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SEXE, ARGENT ET PASSION: LE POPULISME JUDICIAIRE.

Sans qu’on ne s’y intéresse de plus près, il y une volonté populaire de plus en plus manifeste d’infléchir la justice d’un côté ou de l’autre, selon les cas. Nous l’avons vu dans les affaires Idrissa Seck et Salif BA contre Etat du Sénégal (2005) ; Cheikh Yérim Seck contre Aissatou Tall (2012), Karim Wade contre Etat du Sénégal (2013) ; et, Adji Sarr contre Ousmane Sonko (2021). N’est-ce pas socialement significatif ? Tout se passe comme si une affaire judiciaire ne défraie la chronique que quand il s’agit d’argent et/ou de sexe. Et, quand on y ajoute la politique, on obtient alors un cocktail explosif qui déchaîne les passions.

Politique, argent, sexe et passion sont pour ainsi dire devenus les principaux contenus médiatiques sénégalais au détriment de tout ce qui aurait pu contribuer à l’avènement d’une conscience citoyenne responsable. Est-ce à dire que le Sénégalais n’est passionné que par l’argent, le sexe et la politique ? Qu’en sais-je ? Mais à coup sûr, l’on peut aisément se rendre compte que les réactions que suscitent l’affaire Ousmane Sonko contre Adji sarr ont, jusque-là, battu tous les records à tous les niveaux. Est-ce alors parce que cette affaire centralise tous les ingrédients passionnels du Sénégalais ? On y parle pêle-mêle de complot politique, de déloyauté envers les institutions, de sommes d’argent proposées pour taire ou orienter des témoignages, de tentative de chantage, de magistrats corrompus, de justice à la solde de l’exécutif… Bref, on y parle de tout, sauf de l’essentiel.

Ainsi, des individus pas du tout liés à l’affaire semblent se porter volontairement protagonistes. Du jamais vu ! Ils y cherchent sans nul doute une occasion inédite de se faire voir, entendre, connaitre et reconnaitre. Qui les connaissait auparavant ? Personne ! Et chacun semble y avoir trouvé son heure de gloire. D’aucuns au nom de la cause féministe, d’autres au nom de la religion et de leur vérité, et bien d’autres encore au nom du militantisme politique. Il faut bien alors savoir que les informations véhiculées çà et là sont mues par des motivations subjectives dont les auteurs se contentent d’une toute petite heure de gloire pour satisfaire leur égo. La question se pose dès lors de savoir d’où nous viennent toutes ces informations et à quelle fin tente-t-on de soumettre aux sénégalais des faits dont les origines et les circonstances sont tues pour tenter d’infléchir sinon de réclamer une décision de justice avant même son heure.

Pour peu que l’on soit donc serein et averti, l’on peut aisément se rendre compte que dans cette affaire, le bureau du juge instructeur semble être grandement ouvert au public au moment des auditions tant et si bien que tout Sénégalais semble être au fait du moindre détail du dossier. Dès qu’il y a une audition, les médias semblent y avoir été physiquement présents. Ils ne prennent ainsi aucune distance déontologique par rapport à l’affaire. Les avocats des parties concernées, devenus fer de lance de la bataille médiatique, s’adonnent tout aussi laborieusement à l’exercice difficile de la communication publique sans en maîtriser les techniques. Ainsi donc, ils se livrent à ce qui pourrait être assimilé à du populisme judiciaire, perdant ainsi de vue la retenue éthique que leur impose leur profession. Et, c’est bien en cela que se trouve toute l’obsolescence du système judiciaire qui ne permet ni au magistrat instructeur, ni au parquet de communiquer ainsi que le font les parties et leurs avocats.

Or, en observant un silence assourdissant face aux déclarations publiques de l’une ou l’autre partie, les sénégalais finissent par consommer sans précaution toute information supposée émaner du dossier et relayée ainsi par une masse médiatique en roue libre. C’est vieux comme le monde: à force de n’entendre qu’un seul son de cloche, on finit bien entendu par penser que c’est le bon son. Si alors un son de cloche tout à fait différent venait à retentir sur le tard, il ne trouvera aucun écho favorable et sera ainsi considéré comme une agression sonore.

L’accusation de viol contre Ousmane Sonko ne doit donc pas du tout être traitée comme un vulgaire fait divers où l’on jette en pâture l’une ou l’autre partie selon que l’on est pour ou contre ? Tout au moins cette affaire met dos à dos l’opinion et le respect du formalisme juridique qui doit maintenant s’adapter à la médiatisation à outrance des affaires judiciaires.

Pierre Hamet BA.

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VIOLENCE PARLEMENTAIRE

Convient-il de rappeler à Barthélémy Dias que l’essentiel est moins l’auteur de la grossesse que l’ignominie de l’agression? Mais peut-on s’attendre à de la compassion de la part de celui dont la condamnation à 2 ans de prison dont 6 mois ferme pour la mort d’un sénégalais tué par balle a été confirmée le 21 septembre dernier par la cours d’appel? Bien entendu, l’on ne peut demander à un torturier de condamner la torture, il perdrait sa raison d’être.

Pierre Hamet BA.

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LE SEIGNEUR DE L’ÉPHÉMÈRE ET « LA CULTURE DU VIOL »

Que s’est-il passé dans notre société au point que notre existence, en plus d’être éphémère devant l’immensité du temps cosmique, semble aujourd’hui n’être elle-même rythmée que par des faits divers, les uns plus éphémères que les autres ? Serait-ce l’écho terrible du "OFF", approche journalistique du fait divers apparue au début des années 2000 que les quotidiens Le Populaire, puis Taxi le journal, Mœurs, Frasques quotidiennes, Tract, et maintenant L’obs ont fini de placer au centre du journalisme en lieu et place de l’approche professionnel purement informative ? En publiant le « OFF » à la deuxième de couverture et en lui attribuant de plus en plus d’espace au fil des années, le journaliste sénégalais n’a-t-il pas concomitamment consacré le fait divers comme genre journalistique dominant de l’espace médiatique de notre pays ?

Quoi qu’il en soit l’on peut aisément se rendre compte qu’aujourd’hui ce sont en majorité les activistes, les hommes politiques et toutes personnes en mal de popularité qui s’engouffrent dans la brèche du fait divers, non sans bousculade, devenant ainsi conjointement producteurs, acteurs et spectateurs de l’éphémère. Ils ont leur mot à dire sur tout. Et, pour tout, ils semblent avoir des solutions tous azimuts qui défient toute intelligence tant elles sont éphémères. Ils essayent ainsi de tout régler dans la légèreté, en allant même vers ce qu’il y a de plus léger dans la légèreté, c’est-à-dire le mensonge, la laudation et la délation. La nouvelle stratégie des hommes publics consiste dès lors à mentir perpétuellement quel qu’en soit le prix, l’essentiel étant d’alimenter continuellement le chaudron de l’éphémère afin de demeurer à la « Une ». Ils en sont obligés, car une fois qu’on est lancé dans cette course, on ne peut s’arrêter sous peine d’être démodé. C’est parce que bien entendu tout ce qui est éphémère ne laisse aucun souvenir. Qui se rappelle encore de ce qui défrayait la chronique le mois dernier, il y a six mois, un an, voire même deux ans ?

Et pourtant tout y est passé: Kocc et ses vidéos à caractère pornographique, Assane Diouf et ses insultes; kalifone et ses insanités; Tounkara et ses affronts ; Molah Morgan et ses élucubrations ; Ndiaye et son dragon ; Kukandé et l’ouverture de l’atlantique ; Adamo et ses frasques, sans oublier ceux, sous le couvert du manteau de la religion, qui nous jurent continuellement des faits qui ne se réalisent jamais. C’est léger bien entendu. On en rigole, on s’en émeut quelquefois, et puis nous le rangeons au tiroir des oubliettes. Vous le comprenez maintenant : tout ce qui est léger finit par être effacé de notre mémoire. Mais de là à faire d’une accusation de viol un fait divers, il y a tout de même un saut à faire. Et, tout porte à croire que notre société a franchi le pas en rangeant ce crime dans la catégorie des faits divers, incitant ainsi certains théoriciens de la cause féministe à parler de plus en plus de "culture du viol". Or, cette expression, devenue la nouvelle tarte à la crème des militants en mal d’idéologie, mérite tout de même attention.

Parler de "culture du viol" suppose qu’il existerait au sein des us et coutumes des communautés qui peuplent le Sénégal un usage codifié, consacré et accepté en tant que tel comme un rituel partagé par toutes nos cultures ethniques ou alors une norme au nom de laquelle l’on peut impunément violer une personne sans risque de représailles morales et judiciaires. Ce serait dire en d’autres termes que dans nos sociétés, le viol y serait sacralisé, ce qui donnerait le droit à tout homme de violer une femme quelle qu’elle soit. Or, à l’évidence, une telle culture n’existe pas dans notre pays. On ne peut donc parler de « culture du viol » au Sénégal qu’au prix d’une énorme ignorance qui jure d’avec les fondements culturels de la société sénégalaise, leurs sens profonds, leurs significations et leurs valeurs qui ne permettent pas de considérer la femme, socle de nos communautés respectives, comme une triviale créature.

Toutefois, traiter les cas de viol comme des faits divers destinés à amuser la galerie avant de tomber dans l’oubli est léger et très irresponsable. C’est plutôt d’une affaire très sérieuse qu’il s’agit. En 2019, 1229 cas de viol ont été recensés au Sénégal. En 2020, 414 dossiers portants accusation de viol ont été enrôlés dans 12 des 14 tribunaux du Sénégal. En 2021, ce sont 263 cas appelés à la barre. L’heure est donc grave. En raison de cette gravité nous devons nous méfier de tout ce qui est léger et donc éphémère pour nous en tenir à ce qui est lourd et difficile, c’est-à-dire à la vérité qui, elle, n’est pas du tout éphémère. Tout ce qui est mémorable s’y tient, car le léger ne laisse aucun souvenir. Qu’une chose soit difficile doit donc être une raison supplémentaire de l’accomplir.

Pierre Hamet BA

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LE BUZZ DES GRANDES GUEULES

Je suis bête, peut-être ; assurément et même très bête certainement me direz-vous, mais je vous invite aujourd’hui à une fastidieuse entreprise philosophique consistant à demander aux grandes gueules ce qu’elles savent (scit), dont on leur demandera pourquoi elles le savent (causa scientie) ; ce qu’elles ont entendu dire (audivit dici), dont on leur demandera de préciser auprès de qui elles l’ont entendu (a quibus audivit ?) ; ce qu’elles croient (quid crédit ?), dont on leur demandera pourquoi elles le croient (la causa credulitate).

Nous entendrions sans doute des réponses très variées mais, toutes, autour du thème de la multitude comme par exemple : « à travers ce que les gens disent communément », ce que « tous », ce que « les hommes », ce que « beaucoup de gens », ce que « les uns et les autres » disent ; ou encore, ce que « le peuple » ou ce que la majeure partie du peuple, etc. Personne ne dirait qu’il sait ce qu’il sait ; dit ce qu’il dit, parce qu’il en a été témoin (la sciencia).

Les grandes gueules s’approprient donc assez bien les thèmes de la multitude pour organiser en fonction d’elles, plus ou moins astucieusement, des stratégies d’attestation dont l’objectif est de compromettre le plus efficacement possible, à partir d’éléments peu substantiels, la manifestation du réel, sans trop encourir les soupçons de mauvaises intentions. C’est comme cela que naît ce qu’on appelle opinion publique et qui n’est rien d’autre sinon rumor, clamor, clamosa insinuatio, vox communis ou encore communis opinio.

En d’autres termes, l’opinion publique est une construction mensongère qui tente de se substituer au réel et donc à la vérité elle-même. En d’autre temps, ces opinions ne sortiraient pas des salons, des bars et des milieux au sein desquels les ragots et les frasques se propageaient loin de la bienséance de ce qu’il est convenu d’appeler espace public ainsi que l’entendait Habermas. Mais au siècle qui est nôtre, tout imbécile disposant d’un smartphone peut grandement faire étalage de son imbécilité et trouvera autant d’imbéciles pour relayer des propos d’une ignominie déconcertante dont raffole une masse d’imbéciles devenue critique.

C’est alors à qui aura la plus grande gueule. Et, à ce jeu, les grandes gueules rivalisent en imagination, créativité et ingéniosité. Mais tous, procèdent pour ainsi dire à des combinaisons au sein desquelles l’«audire dici» joue le plus grand rôle, associé à quelques éléments, souvent parcellaires et presque toujours invérifiables, allégués sous le régime de la « sciencia » ; l’objectif étant de cacher leurs véritables motivations. Les plus audacieux parmi eux livrent de petits récits habilement contés, parfois hauts en couleurs et forts convaincants qu’ils disséminent dans l’espace public, via internet, dans le but d’en faire parler le plus possible.

C’est ce que l’on appelle faire le buzz. Il s’agit d’une construction sociopolitique dont les modalités sont fort diverses selon les cas, mais dont le propre est, tout comme l’opinion publique, de dénier implicitement ses conditions de production en se présentant comme une donne immanente du monde social. Son efficacité est d’autant plus grande que, en raison de la nature vague de son référent réel, le buzz, devenu le soubassement de l’opinion publique et reconnu par ceux qui sont en position de le faire, ne peut guère être vérifié ou contredit par d’autres.

C’est ainsi qu’il faut comprendre la fameuse assertion de Bourdieu selon laquelle « L’opinion publique n’existe pas ». Elle n’existe pas « sous la forme en tout cas que lui prêtent ceux qui ont intérêt à affirmer son existence ». Puisque l’opinion publique, par essence, ne préexiste pas à l’opération qui consiste à la recueillir et à la dire ; puisque, par ailleurs, le résultat de cette opération peut difficilement valoir comme opinion publique sans prétendre saisir une réalité indépendante de cette même opération constitutive, on doit considérer que l’opinion publique ne peut exister qu’en tant qu’elle n’existe pas.

En cela, le plus significatif en matière d’opinion publique n’est donc pas sa teneur mais les conditions qui président à son expression. Les acteurs et les institutions qui font savoir ce que dit l’opinion, lui donnent vie. En parlant pour elle et en son nom, ils font beaucoup plus que relayer un discours qui, de fait, n’existerait pas sans leur médiation.

Je suis peut-être simple d’esprit, mais voilà exposées les raisons pour lesquelles l’espace public sénégalais semble à mon sens être infesté de motivations subjectives inavouées et malsaines qui engendrent, en fin de compte, des prises de position péremptoires et asymétriques qu’on appelle allégrement opinion publique alors qu’elles ne sont en réalité que des opinions personnelles rendues publiques dans une sorte de téléréalité quotidienne de mauvais goût qui jure d’avec le réel. Il devient donc nécessaire, voire urgent, de revisiter la notion même d’espace public au sens habermassien du terme et de procéder à la systématisation d’une dialectique entre espace public et opinion publique.

Pierre Hamet BA.

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LE MARCHAND, LES BRANQUIGNOLS ET L’EAU EN POUDRE

Le marchand se dit tellement perfectionniste qu’il s’ingénie maintenant à réinventer l’eau. Ce n’est pas une pathologie en soi d’être perfectionniste. Mais, de là à vouloir nous vendre de l’eau en poudre, il y a tout de même un saut à faire. Le plus effarant, c’est qu’il y a parmi nous des gens tellement branquignols qu’ils sont prêts à passer commande, se condamnant ainsi à une déception certaine au terme de la transaction. Car, et ce n’est pas rien de le rappeler à nos concitoyens qui rêvent encore du grand soir, l’eau en poudre n’existe pas. Même si alors votre marchand se présente comme quelqu’un de méthodique, rigoureux, prospectif, soucieux de la moralité et du respect de ses engagements, il ne peut honorer de tels engagements. Sauf à prendre vos désirs pour la réalité, vous vous rendrez aisément compte que le marchand d’eau en poudre n’est autre qu’un piètre menteur.

Pierre Hamet BA.

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POPULISME OU DÉMENCE?

Versatile, instable, hystérique, narcissique, paranoïaque, obsessionnel; voilà ce qui se murmure sur ce qui transparaît de sa personnalité, de ses actions et de ses prises de position. Mais comment arriver à déterminer en un mot divers phénomènes psychiques qui s’apparentent à plusieurs déterminants?

La solution psychologique classique consiste à dire d’une personne qu’elle est folle dès l’instant que se décelaient en son comportement des dysfonctionnements psychiques. Mais le terme "fou", ne rend pas compte de la particularité du ou des troubles mentaux dont souffrirait quelqu’un, il rend juste compte de la démence de la personne sans pour autant donner une spécification du trouble psychique à partir de laquelle l’on pourra l’appréhender, l’étudier et le traiter. Les termes "fou" et "folie" ne sont d’ailleurs plus, sinon lors d’exercices académiques, utilisés en psychologie. Du point de vue donc de ce qu’on pourrait appeler la psychologie «classique», c’est-à-dire l’étude psychologique qui émane de la grille d’analyse occidentale, nous voulons dire à partir des théories sur les troubles de la personnalité élaborées par les psychologues et théoriciens occidentaux, il nous serait ainsi pratiquement fastidieux de globalement appréhender des symptômes aussi divers et variés en un seul déterminant psychique.

Par ailleurs, ce que l’on voit c’est qu’il aime flatter son égo. Pour gagner la confiance du peuple, il utilise comme moyens favoris l’érotisme, la familiarité, l’accès facile à l’intimité et au plaisir de la relation. Mais il aime surtout plaire. Pour ce faire, et arriver ainsi à se faire aimer, il se plie aux opinions et aux désirs du peuple. Il s’investit donc dans la relation au peuple pour solliciter sa réaction. Il a, pour ainsi dire, développé, avec plus ou moins de bonheur et de talent, une attitude de séduction, déployant son énergie et ses actions de façon théâtrale. Il exagère donc les mimiques ainsi que les œillades, les sourires, les gestes affectueux et les accolades. Ses actions renferment de la sorte plus qu’une attitude théâtrale. Ce qui caractérise sa personnalité, c’est en effet la quête d’attention. Il utilise ainsi les moyens les plus divers, les plus agréables dont le charme et l’érotisme, jusqu’aux plus odieux parmi lesquels la dramatisation (il croit qu’on va attenter à sa vie.), la colère (son caractère rancunier), le caprice (il boude.), le chantage (qu’on m’arrête ou qu’on me tue). L’emphase, la mythomanie et l’autobiographie complaisante viennent parachever ce tableau qui ne manque pas d’ensorceler les innocents et de fasciner les plus avertis.

Le déterminant psychique qui s’apparente à un tel comportement est la personnalité histrionique. Il serait donc un mauvais acteur comme tout histrion l’est. Situé entre les repères classiques de la sexualité et du théâtre, l’histrion n’utilise pas ces domaines pour eux-mêmes, mais pour l’effet qu’ils génèrent sur ses partenaires. Derrière les manipulations, le charme, l’érotisme, la dramatisation, la colère, le caprice, le chantage, il cache la même demande, la même fragilité, la même dépendance qui n’est pas toujours perçue, mais que ses partenaires, allant de la conjointe aux collègues, sinon ses interlocuteurs et ses militants, doivent considérer comme charité. Il est cependant à noter que les gestes généreux qu’on lui attribue s’inscrivent dans le contexte de la mode (la place des réseaux sociaux dans son dispositif), et du monde (l’intérêt qu’il porte à s’exprimer sur Internet évitant les médias classiques).

Pierre Hamet BA.

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NON PROFESSEUR IBRAHIMA FALL! L’INTERPRÉTATION ET L’APPLICATION DU CODE ÉLECTORAL NE SONT PAS CRISOGÈNES.

Il sied de rappeler à notre cher doyen d’âge, le Pr. Ibrahima Fall que le drame du droit, c’est qu’il n’y a pas de dénominateur commun quant au sens des textes de loi. Sans nul doute, il le sait mieux que moi. Paul Ricœur traduit bien ce principe quand il soutient que "l’unité du parler humain fait aujourd’hui problème". On en vient à se demander d’un point de vue purement philosophique : qu’est-ce que l’interprétation ? Et, la question en soulève d’autres avant même de procéder comme qui remonte à Aristote : qu’interprète-t-on ? D’où interprète-t-on ? Comment, pourquoi et en quoi une telle interprétation devient-elle ou est-elle valide ? Qu’est-ce que la validité dans le domaine précis qui nous intéresse ici ?

Le juriste tente le plus efficacement possible, avec les moyens qui sont les siens, de comprendre un problème donné, ou ce qui fait problème afin de rendre intelligible un ensemble de données brutes, un réseau touffu, emmêlé, de relations ou un conflit d’ordre duel, interindividuel ou pluriel. Cela pose bien entendu des questions de principe relatives au sens : d’où parle-t-on ? De quelle manière et en fonction de quelle grille de lecture devons-nous, aux yeux de la loi, interpréter un fait humain, une conduite, un signe, un symbole ? Quel signifiant pour quel signifié? Dès lors se pose la question de l’interprétation qui, au plan épistémologique et heuristique, impose au juriste d’avoir comme souci majeur la fidèle reconstitution des canevas et schèmes de pensées ou d’actes à partir desquels les faits humains et conduites tirent la cohérence de leurs significations. Dans l’exercice du droit, la question fondamentale semble se ramener à celle de l’interprétation du sens et de la finalité de la conduite qui pose problème. Il y a donc un postulat théorique de fond incontournable : on n’interprète pas de nulle part.

Le savoir et la connaissance utilisés pour interpréter un texte de loi sont bâtis dans un cadre intellectuel déterminé, un langage prédéterminé et en fonction d’une orientation précise de départ, un ensemble symbolique originaire d’une option anthropologique explicite ou non ; pour tout dire : dans la tête de l’interprète lui-même. L’interprète raisonne non seulement en fonction de la notion qu’il s’est forgée de la loi, mais aussi de la notion, plus ou moins claire, qu’il se fait de l’organisation globale de celle-ci au regard d’un «modèle» tacite ou explicite. Et cela, dès le départ.

L’interprétation, c’est donc le travail de pensée qui consiste à déchiffrer le sens apparent, à déployer les niveaux de signification impliqués dans la signification littérale. On en vient ainsi à l’exégèse, c’est-à-dire à l’interprétation des sens cachés, des sens multiples dans leur contexte originel et culturel. Dès lors, symbole et interprétation deviennent des concepts corrélatifs. D’où devient nécessaire une propédeutique à tout travail d’interprétation, c’est-à-dire la connaissance et l’étude du monde symbolique et de l’univers de référence et de sens des textes de loi à interpréter.

En d’autres termes, la qualité de l’interprétation dépend ici des fonds de mémoire politique. Ce qui présuppose, si l’on suppose, une certaine connaissance des structures politiques symboliques, de leur histoire spécifique dans ses différentes dimensions intellectuelles, socio-historiques et politiques. On se donne somme toute, de cette manière, une meilleure intelligibilité, à défaut d’une explication proprement dite de telle ou telle interprétation de la loi. La question revient à se demander théoriquement et pratiquement comment rattacher ce que l’on pourrait nommer la structure archéologique individuelle du juriste à l’archéologie symbolique manifeste ou latente de l’univers de sens et de mémoire politique qui, seul, permet de l’éclairer.

Il ne serait pas absurde de se demander ce que l’on interprète en fait. Une interprétation ne sera valide ou valable qu’en ayant une référence solide aux éléments de culture politique du symbole ou du discours. En ce sens, elle doit partir de l’intérieur même du substrat des structures que l’on veut interpréter. Je ne saurais me lasser de dire que l’interprétation du juriste devient d’autant plus cohérente qu’il se réfère lui-même, judicieusement et sans précipitation au même système de pensées que le justiciable : que leurs productions respectives renvoient à la fin, à la même totalité métathéorique. Si tel n’est pas le cas, l’interprétation devient fallacieuse, fantaisiste ou fantasmée. Le justiciable n’y reconnaît plus son propre discours. Et nous voici au cœur du « conflit des interprétations » (P. Ricœur).

Ce ne sont donc pas "L’interprétation et l’application du code électoral par le gouvernement et par le Conseil Constitutionnel" qui sont "tronquées et crisogènes" ainsi que vous le dites. Ce qui est crisogène, c’est la volonté manifeste qu’ont certains de vouloir imposer leur interprétation des textes de loi alors qu’ils n’en ont pas la qualité. Car en matière d’interprétation du droit, aucune interprétation ne peut faire autorité sur une autre si ce n’est celle qu’incarne une décision définitive de justice.

Pierre Hamet BA.

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L’ILLUSION DU SAUVEUR.

Le conditionnement des esprits à l’œuvre entraîne, par réflexe, une infantilisation de la population qui s’en remet à un hypothétique sauveur. Le nerf de la guerre des cerveaux est là. La croyance en un sauveur est, par excellence, le facteur bloquant de la motivation et de l’engagement individuel du Sénégalais. Beaucoup d’entre-nous nourrissent cette fâcheuse idée selon laquelle le salut viendra d’une seule et même personne qui aurait des solutions clé en main pour tous les maux du pays, du pain pour toutes les bouches et du travail pour tous les jeunes. Mais une telle croyance constitue en soi un rêve poursuivi, mais qui ne sera jamais atteint. En d’autres termes: il s’agit d’une illusion. Voilà comment le Sénégalais s’est ghettoïsé dans une sorte de pensée primitive qui l’embastille dans le déni, la déception itérative et l’amertume. Tous les espoirs portés sur des pseudo-sauveurs se sont soldés par des désespoirs, à telle enseigne que le Sénégalais se contente de chasser et pas d’élire un président. Et, on passera encore longtemps à porter au pouvoir le plus virulent contre le régime en place mais pas nécessairement le meilleur profile. Voilà pourquoi l’on tente d’incarner le sauveur alors qu’on n’arriverait pas à se sauver de sa condition par soi-même. C’est un jeu de dupes. Et c’est à croire que Dieu aime les dupes parce qu’il en a créé énormément au Sénégal. Esprits formatés, abstenez vous donc de le demeurer ! Le programme destructeur insidieusement disséminé au sein de la population ressemble, à s’y méprendre, à un cancer qui a presque fini de communiquer aux cellules encore saines de la société sénégalaise son programme de dégénérescence. À terme, si l’on ne procède pas à une ablation des cellules cancéreuses, toute la société sera dévastée par ce cancer qui conduira indubitablement le pays à sa perte.

Pierre Hamet BA.

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NE SOYEZ PAS LÂCHE!

Le pouvoir se prend par les urnes, pas par la rue ni par les armes. Cette stratégie en cours d’exécution n’exclut aucun moyen pour devenir président. On nous a parlé de combat à mort, de perte nécessaire de vies humaines tout simplement pour ne pas répondre d’accusations graves; de résistance à une oppression dont on ne s’est point soucié de definir la nature; de déloger le président de la République du palais par la force de 200 mille mafistants etc… On se croirait en guerre. Est-ce bien cela le projet? Remplacer un système par une anarchie, une jacquerie, une iconoclastie, une tyrannie, un despotisme ? À vrai dire, il semble qu’on doive trouver les raisons de cette dynamique dans tout autre chose que la pure politique. Car ces élections législatives ne valent pas la peine d’autant d’animadversions. Pour qui connaît la politique, cette assemblée risque d’être dissoute en 2024 quel que soit le candidat qui sera élu. En vérité, c’est la pertinence même de ces élections qu’il faudrait poser et ainsi repenser le calendrier electoral de notre pays. Alors pourquoi s’obstiner à faire gorges chaudes? Pour peu qu’on ne soit simple d’esprit, le bon sens voudrait, pour quelqu’un qui se dit majoritaire, d’attendre sagement l’élection presidentielle et de la remporter haut la main si tant est que cette majorité est véritablement effective. Si l’on agit autrement, c’est qu’il y a forcément anguille sous roche.

Pierre Hamet BA.

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NE VOUS FOUTEZ PAS DE NOUS!

En 2016, je m’étais opposé au vote et à l’adoption du projet de nouvelle constitution qui, à plusieurs égards, comportait des incohérences à mes yeux.(cf. https://pierrehametba.com/grain-de-sel-pierre-hamet-ba-repond-a-ismaila-madior-fall/). Qui en étaient les promoteurs? Pour une bonne part, il s’agit de ceux qui, aujourd’hui, s’opposent à l’éventualité d’un troisième mandat alors qu’ils en connaissaient le risque. Tout au moins, je leur en avais parlés. La vérité, c’est qu’ils se foutaient royalement des graves débordements que cela pourraient engendrer dans le pays car appartenant, à ce moment précis, à la mouvance présidentielle. S’ils s’y opposent alors aujourd’hui, c’est par pure fumisterie, mais pas pour défendre un quelconque principe démocratique.

De même, en 2019, j’avais estimé que le conseil constitutionnel avait enfreint la loi en écartant 19 candidats de l’élection présidentielle (cf. https://pierrehametba.com/le-conseil-constitutionnel-a-enfreint-la-loi/). Mais, parce que leur candidature avait été acceptée, pratiquement personne d’entre ceux qui, aujourd’hui, manifestent leur mécontentement de ne pouvoir participer aux élections législatives, n’avait publiquement protesté ni organisé de manifestations au nom de la représentativité, de la diversité des opinions et de la démocratie afin que les candidats alors écartés prennent part à ces élections. Là aussi, ils s’en étaient royalement foutus. Or, Par souci de cohérence, de constance et d’honnêteté, on ne peut dire des décisions de justice qu’elle sont impartiales quand elles nous donnent raison et ensuite les traiter de partiales quand elle nous sont défavorables.

Les récents agissements ne constituent dès lors qu’une finasserie destinée à détourner notre attention. Qu’ils se foutent de la loi, de la justice et de la démocratie est une chose. Mais, de là à se foutre de la population toute entière, il y a tout de même un grand pas à faire. Et, nous ne devons pas le leur permettre. «Quod quidam perquam durum est, sed ita lex scripta est» (Digeste 40, 9, 12, 1). Autrement dit "Dura lex, sed lex" (Domitius Ulpanius): la loi est dure mais c’est la loi.

Pierre Hamet BA.