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LE SENEGAL FACE AU CORONAVIRUS (Deuxième partie)

Je parlais de population têtue et de crise d’autorité au Sénégal dès les premières heures de cette pandémie et, j’en étais arrivé à proposer au Chef de l’Etat de décréter l’état d’urgence. Mais l’état d’urgence dont je parlais est une solution et pas un problème. A mon avis les décisions prises et annoncées en grandes pompes déplacent la problématique aussi bien dans le temps que dans l’espace, mais n’en apportent aucunement une solution.

L’objectif principal de l’état d’urgence est de ralentir la propagation de l’épidémie afin de la contenir. Pour ce faire les rassemblements, les attroupements et les interactions sociales doivent être drastiquement diminués et controlés. Après avoir réduit les audiences des differents cours et tribunaux, empêché à nos boutiques de quartier de vendre du pain, fermé les écoles, les mosquées, les églises, les restaurants, les bars, les cafés, les boîtes de nuits, les salles de cinéma et généralement tout lieu de rencontre, de loisir et de convivialité, à quoi sert-il de décréter un couvre-feu de 20h à 6h du matin, comme si le virus ne se transmettait qu’à la tombée de la nuit?

Quand on est respectueux de sa population on ne lui annonce pas un état d’urgence en tant de paix, seulement 4h avant sa mise à exécution. Une telle décision, qui suspend les acquis démocratiques, restreint les libertés individuelles et celles d’opinion, qui donne la possibilité aux forces de l’ordre de faire usage de leurs armes, devrait être annoncée la veille pour le lendemain ou alors le matin pour le soir. Cela aurait donné à l’ensemble de la population le temps de s’organiser et, permis à la presse et aux differents relais traditionnels de diffuser l’information sur l’ensemble du territoire national et d’en débattre pour que nul n’en ignore le sens, l’importance et la nécessité. Procéder de cette sorte aurait donné à la population de percevoir de manière subliminale une autorité morale, consciente et soucieuse de son bien-être plutôt qu’une décision unilatérale, autoritaire et coercitive.

La vérité c’est que nous sommes loin, très loin du compte. Pas de pain au coin de nos rues: tout le monde s’amasse dans les boulangeries; pas de prières à la mosquée: rassemblement et marche de protestation; état d’urgence et couvre-feu: les marchés, les supermarchés, les quais de pêche sont pris d’assaut; sans compter la ruée vers les transports publics à certaines heures. En quoi alors cet état d’urgence assorti d’un tel couvre-feu permet-il de contenir la propagation de l’épidémie? Je ne le sais pas.

Ce que je sais par contre, c’est que nous allons très vite passer à un état de banalisation de l’épidémie surtout quand les mesures prises vont s’avérer inaptes à freiner la progression des cas positifs. Voilà comment on passe de l’embarras du choix au choix de l’embarras qui n’est rien d’autre que le confinement total… (A suivre).

Pierre Hamet Ba.

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