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Silence ! On mange

« La violence est le dernier refuge de l’incompétence.» Isaac Asimov

Il y a évidemment quelque chose qui se passe ! Depuis peu et cependant longtemps, intimidation, menace, persécution et violence rythment le débat politique de notre pays. Offense au Chef de l’Etat reproche-t-on à Me El Hadj Amadou Lamine Sall, enrichissement illicite à Me Madické Niang et Karim Wade, blanchiment de capitaux à Samuel Sarr et Aidara Sylla. Et, on lève viscéralement l’immunité parlementaire de Me Ousmane Ngom, Omar Sarr et Abdoulaye Baldé. Sans parler de l’attitude des députés qui entortillent leur mission d’immondes postures despotiques, ni du haineux discours d’Abdoul Mbaye qui, à la place de répondre de faits immoraux qui plombent ses casseroles, se borne à jeter l’anathème sur ses prédécesseurs, moins encore des allégations abusives qui prêtent à on ne sait qui l’intention d’attenter à la sécurité publique, l’on peut disserter sur l’absolutisme qui nous guette.

Tout dépend de ce que nous entendons par démocratie. Pour l’Alliance Partage et République, il y a une doctrine quasi-officielle selon laquelle la démocratie est un système dans lequel, Moi, le Sénégalais est un spectateur et non un acteur. A intervalles réguliers, j’ai le droit de mettre un bulletin dans l’urne, de choisir quelqu’un dans la classe des chefs pour me diriger. Puis, je suis censé rentrer chez moi et vaquer à mes contrariétés, consommer, regarder la télévision, faire la cuisine, mais surtout ne pas déranger : c’est la démocratie.

Le pouvoir s’évertue à écraser nos sentiments sénégalais normaux de conciliabule absolument incompatibles avec cette propension absolutiste. En réalité, ce que veut « l’intouchable » et cela depuis son élection, c’est de faire en sorte que nous soyons passifs, bêtement obéissants, ignorants et programmés. Il s’évertue à nous dresser de sorte qu’on ne le tienne pas à la gorge. La démocratie telle qu’il l’applique est devenue très claire : le pays doit être dirigé par des « yakaaristes », les autres n’ont qu’à se tenir tranquilles. Pour cela, tout ce que nous pensons doit être contrôlé, et nous devons être ainsi enrégimentés comme des soldats.

Et pourtant il dit vouloir une opposition. Mais son postulat de base emporte des significations additives. Il stipule d’une part que, dans la mesure où son accession au pouvoir est une victoire collective, les potentiels opposants ou disons les caciques socialistes d’alors dont Ousmane Tanor Dieng et Aminata Mbengue Ndiaye, les rebus socialistes : Moustapha Niasse et compagnie, les politiciens inavoués couverts du manteau de la société civile tels Alioune Tine, les opposants de fortune et les politiciens de circonstance comme Youssou Ndour, se sont rangés derrière lui. Et, sans être exhaustif d’autre parts, on peut déceler en cette assurance l’intention du chef de l’Etat d’enterrer le Parti Démocratique Sénégalais, opposition de fait.
 
Même si alors le pouvoir soutient obstinément que sa triviale politique portant suspicions d’enrichissement illicite, menace de troubles à l’ordre publique, offense au chef de l’Etat et blanchiment de capitaux n’a pas de soubassement politicien inavoué, l’on peut, à la lumière de ce qui précède, battre ce récit en brèche. Et, les justifications ne manquent pas à l’argumentaire. Il existe même une abondance de preuves à la faveur du contraire. On ne le sait que trop bien. Quand on est incapable d’utiliser la force de l’argument, l’on utilise l’argument de la force.

L’on perçoit pour ainsi dire la vengeance qui satisfait un orgueil personnel qui ne va pas dans le sens des intérêts de la nation. Même s’il faut punir les crimes économiques, encore faudrait-il qu’on nous dise avec exactitude de combien il s’agit et ce qu’on fera de la manne en question une fois recouvrée. Nul part cependant l’on nous a servi un plan, un programme, une politique quelconque qui satisferait nos angoisses.
 
Le gouvernement crie au voleur, mais demeure incapable de déterminer ce qui lui aurait été dépouillé, le montant qui lui aurait été soustrait et qui le lui aurait dérobé. Une telle plainte risque de ne pas trouver réparation et à l’évidence, nous pensons que le pouvoir actuel n’a nullement l’intention de retrouver le moindre franc, mais de contrôler ceux dont l’expérience, la connaissance des dossiers en cours, l’organisation et le militantisme pourraient mettre à nue toute insuffisance, incompétence, incohérence et errance de son régime.

Le pouvoir frise le ridicule et utilise l’argument de la force. L’article 80 est de retour. Eh oui, il y a évidemment quelque chose qui se passe !

Pierre Hamet BA

18 Janvier 2013

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