Tant de gens sont morts pour que nous puissions mener la vie qui est nôtre aujourd’hui. Tranchée par tranchée, casemate par casemate, des soldats sont morts, d’autres ont pris la ligne pour que nous soyons indépendants. Mais qu’en a-t-on fait?
Le plein emploi, l’élargissement des libertés privées et publiques, le respect des droits de l’homme et de la femme, l’indépendance de la justice, la fin des prévarications et détournements de deniers publics demeurent toujours des buts poursuivis que nous sommes encore aujourd’hui incapables d’atteindre. La construction d’un Etat de Droit viable et prospère avec une véritable hiérarchie des normes reste un rêve lointoin voire une utopie.
Les milliers de jeunes Senegalais désœuvrés attendent autre chose que des régimes politiques soumis au bon vouloir de l’ancienne métropole. Ils préfèrent se noyer dans les océans pour tourner le dos à la misère, à l’ennui, aux persécutions, à l’absence de perspectives, aux interminables querelles picrocholines de nos hommes politiques. Bref, les jeunes fuient le bordel Sénégalais.
Voici soixante ans que notre pays a accédé à l’indépendance. Soixante ans, c’est beaucoup à l’échelle d’une vie humaine. La pauvreté de masse et le chômage généralisé des jeunes qui frappent notre pays sont donc inadmissibles. Ils sont indignes de notre intelligence, de notre imagination, de notre civilisation ; ils sont une véritable gifle à nos hommes politiques qui ne se contentent que des attributs symboliques du pouvoir, de la représentativité diplomatique, des souverainetés dérisoires, des hymnes bidons et des drapeaux qui claquent comme des oriflammes d’une éternelle capitulation.
Pierre Hamet BA.