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FRANÇOIS LE PAPE

« Aussi longue et aussi noire que soit la nuit, il vient

toujours un moment où, enfin, le jour se lève »

Oumar Sankharé – « La Nuit et le Jour ». 1997.

Tout commence par certains signes précurseurs très tôt arrivés au sein de l’Eglise. En signant, le 8 janvier 1454, la bulle Romanus Pontifex, pour donner mission à Alfonso V, roi du Portugal, d’évangéliser les autres peuples autour de la terre, Nicolas V, le 208e pape, venait d’accomplir un acte dont l’un des enseignements est l’élection avant-hier du 266e pape de l’Eglise. C’est authentique et historique dans la mesure où le premier évangéliste qui porte désormais le sacerdoce de ramener à la foi un Occident plus que jamais agnostique, mécréant voire athée, de réunir et de ressouder une communauté chrétienne qui s’effrite de plus en plus, de surélever les murs d’une cité pontificale surmédiatisée et enfin de prêcher le message de la paix, de l’amour et de l’amitié entre les créatures de l’omnipotent, descend d’un peuple, par le passé, colonisé et évangélisé par le feu et par le sang. Il n’est donc qu’enrichissant de tirer les enseignements d’une telle rupture.

APOCALYPSO. Le troisième millénaire est jusque-là marqué par de nombreux événements politiques, économiques, sociaux et culturels qui ont presque fini d’ébranler les croyances et les certitudes : la guerre contre le terrorisme sur fond de croisade qui s’étend jusqu’aux confins de nos frontières à l’heure où l’on croyait avoir définitivement neutralisé le choc des civilisations ; la crise économique qui sonne définitivement la fin du monde unipolaire et accélère considérablement l’avènement d’un monde multipolaire voire apolaire ; l’accroissement de la pauvreté aussi bien dans les pays en développement que dans les pays développés ; la poignante disparition de Jean-Paul II, titulaire du plus long pontificat après celui de Pie IX, laissant le monde sans grande figure emblématique qui aurait pu éviter, si ce n’est mettre fin aux incompréhensions qui accentuent la haine entre les religions ; le printemps arabe qui sonne comme une renaissance du monde arabo-berbère encore pleine d’incertitudes ; la guerre en Syrie qui, à la table des Nations-Unies, continue d’étirer le fil déjà ténu de la diplomatie internationale ; le recul de la part de la foi dans le système d’ »habitus social » occidental qui envenime la nature humaine ; les scandales et procès qui ont dernièrement animé l’actualité autour de l’Eglise, l’incompréhension grandissante des peuples autour de la terre qui alimente un intégrisme de plus en plus incontrôlable, la question du nucléaire iranien qui enrégimente juifs et musulmans, les tensions qui se raniment entre les deux Corées… Et voilà que surgit du coin de ce tableau ténébreux, une petite lueur à la lumière si vive qu’elle éclaire de sitôt les plus sombres présages d’une apocalypse imminente.

SA SAINTETE FRANCOIS. Vint donc le sauveur qui se place dans le sillage de San Francesco d’Assisi, communément appelé François d’Assise que le pape Innocent III a vu en rêve soutenant la basilique Saint-Jean de Latran, alors en ruines. Le rapport est politiquement significatif et spirituellement chargé de sens. François d’Assise a diplomatiquement convaincu le sultan Malik al-Kamil de rendre Jérusalem au Chrétien alors qu’aucune force ne l’y contraignait. Ce que les armées venues d’Europe n’avaient pu obtenir, son intelligence et sa tolérance le lui ont attribué. En se nommant François, Sa Sainteté le Pape marque une rupture d’avec les pratiques contemporaines où l’ostentation a pris le dessus sur le sens. Il annonce ainsi qu’il entend continuer le travail de François d’Assise qui désirait ardemment tisser des liens entre les musulmans et les chrétiens pour bâtir la paix. Il suggère dors et déjà une réflexion active sur l’ouverture vers les autres cultures et les autres religions afin de diminuer les tensions, les intolérances et les incompréhensions.

BENEDICTION. Ce pontificat aura donc vraisemblablement une influence certaine sur la manière dont les relations internationales vont dorénavant se jouer. Qu’il en soit ainsi que le Pape le proclame. « … Prions toujours pour nous : l’un pour l’autre. Prions pour le monde entier afin qu’advienne une grande fraternité. (…) Que ce chemin que nous commençons (…) soit fructueux… ». Sa Sainteté Le Pape François sera, comme son homonyme, entièrement dévoué à la lutte contre la pauvreté et au raffinement des mœurs. Sa première adresse qui initie avec beaucoup d’humanisme et d’humilité « … ce chemin (…) qui est celle qui préside toutes les Eglises dans la charité… » nous en donne l’assurance.

Pierre Hamet BA

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