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Mon Journal

DUPONT ET DEMBA…

Moi le Sénégalais, je pense haut et fort mais j’hurle très bas. J’ai une mémoire mais elle me sert à oublier. Je suis bavard mais muet ; critique mais crédule ; contestataire mais fataliste.
DEMBA. Orgueil, avarice, envie, colère, luxure, paresse et gourmandise mais aussi amateurisme, despotisme et népotisme : je pardonne ; je suis tolérant. Il trahit, menace, insulte, bastonne, musèle, réprime, châtie et emprisonne : je me résigne, je suis croyant. Amis, parents, cousins, oncles, tantes, cousines et belles familles se partagent le commandement : je supporte ; je suis complaisant. Maquillage à l’or noir : je laisse passer ; je suis indulgent. Privation d’eau tous les quatre matins : j’endure ; je suis persévérant. Coupure d’électricité, hausse des factures : je prends acte ; je suis endurant. Les mensonges s’amoncellent : je ne pipe mot ; je suis dupe. Mais, je ne suis pas bête. Si je me désintéresse de sa politique, c’est que j’ai le sentiment, bien justifié, qu’il me prend pour un imbécile.
TERREUR ! Nous avons compris. Nul terroriste, nulle fusillade, nulle explosion. Comme qui dirait des fesses renfrognées exposées à l’air frais du matin, sa mine est grave ; son discours, vide ; ses entreprises, indigentes. Il a désormais entrepris de terroriser. Par sa seule bouche, l’atmosphère est terrifiante ; le peuple, inerte; le pays, en coupe réglée; la cité a pris peur. Education, emplois, santé, mandat, renchérissement, réalisations, mais tout aussi médiocrité, errements, tâtonnements et toutes formes d’injustice passent désormais sous silence. Son incompétence n’est plus d’actualité. Que se passe-t-il alors si ce n’est que notre conscience collective (E. Durkheim) est pernicieusement préparée à vivre un attentat sans précédant. Lentement mais sûrement, on pointe du doigt un ennemi dont on ignore le visage et les motivations. Cela tient au management de la terreur (C. Hörstel), notion très peu connue qui est apparue récemment dans le domaine des sciences politiques. Point n’est alors question de terrorisme. Qu’on se le tienne donc pour dit. Ce n’est qu’un avatar destiné à détourner notre attention vers des buts inoffensifs. Rien, si ce n’est sa position téméraire et effrayante ; son discours laborieux et dénué de tout fondement idéologique ; et ses choix besogneux, ne permet de soutenir avec conviction une quelconque menace à notre intégrité. De grâce, tais-toi quand tu parles!
ISLAM. Parler d’Islam tolérant, c’est se fourvoyer et tenir un discours du dehors (Balandier) complètement débile, comme si les musulmans, autant qu’ils sont, appartenaient à une horde sauvage ; quelque chose comme des « sous humains » contraintes par une sorte d’« humanité accomplie » à se culpabiliser et à devoir se justifier. Il n’y a, du point de vue de la religion musulmane, ni Islam modéré, ni Islam radical dont on pourrait se prévaloir pour tuer inopinément. La sourate 29 est bien précise à cet égard : « Et ne discutez que de la meilleure façon avec les gens du Livre, sauf ceux d’entre eux qui sont injustes. Et dites : « Nous croyons en ce qu’on a fait descendre vers nous et descendre vers vous, tandis que notre Dieu et votre Dieu est le même, et c’est à Lui que nous nous soumettons ». » Le Coran (XXIX ; 46). Il n’y a qu’un seul Islam et chacun le comprend et le pratique à sa manière. Les arabes ont épousé l’Islam. Les africains ont créolisé l’Islam (Mamadou DIA. « Islam et Civilisation Négro-africaine » NEA, 1980). Ce n’est donc pas parce qu’un groupe d’individus, couvert du manteau de la religion, abrège des vies humaines que l’Islam est concomitamment en cause. Un tel discours est dangereux. Car, bien plus que de suggérer de l’islam une quintessence violente, il véhicule des stigmates qui sèment la psychose dans des sociétés déjà hybrides dont les membres se regardent désormais en chiens de faïence. Les musulmans et les non musulmans s’érigent les uns contre les autres ; et les musulmans eux-mêmes, se divisent en bastions. Et bientôt, des flancs des services secrets, se dresseront de nouvelles organisations, des « musulmans protestants » pourrait-on nous dire, et l’on assistera à un glissement sémantique dans l’appréhension même du phénomène. Mais qu’est-ce que donc le terrorisme si ce n’est une réaction violente et très dangereuse ?
Pierre Hamet BA

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