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JAMAIS 203: TIERCE FOIS N’EST PAS DROIT.

Donnes nous aujourd’hui notre pain de ce jour. Demain fera jour. Société affamée. Population infantilisée. Esprits conditionnés. Je ne vous vois pas. Je vous devine. Ce n’est pas un masque. C’est une muselière.

Les pires présages ont trouvé un écho percutant. Echo tristement subi par une masse noyée dans une détresse quotidienne. Le long des routes, devant les boulangeries, les gargottes, les marchés et dans les transports, les files indiennes et les attroupements ont le mérite de révéler la vérité à une majorité dépassée par l’ampleur du désastre. La cellule s’est dégradée et commence maintenant à communiquer à la Nation son programme de dégénérescence. Les hommes et les femmes dont l’ignorance sans but vient de se briser, telle une écume insensée, sur la digue des incohérences d’un système rouillé, cherchent, affolés, à remédier à la pathologie.

Les cellules grouillent. Des vivres pour qui en veut. Des marchés pour qui sait s’y prendre. De l’argent pour combler l’irresponsabilité ambiante. Nous dicter notre conduite. Nous faire marcher au pas. Nous fondre dans ce moule de citoyen moyen pour pallier ses manquements. Il s’est affiché comme le seul pilier incontournable. Il ne dit mot. Mais il le veut. Qu’il suffise pour s’en convaincre d’observer. Il déroule dans l’ombre. Il a un masque. Muselière pour les autres.Jamais le discours médiatique et politique n’a semblé aussi embarrassé et peu crédible.

Où sont donc nos intellectuels ? Pas ceux qui, abonnés aux émissions de grande écoute, avalisent et dissèquent le message officiel, comptent les cas communautaires, les morts et les points, de part et d’autre, tout en se réfugiant derrière une confortable «neutralité» proportionnelle à l’assiduité des médias à leur égard. Mais plutôt, ceux qui souffrent de cette espèce d’indifférence politique dont on a rendu la démocratie responsable, prétextant que la masse n’est pas faite pour comprendre.

Il y a trop à faire pour qu’il ne soit pas indispensable de tenir perpétuellement mobilisée notre vigilance politique. Socrate a payé de sa vie l’influence de ses idées sur la scène sociale et politique d’Athènes. Platon a placé les sages et les philosophes au sommet de sa pyramide républicaine. Aristote était le conseiller et le mentor d’Alexandre le Grand. Cicéron était au cœur de l’arène politique de Rome. Camus et Sartre mobilisaient les rues.

Nos intellectuels doivent donc cesser de le glorifier. Ils doivent utiliser les savoirs auxquels ils ont accès et les synthèses auxquelles ils arrivent pour interpeller, questionner, critiquer ; ce qui n’est ni dénigrer, ni diffamer ; et quand le moment vient, abjurer. Sinon, à jet de pierres et de senteur de pneus enflammés, le peuple s’opposera violemment à ce qui semble de plus en plus soutenir la thèse du jamais deux sans trois.

P.H.B

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