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Petite Pensée Ontologique: DIEU N’EST PAS COMPLICE.

Affirmons sans risque de nous tromper que pour la religion le salut éternel est le seul contrat divin. La vie ici-bas n’a donc aucune espèce d’importance. Du moins, du point de vue des religions révélées qui, derrière le libre arbitre, se cachent pour ne point se prononcer sur la condition humaine. On voit pointer ici la notion de différences de nature entre les hommes qui sera chevillée comme principe irréductible pour justifier le droit qu’ont certains hommes sur d’autres. L’égalité des hommes qu’on croit universelle n’a donc de ce sens que métaphysique. Nous ne sommes égaux que devant dieu. En ce sens, les atrocités dont l’homme reste l’objet ne peuvent être dédouanées sous le prisme de la théologie. Mais parce que la position religieuse est ambivalente, l’homme, irresponsable au sens que dessus, se dédouane en se réfugiant derrière une divinité dont il peine encore à prouver l’existence. Ni les théologiens, ni les philosophes, ni les scientifiques n’ont pu circonscrire les origines divines des inégalités terrestres. Bien sûr, la théologie s’exempte de la tâche. Il serait donc vain d’attendre de Dieu que d’une main invisible il change le cours de notre condition d’existence. Dieu est un arbitre qui ne siffle pas. Car, et c’est bien de la Religion que je le puise à la vue de tout ce qui précède[1], Dieu ne soccupe pas de l’historiographie humaine mais seulement du salut des âmes au terme de l’histoire. De quoi interroger la posture des religions révélées sur la condition humaine mais tout aussi leur rapport avec Dieu dont ils ont fait un étant muet mais pas aveugle; omniscient mais discret; omnipotent mais magnanime; omniprésent mais lointain.

Pierre Hamet BA.

1. "Tout ce qui précède" fait ici référence aux articles ci-dessous.

https://pierrehametba.com/la-mosquee-nest-pas-un-sixieme-pilier-de-lislam/

https://pierrehametba.com/petite-pensee-ontologique-et-lhomme-crea-dieu/

https://pierrehametba.com/petite-pensee-ontologique-dieu-est-necessaire/

https://pierrehametba.com/petite-pensee-ontologique-le-contrat-divin/

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Petite Pensée Ontologique: LE CONTRAT DIVIN.

Le monothéisme a fait du salut des âmes un contrat divin, le seul engagement de la divinité. Alors, quand bien même Dieu préside à l’univers et aux destinées respectives des hommes, la religion prend bien soin de lui garder ses distances quant à l’égalité des hommes sur terre. C’est le libre arbitre, notion qui va définitivement sceller le sort humain dans un petit royaume de sentiments subjectifs qui, en dernier ressort, sera la justification à priori de toutes les inégalités. Sinon comment comprendre la domination de l’homme par l’homme consacrée par la religion qui, elle-même, considère la création de l’humain à l’image de dieu ? C’est la théologie qui se charge de nous fournir une partie de la réponse : le salut des âmes étant le seul souci des religions monothéistes, la dévolution des pouvoirs ici-bas ne les intéresse pas. Parce qu’ils considèrent uniquement l’égalité devant Dieu, le christianisme, le judaïsme et l’islam s’accommodent fort bien des inégalités terrestres : « Rendez à César ce qui est à César », car mon royaume n’est pas de ce monde ». La seule affaire qui ait de l’importance, c’est celle du salut éternel des âmes, et les contingences de la vie qui se déroule ici-bas n’en ont aucune.

Pierre Hamet BA.

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Petite Pensée Ontologique: DIEU EST NÉCESSAIRE.

Le destin, mais qu’est-ce donc? L’homme s’est débarrassé de l’embarras de la culpabilité pour trouver, en la notion de volonté divine, la justification de ses plus surannées actions inscrites dans l’histoire. Ainsi en a-t-il été des croisades, des grandes invasions, de la croyance en une race arienne supérieure qui conduisit à l’holocauste. C’est aussi la justification première de l’esclavage, de l’impérialisme européen, du racisme et maintenant du terrorisme. Dieu est nécessaire. Chaque fois que l’homme a eu la prétention de le représenter sur terre, il a pris les armes. S’en suit une idée dite juste dont la conséquence est la destruction de l’homme par l’homme. Qu’à cela ne tienne, Dieu décide des pensées de tout homme, des conditions d’existence de chacun. Il a une vue imprenable sur tout, un projet pour tous et une destinée pour tout un chacun. Dieu à bon dos. Les textes liturgiques ont ceci en commun qu’ils ont fait de lui un étant. « Dieu créa l’homme à son image ». Il en résulte que l’homme porte en lui une part de divinité. Selon la plus large acception de cette assertion, tous les hommes sont les membres d’une seule et même famille car descendant d’Adam et d’Eve. Les hommes sont donc tous égaux. Mais cette égalité n’est pas factuelle. Elle est plutôt une sorte de construction humaine en vertu de laquelle la religion se désintéresse de l’ici-bas, pour se hisser dans un au-delà confortable où elle ne peut qu’être irréprochable.

Pierre Hamet BA.

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Petite Pensée Ontologique: ET L’HOMME CRÉA DIEU.

Et, l’homme créa dieu. Il en fit une construction imaginaire méta humaine, quelque chose comme un être total infaillible, régent des âmes, invisible mais omniprésent, omnipotent mais insaisissable, omniscient car créateur résolu de l’homme et du multivers dans lequel il se meut. La volonté divine est pour ainsi dire le commencement et la fin de toute chose. Rien ne lui préexiste. Rien ne lui échappe. Tout ce qui est, est donné. Tout ce qui advient est nécessaire et inévitable au terme de l’histoire. Le monde est pour ainsi dire sous le joug divin et tout ce qui s’y passe n’est autre que la finalité de la volonté divine. L’irresponsabilité humaine puise donc sa source originelle en cette croyance en une force ou en un esprit, c’est selon, qui déroulerait un programme préétabli, imperfectible et irréversible dans le déroulement du duopole espace-temps. Ainsi partant, toutes les actions humaines, croit-on sans trop y croire, portent la marque de la volonté divine. Dans cet ordre d’idée, dieu est responsable de tout, même de nos propres actions. Peu importe qu’elles soient critiquables par une morale, la notion elle-même étant sujet à polémique, l’homme a trouvé une échappatoire.

Pierre Hamet BA.

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Petite Pensée Ontologique: DU DROIT OBSCUR.

Sous le prisme de la pensée de David Hume, la loi perd donc tous ses fondements logiques « pour devenir le simple effet d’un ensemble de pratiques sociales en vertu desquelles certaines décisions sont acceptées au sein d’un groupe comme l’application légitime de normes juridiques lorsqu’elles sont produites dans certaines conditions. La normativité provient alors de ce que, dans certaines circonstances et sous certaines justifications, certaines institutions disposent, de fait, d’une certaine autorité leur permettant de justifier certaines décisions en les mettant en relation avec des énoncés » (M. Lamballais, 2018). Ainsi, « le système juridique n’est alors pas autre chose qu’un système de justification » (M. Troper, 1994). Comment alors appréhender l’idée d’une loi suprême qui s’imposerait en tous temps et en tous lieux à tous les hommes nonobstant leurs différences multiples comme singulières, supérieure à toutes les autres formes de loi, sans que ce ne soit d’une divine émanation ? Prétendre à l’universalité de la loi n’a pour ainsi dire aucun autre effet sinon que de permettre au politique de s’en saisir non pas comme un fait social inscrit dans l’histoire, mais comme la justification si ce n’est la légitimation à priori par le sceau divin de toutes ses exactions.

Pierre Hamet BA.

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Petite Pensée Ontologique: ÊTRE ET DEVOIR ÊTRE?

Selon la thèse kelsenienne de la norme fondamentale, il existe bel et bien une norme supérieure. Mais elle ne peut être que supposée. Or, à moins que ce ne soit dans le cadre théorique dualiste pure relatif à la césure ontologique entre l’être et le devoir être que Kelsen à dessiner – dont, par ailleurs, découlent des implications logiques et épistémologiques, – on ne peut fonder la loi sur la base d’une simple hypothèse. Au dualisme kelsenien, toutefois fondé en théorie pure, nous pouvons dès lors opposer la « thèse sociale » d’autant plus que d’un être, il est pratiquement impossible de déduire logiquement un devoir être. C’est la conclusion du philosophe écossais David Hume selon qui, la connaissance de la nature ne nous permet pas d’aboutir, par simple déduction, à des lois « scientifiques » de la conduite humaine.

Pierre Hamet BA.

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Petite Pensée Ontologique: DE LA TEMPORALITÉ RELATIVE.

Si d’un autre côté, nous admettons que la loi est relative et qu’elle change avec le temps, alors, nous pouvons considérer que chaque époque a raison en son temps et à sa manière. Si donc la loi doit avoir une validité donnée ou universelle, elle ne le peut qu’en impliquant une conception totalitaire et artificialiste d’elle-même. La loi ne peut s’arrêter ainsi à une norme posée par la volonté humaine. Car, si l’on admet que la loi ne peut exister que s’il existe déjà une loi, alors la loi, si tant est que son objectif est d’être positive, ne saurait avoir de valeur juridique qu’à condition d’avoir été produite en vertu d’une norme qui lui est supérieure. Or, il n’existe pas au sein de l’histoire de norme supra ou méta légale qui ait été posée. Il doit donc exister une norme située au-dessus de la loi qui n’a pas de réalité empirique, c’est-à-dire linguistique, tout en étant juridique.

Pierre Hamet BA.

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Petite Pensée Ontologique: DE LA RELATIVITÉ TEMPORELLE

Si la loi doit être considérée comme une vérité universelle, et donc immuable quelque soit le citoyen en prise, alors que l’idée de ce qui est conforme à la loi peut changer d’âge en âge, alors il faut s’attendre, un âge ou un autre, à ce que la loi ait tort. Il n’y a, pour ainsi dire, pas de raison que la loi instituée par le citoyen ne puisse satisfaire les exigences du citoyen. Ce serait figer le citoyen dans le temps. Or, puisqu’aucune époque passée n’a eu tout à fait l’idée de la loi qui prévaut aujourd’hui, il devrait s’ensuivre ou bien que nous ayons tort dans tous nos jugements, ou bien que toutes les époques passées se soient trompées. Evidemment, cette dernière hypothèse va dans le sens d’une croyance qui implique que toutes les époques passées s’efforçaient de devenir ce que nous sommes. Pourtant, il est vraiment difficile de prétendre que les gens du passé se trompaient quand ils vivaient leur vie comme nous vivons maintenant la nôtre.

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Petite Pensée Ontologique: LA LOI A TORT.

Sous le dehors de ses atours aux prétentions équitables, la loi, sous l’elfe politique, est violente. Elle prétend à l’universalité c’est-à-dire à sa capacité à s’appliquer de la même manière sur tous et partout où besoin est. Or, nous venons de le voir, telle prétention semble aberrante. L’idée d’une construction juridique absolue, immuable, rigide et valable pour tous, en tout temps et en toute circonstance, a toutes les chances d’être une religion. Parce qu’elle déifie la loi et fossilise concomitamment la nature humaine suggérant que le citoyen ne peut, dans le déroulement du duo-pôle espace-temps, évoluer et transformer son environnement. Or, il est difficile de croire que le citoyen a un contenu statique. Si alors la loi doit être considérée comme une vérité universelle, et donc immuable quelque soit le citoyen en prise, alors que l’idée de ce qui est conforme à la loi peut changer d’âge en âge, alors il faut s’attendre, un âge ou un autre, à ce que la loi ait tort.

Pierre Hamet BA.

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Petite Pensée Ontologique: LE BERGER DES BÊTES HUMAINES.

En lieu et place de nous protéger, la loi nous effraie. Curieux paradoxe ! Mais encore plus curieux cette propension à parquer l’humanité comme l’on parquerait le bétail à la tombée de la nuit. Le politique se la joue encore pasteur (agelaiokomikè) d’un cheptel animal, nourrisseur (trophè) et soigneur (therapeuein), les mêmes notions platoniciennes dans le Gorgias et le Politique, aujourd’hui fortement remises en cause – depuis la réflexion épistémologique entreprise par Averroès sur l’analogie tout aussi aristotélicienne et socratique entre médecine et politique – opposant un art des cas (la médecine) et un art des codes (la politique) dans un corps à corps dont l’aboutissement dialectique maladroit avait fini de définir la politique comme la science gnostique auto-épitactique du pastorat des troupeaux humains (L. Gerbier 2003). La régression du politique au sens psychiatrique du terme est frappante et inquiétante. Machiavélique, il se réclame ; le prince, son Nord. Mais n’a-t-il pas lu le florentin de travers avec un esprit si naïf qu’incapable de faire la part des différences essentielles entre machiavélique et machiavélien ?

Pierre Hamet BA.