 1 500 000 francs. Les tirailleurs, en tant que figures historiques de notre armée, méritent cette protection légale.

Par ailleurs, la diffamation posthume, bien que visant des défunts, reste punissable si elle porte atteinte à l’honneur des vivants, notamment des descendants ou des représentants des personnes concernées. La jurisprudence internationale et nationale a souvent reconnu que la mémoire collective fait partie intégrante de l’identité et de la dignité d’un peuple.

Des précédents récents montrent que la justice sénégalaise est en mesure d’agir face à de telles offenses. En juillet 2019, Guy Marius Sagna a été arrêté pour une critique publique sur les infrastructures sanitaires du Sénégal, à la suite du décès d’Ousmane Tanor Dieng dans un hôpital français. Moustapha Diakhaté, lui aussi, a été interpellé pour des propos jugés offensants. Ces cas montrent que la justice peut et doit intervenir lorsqu’une parole dépasse les limites de l’acceptable.

Alors, pourquoi ce silence face aux déclarations de Cheikh Oumar Diagne, dont l’outrage est encore plus profond ? Pourquoi les tirailleurs sénégalais, symbole sacré de notre histoire, ne bénéficient-ils pas de la même protection légale ? Ces questions interpellent, et la réponse doit être une action judiciaire immédiate.

Le procureur de la République, en tant que garant de l’ordre public, a le pouvoir de se saisir d’office de cette affaire. Agir, c’est rappeler que l’histoire et la mémoire de nos héros ne peuvent être bafouées impunément. Ne rien faire reviendrait à cautionner l’insulte, à banaliser l’inacceptable et à fragiliser notre mémoire collective.

Les tirailleurs sénégalais ont combattu pour la dignité. Aujourd’hui, il appartient à la justice de défendre leur honneur. Le procureur doit agir, et agir maintenant. La mémoire de ces héros n’est pas négociable. Toute atteinte à cette mémoire doit être sanctionnée avec la plus grande fermeté.

Pierre Hamet BA.

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DOCTEUR, MON CUL !

Tout imbécile peut maintenant faire grandement étalage de son imbécilité et trouvera encore plus d’imbéciles pour épouser des imbécilités d’une ignominie déconcertante dont raffole une masse d’imbéciles devenue critique. Vous osez, depuis vos fauteuils dorés, salir la mémoire des tirailleurs en les traitant de traîtres. Vous, conseiller du chef de l’État, à qui l’on confie la mission de penser pour une nation, choisissez d’insulter non seulement ces hommes qui ont saigné pour des idéaux qu’ils n’avaient pas choisis, mais aussi leurs descendants, qui portent encore en eux les blessures d’une histoire complexe. Cette injure, lâchée avec l’arrogance de l’inculture, trahit une ignorance crasse de ce que fut la condition des tirailleurs sénégalais. Et, à travers eux, vous insultez l’histoire même du Sénégal, celle d’un peuple pris dans les filets de la colonisation, mais qui a su transformer ses chaînes en leçons pour l’avenir.

Les tirailleurs n’ont pas défendu la France. Ils ont été contraints, enrôlés, arrachés à leur terre, à leur famille, pour servir une puissance qui les considérait à peine comme humains. Leurs choix n’étaient pas des choix, leurs batailles pas les leurs. Mais dans cette absence de liberté, ils ont fait preuve d’un courage que vous ne pourriez même pas concevoir. Ils ont combattu, non pour la gloire, mais pour survivre, pour revenir un jour à leurs foyers, pour retrouver cette terre sénégalaise que vous prétendez aujourd’hui défendre en les vilipendant.

Vous parlez de trahison, mais connaissez-vous seulement le poids des mots que vous utilisez ? La trahison, ce n’est pas d’être arraché à sa terre et forcé à se battre pour une cause qui n’est pas la sienne. La vraie trahison, c’est de renier l’histoire, de la déformer, de la manipuler pour justifier une vision étriquée et haineuse. C’est trahir la mémoire de ces hommes que de ne pas comprendre que leur lutte, bien que contrainte, a aussi forgé une partie de notre identité commune. Car oui, c’est dans la douleur des champs de bataille, dans la fraternité imposée par les armes, que s’est esquissé, malgré tout, un début de conscience collective.

Mais vous, dans votre suffisance, ne comprenez pas cela. Vous pensez que glorifier l’histoire, c’est effacer ce qui dérange. Vous croyez que la souveraineté se gagne en changeant des noms de rues et en érigeant des discours de rejet. Non, la souveraineté se construit dans la lucidité. Elle se bâtit sur la reconnaissance de nos ombres, sur la compréhension de ce qui nous a façonnés, même dans l’adversité. Ce n’est pas en niant notre passé, ni en le simplifiant, que nous deviendrons grands, mais en l’embrassant tout entier, avec ses douleurs et ses contradictions.

Un de vos semblables est allé jusqu’à déclarer qu’il faudrait fusiller tous ceux qui ont participé à la gestion du pays depuis les indépendances. Une telle absurdité, prononcée avec le sérieux d’un ignorant, est la preuve flagrante de votre incapacité à penser avec profondeur. Fusiller qui, exactement ? Ceux qui, avec les moyens du bord, ont construit les fondations du Sénégal moderne ? Ceux qui ont posé les bases de l’éducation, de l’administration, de la santé publique, malgré un héritage colonial qui les avait déjà amputés de leurs propres ressources ? Ces mots révèlent une violence insensée, une incapacité totale à comprendre les dynamiques historiques et à proposer des solutions visionnaires. Demain, vous n’aurez aucun mal à désigner d’autres cibles. Si les tirailleurs sont aujourd’hui vos traîtres, ce seront bientôt les enseignants, les administrateurs, les artisans, les intellectuels, et tous ceux qui, par leur savoir ou leur travail, portent le fardeau de bâtir une nation. Vous les traiterez de traîtres à leur tour, parce qu’ils incarneront ce que vous ne comprendrez jamais : le sens du devoir, la dignité d’une mission, et l’amour d’une patrie qui dépasse les slogans et les anathèmes.

La recherche effrénée du buzz, du nombre de vues et de likes a poussé ceux qui tendent les micros à les tendre de plus en plus à des imbéciles. Ces microphones, tendus avec une complaisance insensée, deviennent des armes entre les mains de ceux qui n’ont rien à offrir si ce n’est le poison de la frustration et de la haine. Ces voix, hautement amplifiées, creusent des fossés dans notre conscience collective, transformant le peuple en une armée de frustrés, prêts à détruire tout ce qu’ils ne comprennent pas.

Les tirailleurs ne sont pas vos traîtres ; ils sont vos maîtres d’histoire. Ils vous enseignent que le courage, ce n’est pas de brandir des slogans ou de jeter des anathèmes, mais de regarder la vérité en face, aussi inconfortable soit-elle. Ces hommes, malgré tout ce qu’ils ont enduré, ont su survivre, et c’est grâce à eux que vous pouvez aujourd’hui vous asseoir dans vos salons climatisés pour les insulter. Leur sang a nourri les racines d’un arbre que vous essayez aujourd’hui d’étouffer sous les décombres de votre ignorance.

L’histoire, pourtant, vous aurait appris que ceux qui n’apprennent rien d’elle sont condamnés à la répéter. Elle vous aurait appris que l’insulte est l’arme des faibles, et que le silence des morts est plus éloquent que les discours des ignorants. Alors écoutez ce silence. Écoutez ces tirailleurs que vous avez insultés, et peut-être trouverez-vous dans leur mémoire la force de vous élever au-dessus de vos préjugés. Mais pour cela, il faudrait du courage. Et le courage, comme l’histoire, ne s’apprend pas dans les palais.

Pierre Hamet BA.

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MENTIR N’EST PAS BANAL

Le malaise profond provoqué par les discours de certains acteurs politiques et de leurs partisans s’intensifie face à la banalisation du mensonge comme outil de domination. Ce malaise ne naît pas simplement de maladresses verbales, mais plutôt de stratagèmes conscients visant à détourner la vérité au profit d’intérêts particuliers. Ce qui se joue ici dépasse la simple erreur; il s’agit d’une manipulation délibérée, d’une déconstruction méthodique du réel pour construire un récit fallacieux, destiné à maintenir l’adhésion des masses.

Le mensonge, dans ce contexte, devient un outil d’autorité, un moyen de modeler les perceptions et de museler toute forme de contestation. La parole politique se fait alors performative : elle impose un ordre, énonce une réalité alternative et exige la soumission à cette fiction. Ceux qui maîtrisent cet art de la falsification ne cherchent pas à convaincre par la force des arguments, mais à contraindre par la répétition des artifices, transformant l’espace public en un théâtre d’ombres où la vérité est reléguée à l’arrière-plan.

Le manque de scrupules intellectuels des protagonistes d’un tel discours reflète une forme perverse de pouvoir autocratique. Ce pouvoir ne s’exerce pas uniquement par la répression physique, mais par la domination symbolique, par l’imposition d’un récit unique qui exclut toute altérité. Ceux qui s’aventurent à contester cette narrative se retrouvent marginalisés, diabolisés, victimes d’un système qui érige le mensonge en norme et la vérité en hérésie.

Dans ce jeu de manipulations, les masses deviennent à la fois instruments et victimes. Elles sont façonnées, non pour s’élever, mais pour renforcer les ambitions des leaders qui prétendent les défendre. Ces leaders se présentent comme les porteurs d’un idéal supérieur, mais leur engagement est dénué de toute sincérité. Leurs discours, souvent enveloppés d’un vernis populiste, visent à conquérir l’adhésion non par la profondeur des idées, mais par la flatterie des instincts les plus primaires.

La presse, qui devrait jouer le rôle de gardienne de la vérité, se trouve souvent complice de ces dérives. Son silence, voire sa complaisance, alimente un cercle vicieux où les mensonges deviennent des vérités acceptées. Cette abdication de sa mission critique renforce le pouvoir des manipulateurs, qui trouvent dans les médias un écho complaisant à leurs mensonges. Le professionnalisme journalistique s’efface alors devant les intérêts partisans, transformant les tribunes médiatiques en instruments de propagande.

Dans cet univers où l’honnêteté intellectuelle est sacrifiée sur l’autel de l’opportunisme, la pensée critique est reléguée à une marginalité honteuse. Ceux qui osent encore défendre la rigueur intellectuelle et le respect des faits sont perçus comme des anachronismes, des figures isolées dans un paysage dominé par la superficialité et la duplicité. Pourtant, c’est précisément cette honnêteté, cette exigence de vérité, qui constitue le fondement d’une démocratie véritable. Le refus du mensonge, non comme une vertu naïve, mais comme une posture éthique, est la condition nécessaire pour réhabiliter un espace public authentique.

Ce qui se joue dans ce détournement systématique de la vérité n’est pas seulement une crise de l’information, mais une crise de civilisation. Le mensonge, lorsqu’il devient structurel, transforme les relations humaines, détruit la confiance et déforme irrémédiablement le tissu social. Il ne s’agit pas simplement de dénoncer ceux qui en font usage, mais de comprendre les mécanismes par lesquels il se reproduit et se perpétue. Ce n’est qu’en posant cette exigence de lucidité et de responsabilité que l’on pourra espérer restaurer une éthique de la parole et du débat dans une société en proie à une crise profonde de ses valeurs fondamentales.

Pierre Hamet BA.

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L’ÉTAT ABUSE

Le Sénégal se trouve à un carrefour périlleux, où les lois, conçues pour garantir la justice et l’équité, se transforment en armes maniées avec une précision politique. La radiation de Barthélémy Dias de l’Assemblée nationale et les tentatives pour le destituer de son poste de maire de Dakar illustrent une crise plus profonde, une tension entre le pouvoir et la souveraineté populaire, entre l’usage du droit et son dévoiement. Cette affaire dépasse l’individu et révèle un problème structurel : la fragilité de nos institutions face à la tentation de l’arbitraire.

Comment peut-on justifier qu’un élu, validé par les mécanismes institutionnels les plus rigoureux, se voie soudainement privé de son mandat, non pas pour une faute survenue au cours de son exercice, mais pour des faits antérieurs, connus, jugés et purgés ? Les articles invoqués pour légitimer cette décision – l’article 61 de la Constitution et les articles L29, L30 et L277 du code électoral – ne supportent pas un tel usage. Ils révèlent, au contraire, une volonté manifeste de manipuler le droit pour servir une ambition politique : réduire au silence une voix dissidente et museler le pluralisme.

L’article 61 de la Constitution, invoqué pour justifier la radiation, ne peut être appliqué à une condamnation antérieure au mandat. La logique même de cette disposition suppose un lien direct entre une condamnation et l’exercice du mandat en cours. En l’absence de ce lien, son application devient une interprétation abusive, une construction juridique au service d’une stratégie politique. Quant aux articles L29 et L30 du code électoral, ils régulent l’éligibilité et le droit de vote, mais ne peuvent être invoqués pour priver rétroactivement un élu de son mandat, surtout lorsque sa candidature a été validée par les autorités compétentes. Ces textes, dans leur lettre comme dans leur esprit, ne justifient pas l’action engagée contre Barthélémy Dias.

Plus troublant encore, ces manœuvres révèlent une contradiction fondamentale dans l’application des lois. Si Barthélémy Dias n’était pas éligible, pourquoi sa candidature a-t-elle été acceptée ? Pourquoi sa condamnation, connue de tous, n’a-t-elle pas entraîné son exclusion des listes électorales avant les élections ? Ces questions exposent une faille systémique, où les mécanismes juridiques sont invoqués non pour garantir la justice, mais pour répondre à des impératifs de pouvoir.

Au-delà du droit national, cette affaire interpelle également les principes fondamentaux du droit international. La Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance, ratifiée par le Sénégal, exige des États membres qu’ils protègent les processus électoraux contre toute manipulation. En ciblant un élu légitime par des décisions manifestement arbitraires, le Sénégal contrevient à ses engagements internationaux et s’expose à des critiques sur la scène mondiale. Ces pratiques ne sont pas seulement illégitimes, elles affaiblissent la confiance des citoyens dans leurs institutions et ternissent l’image d’un pays souvent présenté comme un modèle démocratique en Afrique.

L’affaire Barthélémy Dias n’est pas un incident isolé. Elle est le symptôme d’un malaise plus profond, où la séparation des pouvoirs vacille sous la pression des intérêts politiques. Ce qui est en jeu, ce n’est pas seulement le mandat d’un homme, mais l’avenir d’une démocratie. Si la souveraineté populaire peut être ainsi contournée, si les mandats électifs peuvent être révoqués par des décisions administratives biaisées, alors la démocratie elle-même est en danger.

Le mandat de Barthélémy Dias n’est pas un privilège personnel, mais une délégation de pouvoir accordée par le peuple. En le destituant sans fondement légal solide, c’est le choix des électeurs que l’on méprise. Et dans cette méprise, c’est l’essence même de la République que l’on trahit. La justice n’est pas un instrument au service du pouvoir, mais un bouclier contre ses excès. Lorsque ce bouclier se transforme en épée, c’est la société tout entière qui saigne.

Il est temps pour le Sénégal de choisir entre deux voies : celle d’une démocratie authentique, où le droit est appliqué avec équité et impartialité, et celle d’un autoritarisme déguisé, où la loi devient un outil de domination. La première voie est difficile, exigeante, mais elle est la seule qui honore le pacte social sur lequel repose notre nation. La seconde est plus tentante, plus rapide, mais elle mène inévitablement à l’effondrement de la confiance publique et à la désintégration des institutions.

Barthélémy Dias n’est pas qu’un homme politique ; il est aujourd’hui le symbole d’un combat plus vaste. En s’attaquant à lui, c’est le principe même de la représentation démocratique qui est mis en cause. Et ce combat, bien au-delà des individualités, concerne chaque citoyen, chaque électeur, chaque défenseur de la liberté. Si le Sénégal veut rester fidèle à ses idéaux, il doit redresser cette dérive avant qu’elle ne devienne une norme. La justice, pour être juste, doit être aveugle aux intérêts du pouvoir. Et c’est seulement dans cette cécité volontaire que réside la lumière d’une démocratie véritable.

Pierre Hamet BA.

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LE TEMPS DE MA PASSION

Je ne suis pas à l’aube de mon existence et je m’approche précipitamment de son crépuscule. Je n’ai donc pas de temps. Pas de temps à perdre dans l’inutile, pas de temps à consacrer à des chemins stériles, et encore moins à ceux qui n’ont que l’insulte à la bouche. Ces artisans de la vacuité verbale, sont les ombres inutiles d’un monde en quête de lumière. Ils n’ajoutent aucune valeur à l’exercice exigeant et fastidieux de la pensée. Leur vacarme stérile est comme une pluie sans eau, un mouvement sans vie, une érosion lente de la dignité intellectuelle.

Je n’ai pas de temps pour ceux dont la seule ambition est de nourrir leur ego. Le temps est une ressource trop précieuse pour être dilapidée dans des futilités ou des distractions vaines. Chaque instant que je consacre à réfléchir, à écrire, à agir, est un acte de résistance contre la fuite inexorable de ce qui est éphémère. Chaque minute que je dérobe au superflu, je l’investis dans l’essentiel.

Je dois dévorer des livres pour nourrir mon esprit, écrire pour donner corps à mes idées, apprendre sans relâche pour élargir mes horizons et approfondir ma compréhension du monde. Je dois plonger dans la recherche, explorer des territoires inconnus de la pensée pour mieux éclairer mes convictions. Je dois guider mes enfants, leur transmettre des valeurs, éveiller leur curiosité, les armer pour affronter un avenir incertain. Je dois subvenir aux besoins de ma famille, veiller à ce qu’il ne leur manque rien, leur offrir un foyer chaleureux et stable, un refuge dans le tumulte de la vie. Et au-delà de ces devoirs essentiels, je dois aussi aimer profondément ceux qui me sont chers, leur accorder du temps, leur témoigner de l’attention, être présent dans leurs joies comme dans leurs peines, parce qu’ils sont la lumière qui éclaire mes journées. Mais cela ne suffit jamais. Car il y a, au-delà de ces devoirs immédiats, un appel plus grand, plus profond : celui de mon pays. Le Sénégal est ma passion, et cette passion est vorace. Elle réclame de moi tout ce que je suis, tout ce que je peux offrir, et plus encore.

La catégorie des insulteurs ne m’interpelle pas, car elle est un désert de sens, une absence d’idées, un néant où rien ne pousse. Dans le vaste champ de la pensée humaine, ils ne cultivent rien, ils n’ensemencent rien, et ils ne récoltent rien. Leur existence se réduit à l’érosion des valeurs et à la stérilité de l’esprit. Ils ne sont ni les bâtisseurs d’un avenir ni les gardiens du présent. Ils ne sont que des pierres d’achoppement sur le chemin de ceux qui cherchent à comprendre, à créer, à transformer.

À côté de cette insignifiance bruyante, il y a ceux qui prétendent être des intellectuels. Ces derniers, parés de leurs titres comme d’une armure rouillée, ne sont en réalité que des distributeurs automatiques de la pensée des autres. Ils se hâtent de publier, non pas pour éclairer, mais pour être vus. Leur savoir est infinitésimal, réduit à des clichés appris par cœur, et ne dépasse pas la taille d’un nain intellectuel. Ils se glorifient dans la répétition servile, flattent le prince du moment, et prennent des positions indéfendables pour satisfaire leurs désirs vils de possessions matérielles. Leur quête de reconnaissance n’est qu’une fuite vers l’abîme, un spectacle désolant de médiocrité érigée en système.

Mais il existe une autre catégorie, celle des véritables intellectuels, des porteurs de lumière et d’espérance. Ceux-là ne se perdent pas dans les titres ou les fonctions. Ils ne cherchent ni l’approbation des puissants ni les faveurs du pouvoir. Leur quête est plus noble, plus élevée : ils veulent apporter leur pierre, la tailler avec soin et l’ajuster avec un certain art à l’édifice commun. Leur engagement dépasse leur propre personne. Ils construisent, ils transmettent, ils innovent. Ils ne cherchent pas à dominer ou à briller, mais à servir une cause qui transcende leur existence. Ce sont eux les véritables bâtisseurs du Sénégal, les artisans d’un futur où la pensée n’est pas un luxe, mais une nécessité vitale.

L’intellectuel est une bougie qui se consume généreusement pour apporter de la lumière aux esprits obscurs. Cette image n’est pas qu’une métaphore ; elle est une vérité existentielle. Chaque pensée, chaque mot, chaque geste d’un intellectuel est une flamme offerte, une part de soi donnée pour éclairer un monde trop souvent englué dans les ténèbres de l’ignorance, de la haine ou de l’indifférence. Mais cette lumière a un coût. Elle exige une énergie constante, une capacité à se sacrifier pour des idéaux plus grands que soi. Mon engagement politique, malgré ses exigences dévorantes, n’est pas une charge que je subis ; c’est une expression de ma liberté. C’est le lieu où ma passion pour le Sénégal rencontre ma volonté d’agir pour transformer ce qui peut l’être. La politique, pour moi, n’est pas un espace de pouvoir, mais un espace de service. C’est une manière de donner un sens à ma vie, d’habiter pleinement le temps qui m’est donné, d’exister pour quelque chose qui me dépasse.

Ainsi, le temps ne me fuit pas ; il se transforme. Il devient un espace d’action, un moyen de transcender l’éphémère pour toucher à l’éternel. Et si ma passion pour le Sénégal me consume parfois, elle est aussi ce qui me nourrit, ce qui donne un sens à mes nuits sans sommeil, à mes journées trop courtes. Car en fin de compte, ce n’est pas le temps que je possède qui importe, mais ce que je décide d’en faire. Et je choisis de faire de chaque instant une déclaration d’amour à mon pays, une promesse silencieuse que, malgré tout, je continuerai à me battre, à penser, à rêver. Pour le Sénégal, pour l’idée qu’il représente, pour l’avenir qu’il mérite. Parce que le Sénégal est le temps de ma passion.

Pierre Hamet BA.

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DIOMAYE FAYE, KARIM WADE, L’ASSEMBLÉE NATIONALE ET LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL

La décision du Conseil constitutionnel sénégalais relative à la candidature de Mr Karim Wade suscite des préoccupations qui, analysées à la lumière des grands principes éthiques et philosophiques, nécessitent un examen approfondi. Dans le cadre des enseignements de John Rawls, il est pertinent de souligner que l’exigence de nationalité exclusivement sénégalaise peut être interprétée comme une violation potentielle du principe de justice. Rawls préconise le principe de différence, selon lequel les inégalités doivent être structurées de manière à bénéficier aux moins avantagés. La restriction de la binationalité pourrait ainsi être considérée comme une discrimination injustifiée, nécessitant une réévaluation à la lumière de ces principes.

La philosophie de Ronald Dworkin, axée sur l’interprétation éthique du droit, permet de remettre en question la rigidité de la décision du Conseil constitutionnel. Dworkin soutient que les lois devraient être interprétées à la lumière de principes éthiques fondamentaux. Dans le contexte de la candidature de Karim Wade, cela soulève des interrogations sur la justification éthique de la restriction de la binationalité en tant que critère d’éligibilité.

Concernant l’enquête de l’Assemblée nationale sur le Conseil constitutionnel, l’avertissement de Montesquieu sur les risques de la concentration des pouvoirs revêt une importance cruciale. Le principe de la séparation des pouvoirs, essentiel à la stabilité d’une démocratie, est mis à l’épreuve par cette ingérence.

En effet, une telle commission d’enquête sur le Conseil constitutionnel soulève plusieurs risques majeurs, tant sur le plan juridique que politique. Procédons à une analyse détaillée des risques associés à une telle démarche :

1. En premier lieu, il convient de constater la violation de la séparation des pouvoirs, principe fondamental dans les démocraties constitutionnelles. L’enquête de l’Assemblée nationale sur le Conseil constitutionnel peut être perçue comme une intrusion dans le domaine réservé du pouvoir judiciaire, compromettant ainsi l’indépendance de cette institution.

2. Ensuite, l’entreprise de l’Assemblée Nationale constitue une menace pour l’indépendance judiciaire du fait que les enquêtes parlementaires peuvent influencer le fonctionnement indépendant des organes judiciaires. Si le Conseil constitutionnel est soumis à des pressions politiques, cela pourrait porter atteinte à sa capacité à exercer ses fonctions de manière impartiale, remettant en question la crédibilité de ses décisions.

3. Troisièmement, il y a un risque d’instrumentalisation politique, car la création d’une commission d’enquête peut être utilisée à des fins politiques, visant à discréditer les membres du Conseil constitutionnel ou à influencer l’opinion publique. Cela pourrait entraîner des conséquences graves en termes de stabilité politique et de confiance dans les institutions.

4. En quatrième lieu, le processus enclenché sème les graines de possibles tensions entre le législatif et le judiciaire. L’enquête risque de créer des tensions institutionnelles entre l’Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel, compromettant l’efficacité du système politique et affaiblissant la confiance du public dans les institutions démocratiques.

5. Cinquièmement, il y a l’impact sur l’état de droit, car la légitimité des décisions du Conseil constitutionnel, en tant qu’organe constitutionnel, pourrait être remise en question si une commission d’enquête parlementaire s’immisce dans ses affaires. Cela pourrait entraîner une crise de confiance dans la primauté du droit et la stabilité institutionnelle.

6. En sixième lieu, se trouve le risque de précédent dangereux : si le législatif enquête sur le judiciaire, cela pourrait créer un précédent potentiellement dangereux. D’autres institutions pourraient être sujettes à des enquêtes similaires à l’avenir, sapant ainsi l’équilibre entre les pouvoirs et la préservation de l’indépendance institutionnelle.

7. Septièmement, cela pourrait entraîner des répercussions sur l’image internationale de notre pays, du fait que les enquêtes politiques sur des institutions judiciaires peuvent avoir des répercussions sur l’image d’un pays sur la scène internationale. Cela pourrait conduire à des préoccupations quant à la solidité de l’État de droit et avoir des conséquences diplomatiques.

En conclusion, bien que la transparence et la responsabilité soient des aspects cruciaux de la gouvernance démocratique, une enquête parlementaire sur le Conseil constitutionnel nécessite une approche prudente afin d’éviter les risques potentiels liés à la violation de principes fondamentaux de la démocratie et de l’État de droit.

Quand à la situation de Bassirou Diomaye Faye, sa candidature acceptée malgré sa détention, suscite des réflexions complexes, rappelant des précédents historiques, notamment celui de Bobby Sands au Royaume-Uni.

Bobby Sands, membre de l’Armée républicaine irlandaise (IRA), a été élu député lors d’une élection partielle en 1981 alors qu’il était détenu dans la prison de Maze. Cependant, le gouvernement britannique a adopté une position ferme, refusant de libérer Sands pour qu’il puisse exercer ses fonctions parlementaires.
Cette décision était fondée sur des arguments juridiques et politiques complexes. Du point de vue juridique, le gouvernement britannique soutenait que Sands ne pouvait pas prêter serment d’allégeance à la Couronne britannique, étant donné son appartenance à l’IRA, une organisation paramilitaire en opposition au gouvernement britannique. Le serment d’allégeance était requis pour prendre fonction en tant que député. De plus, il y avait des préoccupations quant à la sécurité et à l’ordre public, considérant la nature conflictuelle de l’IRA et les risques potentiels associés à la libération de Sands.

Sur le plan politique, le gouvernement britannique était confronté à une pression intense pour ne pas céder aux revendications de Sands et de ses collègues détenus en grève de la faim. Cette position était renforcée par la conviction que céder à leurs demandes pourrait être interprété comme une concession aux activités terroristes de l’IRA. L’impasse juridique et politique a eu des conséquences tragiques. Bobby Sands est décédé en prison après 66 jours de grève de la faim, soulignant les dilemmes moraux et politiques entourant la détention de candidats élus.

En transposant cette situation au cas de Bassirou Diomaye Faye, bien que les circonstances puissent différer, des questions similaires émergent. La décision d’accepter sa candidature soulève des préoccupations quant à la possibilité de prêter serment et de prendre fonction tout en étant détenu. Les arguments juridiques et politiques qui avaient entouré le cas de Bobby Sands pourraient être invoqués, suscitant ainsi des débats complexes sur l’équilibre entre la démocratie et la sécurité nationale. Dans l’ensemble, les parallèles entre les deux situations soulignent les dilemmes éthiques, juridiques et politiques inhérents à la participation politique de personnes détenues, mettant en lumière la nécessité d’une réflexion approfondie sur la conciliation entre les principes démocratiques et les impératifs de sécurité nationale.

Pierre Hamet BA.

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LE JUGE SUPRÊME, LE CONTUMAX ET LE PRINCIPE DE DISSOCIATION

Un argument bien assez simpliste et schématique voudrait que le contumax soit à nouveau jugé pour les mêmes faits, à lui reprochés, des lors qu’il est arrêté, quels que soient par ailleurs les motifs de son arrestation. Telle semble être la raison ayant fondamentalement motivée la décision du juge administratif de remettre le contumax dans le fichier électoral afin qu’il retrouve ainsi son droit de vote pour garder ses chances de participer aux prochaines joutes électorales.

Au cœur de cette délibération se trouve donc l’idée préconçue selon laquelle la réapparition d’un individu, initialement jugé par contumace, sur la scène judiciaire devrait invariablement engendrer une réévaluation des faits pour lesquels il avait été condamné. Une telle perspective, bien que superficiellement séduisante, néglige cependant la subtilité inhérente au principe de dissociation, fondamental dans le contexte judiciaire, et soulève des interrogations quant à la nécessité d’annuler préalablement les peines prononcées.

Le principe de dissociation, en sa qualité de garde-fou juridique, préconise la séparation des différentes affaires ou charges portées contre une personne. Cette séparation inhérente, bien que suggérant une démarche indépendante pour chaque infraction, ne commande pas automatiquement la révision du jugement initial. Il revêt plutôt la dimension d’une garantie, assurant que chaque accusation est traitée distinctement et en conformité avec les procédures légales en vigueur.

Cette approche préserve avant tout le droit à un procès équitable, en écartant toute confusion potentielle découlant de la fusion des différentes accusations. Chaque infraction, dans cette optique, se voit accorder une attention indépendante, permettant ainsi à la défense de présenter ses arguments spécifiques à chaque chef d’accusation, préservant l’intégrité du processus judiciaire.

De surcroît, le principe de dissociation incarne le respect du principe de non bis in idem, interdisant toute double condamnation pour la même infraction. En isolant les affaires, il garantit que chaque infraction soit traitée de manière distincte, empêchant ainsi une double jeopardy injuste.

Par ailleurs, la dissociation contribue à maintenir la clarté et l’ordre au sein du système judiciaire, simplifiant la gestion des procédures légales et assurant la célérité et l’efficacité des poursuites. Toutefois, il convient de souligner que la dissociation n’implique pas automatiquement la révision du procès initial. Elle se manifeste plutôt comme un gage d’assurance, veillant à ce que chaque affaire soit traitée avec la diligence requise et conformément aux règles et procédures établies.

En somme, le principe de dissociation émerge comme une pièce maîtresse dans la préservation des droits individuels et de l’équité au sein du système judiciaire. Il transcende la simple nécessité de réévaluer les peines déjà prononcées et incarne plutôt une approche nuancée, respectueuse des droits fondamentaux de l’accusé. En reconnaissant la valeur de la continuité juridique et en préservant la stabilité du système judiciaire, le juge peut, en toute légitimité, motiver sa décision d’exclure le contumax du fichier électoral en se basant sur le principe de dissociation tout en respectant les droits fondamentaux de ce dernier.

Pierre Hamet BA.

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L’HOMME NE SE LAISSE PAS FAIRE.

(Suite de l’article : Résistance ? Mais qu’est-ce donc ? https://pierrehametba.com/resistance-mais-quest-ce-donc/).

Qu’est-ce qui fonde le droit du droit de résistance à l’oppression ? Ainsi posée, l’interrogation soulève une problématique juridique fondamentale, mais tout aussi philosophique, tant dans son historicité que dans son appréhension.

Si nous considérons qu’une chose n’existe que par notre capacité à la comparer à ce qu’elle n’est pas, alors il ne peut y avoir de définition sans le dehors même de celle-ci. En ce sens, l’on ne peut appréhender la résistance que sous son dehors, c’est-à-dire, ce qui en conditionne l’existence. Il nous faut donc nous saisir de l’oppression comme condition sine qua non de la résistance. Ainsi partant, nous pouvons dire sans risque de nous tromper que l’oppression suppose nécessairement un joug matériel ou moral en tant qu’il en est le préalable. Mais alors, au nom de quel principe une telle contrainte existerait-elle ? Serait-elle donnée, c’est-à-dire immanente à l’existence ou en serait-elle plutôt une conséquence terrifiante ?

Darwin, dans sa Théorie de l’évolution, considère que pour survivre, parce que les ressources sont limitées, l’homme doit se battre au moins de deux façons : soit par la compétition ; soit, par la solidarité et la coopération. L’on peut en conclure alors que la contrainte est ici inhérente à l’existence. Ce qui, par ailleurs, justifie la nécessité pour l’homme de lutter pour la sauvegarde de son intégrité propre et partant, pour la survie de son espèce. C’est ce que Darwin appelle la sélection naturelle qui ne laisse exister que les plus forts et les plus aptes, au détriment des plus faibles.

En nous basant donc sur l’évolutionnisme de Darwin, nous pouvons ainsi affirmer que : vivre c’est lutter. Ce qui place la lutte au centre de l’existence humaine, à la fois comme immanence et comme conséquence. En d’autres termes : on vit pour lutter ; on vit parce qu’on lutte. Dès lors, l’on peut ici appréhender l’existence humaine à la fois sous le prisme de la métaphysique humienne, du substantialisme cartésien et sous l’angle du dispositionnalisme. Mais il faut toutefois préciser que des critiques politiques, sociales, philosophiques et religieuses ont été apportées à l’évolutionnisme de Darwin.

Sur le plan politique, social et philosophique, Karl Marx et Friedrich Engels notent l’analogie entre le principe de la sélection naturelle et le fonctionnement du marché capitaliste. Marx cite l’Origine des Espèces dans Le Capital et y note l’analogie et la distinction entre « l’histoire de la technologie naturelle » et « l’histoire de la formation des organes productifs de l’homme social ».

Du point de vue scientifique, Le néo-lamarckien Étienne Rabaud critique de manière assez radicale la notion d’adaptation, en montrant que la sélection naturelle ne retient pas le plus apte, mais élimine seulement les organismes dont l’équilibre des échanges est déficitaire. Pour Rémy Chauvin dans « Le Darwinisme ou la fin d’un mythe. L’esprit et la matière », le darwinisme s’apparente à une secte prônant un athéisme obtus aux postulats scientifiques contestables.

C’est d’ailleurs la critique que vont apporter les religieux à l’évolutionnisme par fidélité aux textes sacrés auxquels ils croient à savoir : la Torah, la Bible et le Coran. C’est ce qu’il est convenu d’appeler Créationnisme, une doctrine qui prône l’idée d’un Dieu créateur de l’univers et de tout ce qui s’y trouve. Et, par conséquent, tout ce qui s’y passe. Est-ce alors à dire que les rapports de force relèveraient d’une loi divine supérieure à toutes les autres formes de loi, quelque chose comme un dessein, en ce sens que les uns auraient naturellement le droit d’opprimer les autres qui, à leur tour, auraient tout aussi naturellement le droit d’y résister ? Ceci n’est pas sans rappeler Thomas D’Aquin qui appelle de tous ses vœux l’existence d’une source universelle de justice, immanente et transcendante. Mais au nom de quelle nature, de quel principe, de quel Dieu, de quel destin ? N’est-ce d’ailleurs pas là précisément que la question de savoir si l’oppression est une donne prend tout son sens ?

Car, si effectivement l’oppression est une donne de l’existence dont la résistance est une conséquence directe, cela ne reviendrait-il pas à dire que l’évolutionnisme et le créationnisme tout en se contredisant, auraient tout de même ceci en commun qu’il partagerait une même constante, c’est-à-dire l’idée fondamentale d’une lutte, au sens d’un rapport de force, qui serait immanente à l’existence ? Ainsi partant, nous pouvons envisager le rapport de force comme élément incontournable dans toute appréhension ontologique. N’est-ce pas alors le lieu de rappeler Machiavel qui considérait dans Le prince que les rapports de force sont inéluctables ?

Il n’est donc pas du tout surprenant que l’histoire humaine, du moins, depuis la domination de l’homme par son prochain, soit parsemée d’excès que l’on a pu considérer comme des formes d’oppression sociale et donc, politique, économique, religieuse, voire même militaire : c’est la raison du plus fort. Tout autant, les multiples résistances à ces sortes d’abus participent tout aussi de l’historicité humaine en ce sens qu’elles constituent pour ainsi dire le versant de l’histoire : C’est, entre autres, la raison morale. Articulé autrement, c’est dire que l’homme ne se laisse pas faire. Est-ce alors à supposer que l’histoire humaine est, en tant que tel, le récit d’un rapport de force perpétuel entre la raison du plus fort et la raison morale ? (À suivre)…

Pierre Hamet BA.