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CHRONIQUE DE L’INDEPENDANCE

« L’histoire des peuples dans l’histoire,

c’est l’histoire de leur lutte contre l’État. »

Pierre Clastres. – La Société contre l’Etat –.

 

  1. L’aube d’un nouvel espoir. L’optimisme est au rendez-vous des projections d’un futur radieux. Mais très vite, l’aplatissement devant les orientations économiques imposées de l’extérieur et les comportements détestables de la classe politique sénégalaise vont freiner l’optimisme d’un Sénégal prometteur. « L’Afrique noire est mal partie » (René Dumont)et le Sénégal n’est pas en reste. Mais insouciants, nous chantions :

1 : INDEPENDANCE. « L’indépendance est un préalable, elle n’est pas une fin en soi, elle n’est pas un idéal elle-même, mais ce qu’elle rend possible ».  (Waldiodio Ndiaye). Et De Gaulle de réajuster sa casquette de Général pour répliquer : « Nous sommes à l’époque de l’efficacité, c’est-à-dire à l’époque des ensembles organisés ». (De Gaulle).

2 : DEFILEZ. Malheureusement, « les soleils des indépendances » (Kourouma), n’ont pas encore dardé leurs rayons un demi-siècle après. Le Président Diouf étouffé par les programmes d’ajustements structurels (Pas), n’a eu d’autres soucis que de maintenir une administration arc-boutée sur des acquis rétrogrades et, de sauver ce qui pouvait l’être d’une économie hypothéquée et exsangue. Il a cruellement manqué de vision. Quel Sénégalais ne se souvient pas du défilé incessant d’Abdou Diouf quémandant à l’Elysée, des subsides pour boucler de difficiles fins de mois ?

3 : TRAVAILLEZ. Nous aurions pu faire l’économie de cette transgression de notre souveraineté, si nous nous étions attelés à « travailler, toujours travailler, encore travailler, beaucoup travailler ». Toutefois, Me Wade s’est focalisé à développer les infrastructures. Il est, ainsi, parvenu à parcourir son champ des possibles en « boostant » l’environnement des affaires. Pour autant, il a considérablement manqué de compenser la balance sociale déséquilibrée par des institutions désagrégées, une bureaucratie apathique, un système de santé précaire, une école en vacance, une jeunesse désœuvrée, un pagne industriel léger ; bref, une pauvreté en constante croissance.

4 : KARATEKA. Distribuant des coups à tire-larigot, se laissant piéger dans la traque des biens supposés mal acquis, Macky Sall est également soucieux d’asseoir son parti, l’Apr, minoritaire, aux commandes d’une coalition de coalitions. Ce faisant, il fait fi des urgences sociales qui, en 53 ans, se sont accumulées jusqu’à se fossiliser. Dans sa sobriété [mal]heureuse, jusqu’ici rien ne va…

5 : SENGHOR. Il s’est évertué à instituer un Etat et à consolider une nation encore balbutiante. Il a fait entendre notre voix dans le monde sur des sujets importants : la détérioration des termes de l’échange, la lutte contre l’Apartheid, les droits inaliénables du peuple palestinien, la prolifération des armes nucléaires dont la commission aux Nations-Unies était dirigée par l’ambassadeur Alioune Sène. Toutefois, il a manqué d’asseoir une économie endogène qui aurait pu insuffler un développement durable et intégré.

6 : SIGNATURE. Les élites dirigeantes ont utilisé le pouvoir et l’appareil d’Etat à leur profit pour satisfaire des clientèles parasitaires dont la principale raison d’être est de protéger leur pouvoir au détriment de tout processus de contrôle démocratique.

7 : CERTIFICAT. C’est la faillite de l’école et l’Etat n’a ni le droit, ni le devoir d’instituer qu’on n’ait pas besoin de scolariser nos enfants. Or, en comptant en son sein des illettrés, des analphabètes, des gens à la limite de la simplicité d’esprit qui ne nous représentent pas du tout, l’Etat sacralise la médiocrité. 

8 : OUI MONSIEUR. Que faire d’autre alors si ce n’est tenir le peuple en haleine dans l’attente « d’un grand soir » très lointain. Aucune politique économique ne semble avoir été conçue sur la base des contingences intrinsèques afin de nous rendre indépendants à tout point de vue. 

9 : NE VOLEZ PAS. L’adresse à la nation de ce 03 avril 2013 dont les félicitations d’entame expriment combien il a fallu de courage pour survivre aux douze derniers mois, nous rappelle que la rupture n’est pas pour maintenant. Or, « sur le long-terme nous serons tous morts » (J.M.Keynes). 

10 : AYAMA DISCO, DANCEZ. Le système LMD a pris place. Plus besoin de Licence-Maîtrise-Doctorat, Lutte-Musique-Dance est la nouvelle tarte à la crème sénégalaise.

Pierre Hamet BA

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