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LE SOUCI DE SOI

I. LIBERTE. Presque toutes les personnes autour de moi m’ont imploré de ne point me prononcer sur cette affaire. Car, disent-ils : injures, offenses, insultes, affronts, outrages, mais aussi avanies, impolitesses, impertinences, railleries et menaces seront mon lot. L’on ne doit surtout pas le citer, si ce n’est pas pour le magnifier. Mais qui serais-je donc, si je devais me taire par crainte d’invectives ?

Je devrais alors dire adieu à la liberté contenue en moi et non en aucun autre. Taire ainsi ma liberté pour laisser s’exprimer celle des autres, c’est précisément me désapprouver et me condamner à l’inertie. Seulement, je n’ai pas d’espace pour ne pas agir. Je suis pour ainsi dire contraint à l’action car en agissant, je me réserve la possibilité de ne pas agir. N’est-ce donc pas là un vide au milieu du plein ? Effarant ! Et pourtant, c’est bien en cela que réside la liberté de penser.

Agir est la norme dans une société qui pense que penser, c’est tout simplement penser. C’est-à-dire, aligner des mots. Bien sûr, ceux qui défendent cet être de manière si émétique s’expriment avec insolence et indignité car leur but ultime n’est nul autre que d’humilier, par des phrases à marche forcée, pour ainsi obliger les populations à ne point s’exprimer.

Attaquer les personnalités et responsables politiques, les discréditer aux yeux des populations, soit à l’aide d’affaires montées, soit encore en révélant des malversations et comportements "scandaleux", participe de cette volonté d’engendrer la peur afin de paralyser les populations et de les empêcher de défendre leurs institutions. Il est bien évident que ces actions construisent une image négative des responsables politiques. Lorsqu’ils seront attaqués, se mobiliser pour les défendre aura alors le sens de prendre des risques, de faire des efforts pour des gens qui n’en valent pas la peine. Ce n’est pas nouveau. C’est exactement la conception classique de la propagande selon Alex Mucchielli.

Ce faisant, et à force de n’entendre qu’un seul son de cloche, tout le monde finira par penser que c’est le bon son. Faire ainsi de leur point de vue la seule vue possible, installer la terreur pour que nul ne voie autrement, est donc la finalité de toute cette excitation aux allures de propagande subversive. Qu’à cela ne tienne! Puisqu’en dehors de toute liberté, il n’est pas possible de penser ; et, puisque sans la liberté de penser, je ne m’enrichis pas de mon propre fond, je m’en vais ici penser en toute liberté. (…)

Pierre Hamet BA, Le Souci de Soi, In Pensées inachevées. Ed. Premier 2022.

Une réponse sur « LE SOUCI DE SOI »

Beau texte, bien écrit
Mais, trop phylosophique
Tu nous laisses deviner ta pensée, tes propos, mais tu contrôles tout. En fait, tu as un ascendant sur nous.
Tu nous invites à un jeu et je ne veux pas m’y engoufrer même si j’ai ma petite idée sur le sujet.
Dommage, car je pensais que tu étais beaucoup plus responsable de tes idées, tes pensées. En fait, tu as « peur » de les exprimer plus clairement.
Mais, je comprends très bien, le moment ne sied pas.
Il y’a des moments ou ou ne peut et ne doit pas tout dire (sagesse obluge).
Bien à toi

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