Selon le Secrétaire Général des Nations unies (au micro de Rfi et France24), l’Afrique comptera des millions de morts du Coronavirus. Je m’inscris en faux contre cette allégation pour des raisons purement systémiques.
La propagation de ce virus est principalement le fruit de la mondialisation. Et, la mondialisation n’a pas encore atteint nos contrées lointaines. Si les mesures de limitation de la circulation des biens et des personnes à l’intérieur des territoires d’Afrique sont maintenues, le virus n’atteindra pas les terroirs où 61% de la population africaine mène son existence.
Ensuite, en nous basant sur le ratio de dependance démographique en Afrique (87%), sur l’âge médian en Afrique (20 ans), et puisque le virus n’est particulièrement mortel que chez les personnes âgées souffrant dejà de certaines maladies, nous pouvons en déduire que, pour une fois, l’Afrique ne sera pas la catastrophe à craindre.
Bien entendu à cause de notre mode de vie et de la densité des populations dans les centres urbains, beaucoup d’africains seront infectés. Mais ils n’en mourront pas pour autant. De plus, avec l’apparition et l’évolution des protocoles de traitement déjà à l’œuvre et, grâce aux évolutions climatiques abruptes sur le continent, cette menace virale risque de passer très vite de pandémie à une grippe saisonnière avec très peu de détresses resporatoires chez les personnes infectées.
La population urbaine africaine est particulièrement jeune, dynamique et bien portante. Il y a comme une sorte de sélection naturelle qui s’opère en Afrique. A cause des conditions de vie précaires, des systèmes de santé publique inefficaces ou inexistants et à cause des épidémies récurrentes, l’Africain urbain contempain est particulièrement préparé à ce genre de crise sanitaire. Il ne s’agit donc pas d’une quelconque résilience génétique de l’Africain comme certains tentent de le soutenir ou de le démontrer dans des tentatives d’analyses alambiquées, mais plutôt d’une dynamique démographique à l’épreuve de la modialisation des épidémies émergentes.
Même si alors l’Europe se targue d’avoir l’une des meilleures espérances de vie au monde, elle ne prend pas en compte le degré d’incapacité de ses personnes âgées. Or, le suivi de l’indicateur « espérance de vie en bonne santé » montre que l’allongement de l’espérance de vie ne s’accompagne pas forcément en Europe d’une vie en bonne santé.
C’est ce qui explique par exemple que l’Italie est frappé de pleins fouets par la pandémie. En effet, le pays enregistre l’un des âges médians les plus élevés en Europe (45,1 an). Il est suivi de très près par l’Espagne (42,3 ans) et la France (41,2 ans). En guise de comparaison avec les pays les plus peuplés d’Afrique, l’âge médian du Nigéria est de (18,3 ans), celui de l’Ethiopie (17,8 ans) et enfin, l’Égypte avec (23,8 ans).
Dans sa globalité, l’âge médian de l’Europe est de 42,2 ans. Il n’y a donc pas de doute à mon sens. L’Europe sera plus exposée au taux de létalité du coronavirus. Ce n’est pas une question conjoncturelle, cest une question anthropologique qui aborde les relations entre population et épidémie de façon systémique.
Pierre Hamet Ba.