Le conditionnement des esprits à l’œuvre entraîne, par réflexe, une infantilisation de la population qui s’en remet à un hypothétique sauveur. Le nerf de la guerre des cerveaux est là. La croyance en un sauveur est, par excellence, le facteur bloquant de la motivation et de l’engagement individuel du Sénégalais. Beaucoup d’entre-nous nourrissent cette fâcheuse idée selon laquelle le salut viendra d’une seule et même personne qui aurait des solutions clé en main pour tous les maux du pays, du pain pour toutes les bouches et du travail pour tous les jeunes. Mais une telle croyance constitue en soi un rêve poursuivi, mais qui ne sera jamais atteint. En d’autres termes: il s’agit d’une illusion. Voilà comment le Sénégalais s’est ghettoïsé dans une sorte de pensée primitive qui l’embastille dans le déni, la déception itérative et l’amertume. Tous les espoirs portés sur des pseudo-sauveurs se sont soldés par des désespoirs, à telle enseigne que le Sénégalais se contente de chasser et pas d’élire un président. Et, on passera encore longtemps à porter au pouvoir le plus virulent contre le régime en place mais pas nécessairement le meilleur profile. Voilà pourquoi l’on tente d’incarner le sauveur alors qu’on n’arriverait pas à se sauver de sa condition par soi-même. C’est un jeu de dupes. Et c’est à croire que Dieu aime les dupes parce qu’il en a créé énormément au Sénégal. Esprits formatés, abstenez vous donc de le demeurer ! Le programme destructeur insidieusement disséminé au sein de la population ressemble, à s’y méprendre, à un cancer qui a presque fini de communiquer aux cellules encore saines de la société sénégalaise son programme de dégénérescence. À terme, si l’on ne procède pas à une ablation des cellules cancéreuses, toute la société sera dévastée par ce cancer qui conduira indubitablement le pays à sa perte.
Pierre Hamet BA.