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LA POSITION LIBANAISE: LES ORIGINES

Nous avons tôt fait fait d’enterrer les problématiques marxistes alors qu’elles n’ont jamais été aussi vraies et aussi intrigantes. Même si la lutte des classes ne se présente plus en termes de confrontations physiques entre individus de classes sociales différentes, comme à l’époque des grandes révolutions du 18e siècle, elle n’a pas pour autant cessé d’exister. Elle est plutôt le vers que la rose porte en elle. Même si alors la notion de bourgeoisie devient de plus en plus impropre, force est de constater que le système de stratification social n’a point évolué dans le temps. L’historiographie impose donc à l’histoire autrefois enchantée par la beauté de la rose de maintenant s’intéresser au vers.

Nous le savons bien, le but ultime de toute classe sociale est d’accéder au rang supérieur. Les classes n’ont donc pas de contenus statiques. Bien au contraire, elles sont dynamiques. Une classe superieure qui sert de référence est obligée de se réinventer pour ne pas perdre sa place de modèle et se voir ansi reléguée à une classe inférieure à la sienne qui, pour le moment, domine. Il en est de même pour les classes moyennes et ouvrières. Ainsi on voit bien qu’une lutte intrinsèque s’accapare des classes sociales dès leur apparition.

On peut ainsi voir les pays sous-développés comme la classe inférieure, les pays en voie de développement comme la classe moyenne et les pays développés comme le modèle de tête qui sert de référence. Par contre, là où, au sein de ce même modèle, les classes se sont âprement dessinées dans une historicité truffée de luttes féroces, parfois même sanglantes, entre forces sociales qui ont fini par se neutraliser dans le temps pour donner naissance à trois strates sociales qui se chevauchent sans s’harmoniser, dans les pays anciennement colonisés, la stratification sociale a été une fabrication chronosophique du colon.

De la sorte, pour éviter aux indigènes, classe inferieure par excellence, parce que colonisés, d’aspirer à la place de modèle, les colons ont fabriqué une classe moyenne dont l’apparence chromatique lui est sembable, mais capable de vivre dans les comptoirs les plus reculés, de s’accommoder aux modes de vie indigènes, de commercer voire de s’accoupler avec.

C’est ainsi que les syro-libanais (libanais dans le langage courant), bien que sujets français à ces époques là, ont été installés dans nos pays pour servir l’expansion coloniale, nous tenir distant de la classe supérieure et taire ainsi toute velléité indigène de prétention à la bourgoisie…

Pierre Hamet BA

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ET SI GUTERRES AVAIT RAISON

Bien qu’ayant été indigné par l’assertion de Guterres selon laquelle une catastrophe sanitaire allait s’abattre sur l’Afrique occasionnant par la même des millions de morts; et bien que, dans un précédant article (Guterres, vous avez tort), je démontrais qu’une telle catacombe ne saurait arriver en Afrique, j’envisage désormais la possibilité que l’Afrique ne soit pas capable de contenir la pandémie.

Mes démonstrations précédentes, principalement basées sur une étude comparative des démographies occidentales et africaines et sur la résilience des peuples africains face aux multiples pandémies qui ont traversé son histoire, ont manqué de prendre en compte les limites politiques de l’État africain, et donc son incapacité à convaincre sa population du bien-fondé de ses décisions, à trouver des alternatives locales, d’inventer, à défaut de se réinventer, des solutions nouvelles, des approches prospectives stratégiques inédites.

Tout se passe comme si les dirigeants africains se sont contentés de copier les anciennes métropoles colonisatrices et de plaquer, avec le même agenda, leurs solutions sur une population qui n’a ni le même niveau d’éducation, toute proportion gardée, ni la même historicité, encore moins la même appréhension de la mort.

Par ailleurs, si l’on se penche de plus près sur les circonstances qui ont précipité la fin des mesures préventives et la reprise progressive, sinon totale, de pratiquement toutes les activités sociales en Afrique malgré le risque encore élevé de contamination à grande échelle, on se rend vite compte que la peur de violentes protestations, d’émeutes et peut-être même de renversement de régime s’est saisie de nos dirigeants.

Parce que la gestion des ressources naturelles en Afrique fait souvent l’objet de controverses; parce que le pouvoir politique africain manque de légitimité à cause des manipulations d’élections dont il est fréquemment accusé; parce que des hommes à des postes de responsabilités politiques et, pratiquement sortis du néant, deviennent subitement riches sans pour autant être en mesure de justifier l’origine licite de leurs biens; parce que les détournements de deniers publics et autres sacandales financiers et fonciers sont le lot de l’homme politique africain, l’Etat africain est fragile.

Il manque ainsi d’autorité sur une population qui a fini de lui retirer toute crédibilité. On en arrive à une situation où les populations vont jusqu’à douter de l’existence même d’une quelconque pandémie, pensant que l’État dont elles sont concaincues qu’il a cessé depuis belle lurette de se préoccuper de leur bien-être, abuse maintenant du seul bien précieux qui leur reste: leur liberté de mouvement, condition sine-qua-non de leur existence, si ce n’est de leur survie.

Il y a donc bien évidemment quelque chose qui se passe parallèlement à la pandémie. C’est une question à laquelle nous devons porter une réflexion attentive. Il s’agit de la problématique de la légitimité qui, elle seule, garantit la confiance qui est le préalable à tout système de gouvernance. Car, comment gouverner sans autorité et comment avoir de l’autorité sur une population convaincue de la mauvaise foi et du manque d’intérêt de ses dirigeants quant à son devenir? Telle est, il me semble, l’urgence à laquelle nous devons faire face pour nous éviter pareilles contingences en d’autres situations improbables mais possibles au terme de l’histoire.

Tout compte fait, l’État africain semble avoir abdiqué face à la pandemie, incapable d’exercer son autorité qui ne peut puiser sa source ailleurs qu’en la confiance de son peuple. Il est donc désormais envisageable que la pandémie prospère en Afrique plus qu’ailleurs à cause de l’incapacité de nos dirigeants à retrouver la confiance de leur peuple, seul gage d’une obéissance civile.

Pierre Hamet BA

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PHILOSOPHES SÉNÉGALAIS, RÉVÉLEZ-VOUS

Les problématiques que nous pouvons soumettre à la réflexion font légion depuis que le Sénégal est entré en guerre (pour reprendre le terme du chef de l’Etat) contre le coronavirus. Il ne s’agit pas seulement de questions politiques, sociales et économiques qui sont brièvement traitées sur les plateaux de télévisions nationales et rapidement évacuées au gré des faits divers et autres scandales à connotations sexuelles. L’entreprise de pensée que nous impose cette crise est plutôt une démarche hautement philosophique qui pose à nouveau, avec une certaine acuité, des questions qui ont, de part en part, traversé toute l’histoire de la philosophie. Qui sommes-nous ? Que voulons-nous ? Où allons-nous ?

Nous ne pouvons trouver de réponses cohérentes et satisfaisantes à ce triptyque ontologique que sous le prisme d’une pensée locale et historicisée plutôt que globale et universelle voire, universalisante. Car, le rêve de l’universalité notamment en ce qui concerne la nature humaine, les droits et les catégories de pensée est entrain de s’effondrer comme un château de cartes. Les hommes naissent libres et égaux mais, à la seconde qui suit, ils ne le sont plus. Suffisant pour battre en brèche toute la réflexion qui a porté sur l’universalité du genre humain. En ne posant que la question qu’est-ce que l’homme, la dite réflexion a manqué d’objet réel puisque se ghettoïsant dans la théorie pure. Il ne saurait donc y avoir de dénominateur commun quand à la réponse à cette question. Et, sans dénominateur commun comment oser penser l’universalité de l’homme. Sauf à prendre donc ses désirs pour la réalité, la question devrait plutôt se poser en ces termes : qu’est-ce qui fait que l’homme est homme?

Du cogito cartésien à la perception heideggérienne, de l’existentialisme sartrien à l’hétérotopie foucaldienne, l’homme ne peut se percevoir qu’en tant qu’expérience. C’est un étant comme le dit si bien Patočka. C’est l’expérience que nous sommes qui se voile en ne se jouant qu’au présent qui est la temporalité propre à son mouvement. La crise sanitaire actuelle est donc une occasion inédite pour questionner notre mouvement dans le temps présent. Les philosophes et autres penseurs sénégalais doivent donc se joindre à la bataille en tentant de comprendre et d’expliquer pourquoi par exemple les décisions prises pour le bien-être de la population semble plus l’irriter plutôt qu’elle ne la rassure. Les protestations qui ont cours depuis hier, sont-elles le fruit d’un mécontentement passager ou plus profondément est-ce l’expression dune césure entre gouvernants et gouvernés, ces derniers ne se sentant plus représenter par les premiers cités.

Philosophes du Sénégal, venez donc jouer votre rôle qui est la pointe extrême de toute lutte extrinsèque qui nous offre l’occasion de saisir ce qu’est la lutte au sens le plus profond: c’est-à-dire l’exposition à un péril absolu où tout est menacé et est rendu à sa problématicité originaire. Dans la lutte, le sol se dérobe sous nos pieds et l’abîme croît, le tout de l’étant devenant une question, toujours suspendue et toujours à reprendre. Le penseur et l’acteur se rejoignent ainsi dans un sacrifice de soi qui n’attend rien en retour, si ce n’est la possible ouverture à un « plus haut ».

Pierre Hamet BA.

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DUPONT ET DEMBA…

Moi le Sénégalais, je pense haut et fort mais j’hurle très bas. J’ai une mémoire mais elle me sert à oublier. Je suis bavard mais muet ; critique mais crédule ; contestataire mais fataliste.
DEMBA. Orgueil, avarice, envie, colère, luxure, paresse et gourmandise mais aussi amateurisme, despotisme et népotisme : je pardonne ; je suis tolérant. Il trahit, menace, insulte, bastonne, musèle, réprime, châtie et emprisonne : je me résigne, je suis croyant. Amis, parents, cousins, oncles, tantes, cousines et belles familles se partagent le commandement : je supporte ; je suis complaisant. Maquillage à l’or noir : je laisse passer ; je suis indulgent. Privation d’eau tous les quatre matins : j’endure ; je suis persévérant. Coupure d’électricité, hausse des factures : je prends acte ; je suis endurant. Les mensonges s’amoncellent : je ne pipe mot ; je suis dupe. Mais, je ne suis pas bête. Si je me désintéresse de sa politique, c’est que j’ai le sentiment, bien justifié, qu’il me prend pour un imbécile.
TERREUR ! Nous avons compris. Nul terroriste, nulle fusillade, nulle explosion. Comme qui dirait des fesses renfrognées exposées à l’air frais du matin, sa mine est grave ; son discours, vide ; ses entreprises, indigentes. Il a désormais entrepris de terroriser. Par sa seule bouche, l’atmosphère est terrifiante ; le peuple, inerte; le pays, en coupe réglée; la cité a pris peur. Education, emplois, santé, mandat, renchérissement, réalisations, mais tout aussi médiocrité, errements, tâtonnements et toutes formes d’injustice passent désormais sous silence. Son incompétence n’est plus d’actualité. Que se passe-t-il alors si ce n’est que notre conscience collective (E. Durkheim) est pernicieusement préparée à vivre un attentat sans précédant. Lentement mais sûrement, on pointe du doigt un ennemi dont on ignore le visage et les motivations. Cela tient au management de la terreur (C. Hörstel), notion très peu connue qui est apparue récemment dans le domaine des sciences politiques. Point n’est alors question de terrorisme. Qu’on se le tienne donc pour dit. Ce n’est qu’un avatar destiné à détourner notre attention vers des buts inoffensifs. Rien, si ce n’est sa position téméraire et effrayante ; son discours laborieux et dénué de tout fondement idéologique ; et ses choix besogneux, ne permet de soutenir avec conviction une quelconque menace à notre intégrité. De grâce, tais-toi quand tu parles!
ISLAM. Parler d’Islam tolérant, c’est se fourvoyer et tenir un discours du dehors (Balandier) complètement débile, comme si les musulmans, autant qu’ils sont, appartenaient à une horde sauvage ; quelque chose comme des « sous humains » contraintes par une sorte d’« humanité accomplie » à se culpabiliser et à devoir se justifier. Il n’y a, du point de vue de la religion musulmane, ni Islam modéré, ni Islam radical dont on pourrait se prévaloir pour tuer inopinément. La sourate 29 est bien précise à cet égard : « Et ne discutez que de la meilleure façon avec les gens du Livre, sauf ceux d’entre eux qui sont injustes. Et dites : « Nous croyons en ce qu’on a fait descendre vers nous et descendre vers vous, tandis que notre Dieu et votre Dieu est le même, et c’est à Lui que nous nous soumettons ». » Le Coran (XXIX ; 46). Il n’y a qu’un seul Islam et chacun le comprend et le pratique à sa manière. Les arabes ont épousé l’Islam. Les africains ont créolisé l’Islam (Mamadou DIA. « Islam et Civilisation Négro-africaine » NEA, 1980). Ce n’est donc pas parce qu’un groupe d’individus, couvert du manteau de la religion, abrège des vies humaines que l’Islam est concomitamment en cause. Un tel discours est dangereux. Car, bien plus que de suggérer de l’islam une quintessence violente, il véhicule des stigmates qui sèment la psychose dans des sociétés déjà hybrides dont les membres se regardent désormais en chiens de faïence. Les musulmans et les non musulmans s’érigent les uns contre les autres ; et les musulmans eux-mêmes, se divisent en bastions. Et bientôt, des flancs des services secrets, se dresseront de nouvelles organisations, des « musulmans protestants » pourrait-on nous dire, et l’on assistera à un glissement sémantique dans l’appréhension même du phénomène. Mais qu’est-ce que donc le terrorisme si ce n’est une réaction violente et très dangereuse ?
Pierre Hamet BA

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De l’Esclave de l’intérieur…

Recevoir c’est s’avouer inférieur et se lier d’amitié sournoise avec ceux dont les prévenances ont pour but tout ensemble de nous rapetisser… Et que dire de nos dirigeants très enclins à verser des larmes de crocodile, des larmes de circonstance pour s’attirer les faveurs du maître blanc dont le mépris n’a d’égal que leur faiblesse. Quand on se permet de marcher pour la mémoire de ceux qui ne jettent pas de bulletin dans l’urne sénégalaise on se doit de courir voire même de detaller chaque fois que la vie d’un sénégalais est injustement menacée. Une sénégalaise est en danger de mort en Arabie Saoudite; des sénégalais tombent comme des mouches au Maroc, sont condamnés à mort en Gambie, sont menacés partout dans le monde et, pas un seul doigt de lever… Que fait le dirigeant Senegalais? Saurez-vous me le préciser…?
Par ailleurs les dirigeants de l’occident contemporain et la majeure partie de tous ceux qui s’expriment sur le terrorisme doivent impérativement revisiter l’histoire des idées et des pensées philosophiques afin de mieux appréhender le sens de la notion de liberté. Car, me semble-t-il, bien souvent ils sont loin et très loin de se rendre compte de la bêtise qui sort de leur bouche chaque fois qu’ils prétendent que le terrorisme s’attaque à leur liberté.

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JE VOUS AIME, CHRÉTIENS DU SÉNÉGAL

J’ai beaucoup appris de la communauté Chrétienne. Je suis tombé sous le charme de la dévotion dont vous faites preuve envers votre religion et envers tous les membres des communautés chrétiennes.
Cela ne m’a pas seulement séduit mais cela m’a tout aussi rapproché de ma propre religion. J’étais déjà pratiquant, mais l’homélie du Prêtre lors de la messe de requiem de mon regretté ami Aurélien Bertin Niagou m’a décidé à plus de devotion car disait-il, tout être humain doit éviter de vivre en passant à coté de l’essentiel, c’est-à-dire de l’adoration de Dieu, créateur de l’univers.
Ma foi en ma religion et mon rapprochement à Dieu autant dans mes pensées que dans mes paroles et actes n’a fait que grandir depuis ce jour, preuve que la science est dans la nature et la connaissance, accessible à celui qui veut apprendre.
Voyez-vous, vous fréquenter ne m’a ni perverti, ni amener à consommer ce qui m’est interdit par l’islam. Bien au contraire jai vu en vous les memes valeurs que prône ma religion, le respect, la dévotion, l’honnêteté, le pardon, l’amour de son prochain dans son sens le plus large et la tolerance. Car et pour ne citer que cet exemple, chez mon ami Olivier Thiao, il y a même une natte de prière et combien de fois ai-je fait mes ablutions et prié dans une maison chrétienne?
Je Vous Aime Chrétiens du Sénégal…

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LES ENJEUX DE LA RÉBELLION TOUAREG

Dès 1910, le chef coutumier Firikoun entraine les Touareg du Mali contre les Français. Arrêté et condamné en 1913, il s’évade de Tombouctou le 17 mars 1916. En décembre de la même année, sous les ordres de Kaosen, 200 Touareg du Niger affiliés à la confrérie religieuse Sénoussiya, quittent l’actuel Lybie pour le Sud algérien. Le 1er décembre, Kaossen assassine Charles de Foucauld à Tamanrasset. Le 13 décembre, la troupe atteint Agadès et investit le poste militaire français. Le 3 mars 1917, 1222 hommes dont 750 tirailleurs sénégalais rejoignent Agadès et libèrent le poste français. Kaossen est exécuté par ses maîtres sénoussistes. Tégama, un autre chef est capturé le 7 mai 1919 par les tirailleurs. Il est emprisonné à Agadès pour être jugé mais le capitaine français Vitali, alors commandant de cercle, le fait assassiner le 30 avril 1920 et camoufle le meurtre en suicide.
En juin 1957, en vertu de la Loi Defferre dite Loi cadre du 23 juin 1956, la France manifeste sa volonté de créer l’Organisation Commune des Régions Sahariennes (OCRS). L’objectif inavoué est de mettre en coupe réglée des territoires de l’Algérie, du Mali, du Niger et du Tchad riches en ressources minières. Mais ces espaces correspondent à ceux des Touaregs. En dépit de l’hostilité des élus concernés, l’OCRS est créée par la loi française n° 57-7-27 du 10 janvier 1957. Dès lors, les velléités de sécession renaissent. Sous l’influence de Mohamed Aly Attaher, les Touareg rejettent la fusion avec les Noirs au sein d’un même État. Le projet OCRS échoue mais le germe de la division est semé.
En 1959, la rébellion Touareg se manifeste à nouveau sur le territoire malien et est jugulée militairement en 1964. Mohamed Attaher et son acolyte Ifogha sont respectivement arrêtés au Maroc et en Algérie et extradés au Mali. C’est la fin de la rébellion et les Touaregs sont placés sous surveillance militaire par les autorités maliennes. En 1970, la sécheresse pousse les jeunes Touaregs vers l’Algérie, le Nigeria, le Tchad, le Moyen-Orient et notamment la Libye où ils sont enrôlés au sein de la légion islamique de Kadhafi pour livrer combat en Ouganda, au Liban mais surtout au Tchad au début des années 1980.
En 1987, la fin de la guerre du Tchad et l’amenuisement des ressources financières de la Libye précipitent le retour des exilés. En janvier 1990, l’Algérie renvoie près de 25 000 réfugiés Touaregs. Le 7 mai 1990, l’attaque de la gendarmerie de Tchin-Tabaradèn ranime la rébellion Touareg qui, cette fois-là, allait durer 6 ans. Le Mouvement et Fronts Unifiés de l’Azawad (MFUA) dirige alors les Touaregs du Mali et l’Organisation de la Résistance Armée (ORA), ceux du Niger. En 2012, les Touareg du Niger, regroupés au sein du Front de Libération de l’Aïr (FLA), ont rejoint leurs homologues maliens du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) pour former le Front de libération de l’Aïr et de l’Azawad (FLAA). Il s’agit, conformément à la résolution du congrès de 1986 au cours duquel Touaregs maliens et nigériens décidèrent de conjuguer leurs efforts pour d’abord libérer leur territoire au Mali et ensuite au Niger, de se débarrasser des islamistes puis, de fonder un Etat touareg qui inclurait le nord du Mali et le massif de l’Aïr au Niger ; un ensemble vaste comme deux fois le Maroc avec seulement 3.100.000 habitants.
Mais là justement se situe les raisons qui fondent l’engagement de la France et de ce qu’il est convenu d’appeler communauté internationale dans une guerre au Mali. Car ce territoire Touareg est en effet le lieu de projets euro-américains extrêmement stratégiques parmi lesquels : l’ouverture au Sahara d’une base américaine de lancement de drones pour renforcer celles qui existent déjà à Djibouti, en Ouganda et en Éthiopie aux côtés des flottes aériennes de surveillance basées en Mauritanie, au Burkina Faso et au Sud Soudan ; la réalisation du projet d’installation de panneaux solaires géants appelé DESERTEC dont le budget est de 400 milliards d’euros qui doit fournir de l’électricité bon marché à l’Europe ; l’investissement par AREVA d’environ 1,5 milliards d’euros en vue de racler la deuxième plus grande mine d’uranium du monde récemment découverte à Imouraren etc.
Même si alors au Mali, les Touareg revendiquent une région très pauvre et sans grande utilité économique, au Niger par contre, se trouve au cœur de l’Aïr, à Arlit, la mine d’uranium souterraine la plus vaste du monde. 3.000 tonnes de minerai y sont produites chaque année et la capacité sera doublée en 2014. Donc, supposer que la France, premier exportateur d’énergie nucléaire au monde sans avoir d’uranium sur son sol ; croire que cette même France qui arme les terroristes Salafistes contre la Syrie de Bachar-el-Assad, mène une croisade contre le terrorisme, relève purement de la naïveté. Bien entendu « la sécurité de l’Europe est en jeu au Mali […] » (Yves Le Drian, ministre français de la défense). Mais en vérité elle est en jeu, pas parce que des criminels coupent des mains et des pieds, détruisent des mausolées, fouettent des nègres qui ne sont « pas assez entrés dans l’histoire » (Sarkozy), mais parce que toute la géopolitique Sahélo-Saharienne est en reconfiguration.
La France et ses chiens de garde vont alors en guerre comme si Berlin avait été un décret divin. Or, il convient de se rendre compte que le peuple Touareg, au Mali comme au Niger, repose sur le même socle culturel ; partage la même histoire, la même cosmogonie, le même imaginaire, les mêmes héros ; dispose d’une organisation politique ; parle la même langue, bref… tout ensemble caractéristique d’une Nation. Mais il ne dispose pas de sa destinée sur un territoire qu’il occupe de tout temps. C’est bien de cela qu’il s’agit. D’une question historique et géopolitique qui pose avec une certaine acuité la problématique de l’intangibilité des frontières africaines et de la pertinence de la souveraineté que la première conférence des États indépendants d’Afrique noire, tenue au Liberia quelques mois seulement après l’indépendance de la Guinée, a érigée comme principe inaliénable d’une morale internationale africaine.

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NOUS L’AVONS TOUS CONNU

Nous l’adorions, ce camarade. Quand on organisait des grèves, il était défaillant. Quand on jouait au foot, il était l’arbitre. Quand on a commencé à draguer, il marmonnait: "soyez sérieux les gars". Quand on organisait des soirées, il était posté à l’entrée et il était naturellement préposé à la distribution des boissons et autres friandises aux invités.

Il avait le commerce facile. Jamais il ne se fachait. Jamais il ne livrait bagarre. Il s’entendait tellement bien avec les filles que c’est à peine qu’elles ne le considéraient comme leur copine. Il fallait passer par lui pour aborder la fille qui nous plaisait. Il prenait les noms de bavards et dénoncait les tricheurs. Mais il portait tout aussi lettres et messages aux pretendants et prétendantes. Nous l’adorions. On s’en accommodait. Il ne faisait pas de vagues mais il était bien là. À la périphérie mais bien présent.

Il nous arrangeait bien. Car, qui ne voulait pas jouer au foot. Qui ne voulait pas danser avec les copines en ces rares occasions où les parents les laissaient sortir le temps d’un réveillon de Noël ou d’une nuit de l’an. En plus, qui ne se laissait pas tenter par la découverte de l’amour en ces temps pubères. Mais notre pote, lui, ne s’y interessait pas du tout. Il avait sa zone de confort. Cest là qu’il avait du pouvoir. Et il l’exerçait depuis la périphérie.

En étant l’arbitre, il ne prenait pas partie mais il décidait tout de même quelle faute siffler, qui allait prendre un carton jaune ou qui allait tout simplement quitter le terrain avant la fin de la partie. En jouant les portiers, il contrôlait qui avait cotisé ou non, qui était invité ou pas. Il avait sa petite parcelle de pouvoir et il la tenait jalousement. Gare au copain qui avait le malheur de s’embrouiller avec, la veille d’un match.

Quand, dans les années 80 le mouvement de l’orthodoxie musulmane prenait son envol au Sénégal, il embrassait la religion. Le terrain était préparé de longues dates. Il nous pensait déviants. Et voilà qu’il a trouvé la lumière. Très vite, il s’est transformé en donneur de leçons. Celui que nous ne considérions que très peu voulait ainsi passer de la périphérie au centre, convaincu qu’il était investi d’une mission divine: celle de nous remettre sur le chemin de sa lumière. Or, les écailles n’étaient pas assez tombées de ses yeux aveugles.

C’est là tout le problème de ceux qui souffrent de ce sentiment réel mais pas justifié d’avoir été mis à l’écart durant leur enfance. Ils éprouvent un profond complexe d’infériorité. Comme un boomerang ils reviennent toujours pour prendre une sorte de revanche qui n’a pas lieu d’être. Ce sont des hommes de pouvoir en fait. De leur petite parcelle périphérique, ils se sont habitués à nous dicter insidieusement leur bon vouloir. Et maintenant qu’ils en ont les moyens matériels, qu’ils ont grandi, qu’ils ont deux femmes voire plus, qu’ils sont entourés par ceux qui leur ressemblent en tout point de vue et qui partagent avec eux la même passion de l’orthodoxie, les choses risquent de se passer comme au match de foot de notre enfance. On aura beau pris des coups mais notre pote ne sifflera point.

Tout ce qui le préoccupe en vérité c’est de nous convaincre qu’il n’est plus le même. Il a grandi. Il a des responsabilités. Mais en fait, contrairement à ce qu’il pense, il n’a pas changé pour autant. En tout cas, pas tant qu’il le pense. Il veut toujours nous apporter sa lumière. Il a une solution pour nous. Mais une solution dont ils ne se soucient point de savoir si nous la voulons ou pas. Peu importe, il a son programme et par tous les moyens il va tenter de nous le faire inoculer. Toutefois, il oublie une toute petite chose: nous n’avons jamais quitté le centre. Mettre au pouvoir une personne meurtrie par autant de stigmates revient à mettre un éléphant dans un magasin de porcelaine.

Pierre Hamet BA.

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QU’ON NE LAISSE PAS GERMER CETTE GRAINE!

Ce dont il s’agit donc est autre qu’une question de laïcité et de querelle de religion. Cest un problème de comportement incompatible au règlement interieur de l’établissement en question. Sauf à prendre donc ses désirs pour la réalité et à moins de faire fie des textes de Loi de notre pays, je ne vois pas comment une quelconque autorité étatique peut intervenir dans cette affaire. Car, comment imposer à l’Eglise dont l’école recourt de manière cohérente et délibérée à l’éclairage de la tradition chrétienne pour inspirer et soutenir l’exercice de sa mission éducative, de favoriser des comportements, d’enseigner des valeurs et des préceptes contraires à sa mission d’Eglise? Cela reviendrait à demander aux écoles franco-arabe d’enseigner le catéchisme.
La laïcité nest donc pas un concept fourre-tout et nous ne pouvons réclamer ce qui nous est déjà acquis. Il faut donc éviter de sinscrire dans cette sorte de fusmisterie confessionnelle qui consiste à jeter massivement l’anathème sur l’enseignement privé catholique en se couvrant du manteau de la religion sans pour autant connaitre les obligations de l’école privée catholique tant envers l’État que les tiers.
Le sectarisme que combat l’institut Sainte Jeanne d’Arc constitut le germe d’une désorganisation sociale qui, à long terme sonnera le gong de notre commun vouloir de vie commune. Le fondement de la cohésion sociale senegalaise s’en trouvera transformé en un terreau de replis identitaires, point de depart de toutes les revendications terroristes.
C’est donc un devoir pour tout Citoyen Sénégalais soucieu de la paix et de la stabilité de notre pays de s’impliquer avec mesure et responsabilité dans le débat en cours et de s’employer à éradiquer de l’espace d’épanouissement de nos enfants toute forme de repli identitaire et de sectarisme primaire.
Que nos hommes politiques cessent alors les déclarations puériles. Le veritable problème se situe au niveau de l’école publique qui n’arrive plus a remplir son rôle tant elle manque de moyens, de visions et d’adéquation avec le marché du travail sénégalais alors que 40% du budget de l’État lui est consacré. Tout ensemble qui ne different vraiment pas des problématiques qui ont présidées à la réforme de 1966 et celles plus récentes des états généraux de l’éducation nationale de 1994 lors desquels Mr Habib Thiam alors Premier Ministre declarait dans son discours introductif à la seance inaugurale :
« il ne faut pas le dissimuler, le rapport du peuple sénégalais à son école est un rapport de malaise. Le sentiment général est que notre école est en crise, qu’elle n’est pas adaptée à nos besoins, qu’elle s’achemine, si elle n’y est pas déjà parvenue vers une impasse, une situation de blocage, donc de rupture à plus ou moins brève échéance ».
25 ans après, ces propos restent d’une actualité effroyable. Qu’avons-nous donc fait?

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MES 5% D’IGNORANCE…

Que suis-je? Musulman, Chrétien, Mouride, khadre, Layene, Tidiane, Athée, Mécréant, Luthérien, Extrémiste, Croisé, Yalla-Yalla, Pagan, Agnostique ou alors suis-je Peulh, Sérère, Baïnounck, Mankagne, Wolof, Diolas, Toukouleur, Ndiago, Lébou, Bédick, Bassari, Bambara, Socé, Malinké, sarakholé, Sénégalais, Sahélien, Africain?
Et, qui Suis-Je? Je serais tenter de donner l’etiquette que m’ont collée mes parents à ma naissance mais est-ce vraiment ce qui définit qui je suis et ce que je suis?
A vrai dire je ne sais pas. Je ne revendique pas une identité authentiquement authentique, une religion authentique, une nationalité authentique ni même une ethnie authentique. Car dans ce domaine l’authenticité est une illusion poursuivie mais jamais atteinte… il faut donc être vraiment inculte pour prétendre que la laïcité est la justification à priori de tous les comportements répréhensibles. Autant qu’en juge mon vécu au Senegal, je n’ai jamais vu de mendiants chrétiens, de talibés chrétiens, je n’ai jamais vu la chrétienté mettre en mal la dignité humaine autant que nous musulmans le faisons.
Oui, Imam! L’islam interdit la consommation d’alcool mais tout aussi qui la consomme en majorité dans notre pays? Nest-ce pas les musulmans? Qui la sert dans nos restaurants? Nest-ce pas encore des musulmanes? Toute proportion gardée, il me semble que les prostitués dans ce pays sont musulmanes en majorité. Quid des multiples scandales qui secouent le pays au quotidien. Combien de Chrétiens ont déjà fait l’objet de malversation, accusé de détournement de deniers publiques ou encore lié a l’un des multiples scandales sexuels que nous livre la presse à un rythme qui défit tout entendement? J’en connais pas.
Qu’en est-il de l’homosexualité? Les faits qui ont ému le pays tout entier concernaient là encore des musulmans. Alors Imam ce nest ni le christianisme ni la laïcité qui sont le terreau des comportements que vous fustigez. Les questions que nous devons nous poser resident moins en la laïcité qu’en notre comportement, nous, musulmans, vis-à-vis des préceptes et des commandements de l’Islam.
Les autres ne peuvent être tenus responsables de notre tortuosité. Comment les Chrétiens ont-ils fait pour éviter que leurs enfants soient à la rue? Comment ont-ils fait pour connaitre et pratiquer leur religion sans pour autant bafouer leur dignité, comment ont-ils fait pour que les démunis chrétiens n’aient pas à mendier dans les rues?
Autant de questions dont les réponses nous ramèneraient inévitablement aux préceptes de l’islam car, entre les deux religions, la différence nest pas aussi grande que la distance qui sépare le pouce de l’index.
Wa Salam…