Catégories
Mon Journal

CORONAVIRUS: DE L’ALLÉGORIE DE L’HOMONCULE AU SOPHISME DE L’EXCEPTION AFRICAINE

Quand bien même le politique africain en aurait une forte nausée, je m’adresse ici aux intellectuels. Pas ceux qui feignent de résoudre des problèmes qu’ils ne peuvent se poser, les petits prostitués de la pensée, les spéculateurs à nulle autre préoccupation que de poser des problématiques abstraites pour ne servir qu’illusions, mirages, mystifications et chimères obnubilantes (Foucault, 1966). Pas ceux qui, « abonnés aux émissions de grande écoute, avalisent et dissèquent le message officiel, comptent les points de part et d’autre tout en se réfugiant derrière une confortable «neutralité» proportionnelle à l’assiduité des médias à leur égard » (Aktouf, 2003). Pas ceux qui se démènent pour le maintien de leur privilège politique. Pas ceux qui, comme le tailleur de la République, ont acquis quelque notoriété que ce soit et en abusent, s’aventurant loin de leur domaine pour critiquer la société au nom d’une conception globale et dogmatique, vague ou précise, moraliste ou marxiste de l’homme, même si Sartre, contrairement à Foucault dont j’épouse pour le moment la perspective, aurait compris le terme « abuser » dans son sens positif (L.D. Godin). Je ne m’adresse pas aux intellectuels, démodés depuis les théories Foucaldiennes, qui se pensent maître de vérité et de justice alors qu’on ne peut plus s’en réclamer puisque la vérité est générée par des systèmes et des structures qui exercent leur emprise sur le sujet. « La vérité est liée circulairement à des systèmes de pouvoir qui la produisent et la soutiennent, et a des effets de pouvoir qu’elle induit et qui la reconduisent » (Foucault 1976).

Je ne parle pas à ceux, en définitive, dont la pensée inactive a pour but tout ensemble de donner un semblant de fondement aux thèses racistes d’un Hegel qui, dans la phénoménologie de l’esprit, dénie tout sens de l’histoire aux noirs que nous sommes ; d’un Raynal qui se demandent s’il n’est jamais tombé dans l’esprit du noir qu’il fallut se donner tant de peine pour se loger, qui pense que l’africain croupit encore dans les premiers âges de l’Humanité, qui soutient que le noir coule des jours inutiles dans une inaction entière sous d’épais feuillages, que fumer, boire, chanter ou danser est le propre de l’africain ; ou d’un Montesquieu stipulant dans de l’esprit des lois qu’il est impossible de supposer que nous soyons des humains car l’on commencerait à croire qu’il n’est pas lui-même chrétien, que « de petits esprits exagèrent trop l’injustice que l’on fait aux Africains car, si elle était telle qu’ils le disent, ne serait-il pas venu dans la tête des princes d’Europe, qui font entre eux tant de conventions inutiles, d’en faire une générale en faveur de la miséricorde et de la pitié ? » Non ! A ces intellectuels de pacotille, je ne m’adresse pas. Ceux-là, avec une énergie surprenante et destructrice reproduisent jusqu’à la caricature les séries de clichés racistes et meurtriers dont les colonisateurs affublaient l’Afrique : nègre barbare, jouisseur, roitelet ; nègre tyrannique, irrationnel, incompétent et donc, incapable de prendre son destin en main.

Je m’adresse plutôt à ceux qui se rendent compte qu’en faisant de l’Afrique une exception mystérieuse dont les africains se gaussent volontiers, car pour une fois, le continent noir déjoue les pronostics ; je parle à ceux qui savent pertinemment qu’en n’essayant pas de trouver une explication à la raison pour laquelle l’Afrique semble être plus résistante au coronavirus que tous les autres continents confondus ; j’interpelle ceux qui ne doutent point qu’en feignant de jeter les bases d’une réflexion scientifique qui nous permettrait de concevoir des orientations politiques et stratégiques cohérentes, opérationnelles et satisfaisantes, nos dirigeants, avec la complicité de l’occident et des médias dominants, nous coupent l’herbe sous le pied pour nous installer dans une insouciance commode et complaisante qui nous dispense d’efforts intellectuels et d’actions salutaires quand à l’endiguement de la pandémie sur nos terres. Il n’y a pour ma part pas d’exception africaine qui ne trouve pas de fondements scientifiques cohérents. J’en ferai la démonstration dans ma prochaine publication… (A suivre)

PIERRE HAMET BA.

Catégories
Mon Journal

A L’ANGLE DU BOULEVARD ET DE L’AVENUE

Je vois une dictature inavouée s’ingénier dans les interstices du pouvoir. Je vois avec indignation que la censure dramatique va être rétablie et la liberté de la presse abolie (…). Les représentants du peuple ne sont autres qu’un tas immonde de vendus. Leur vue c’est l’intérêt, leur penchant la bassesse, leur honneur est un orgueil stupide, leur âme un tas de boue ; mais un jour, jour qui arrivera avant peu, le peuple recommencera la troisième révolution ; gare aux têtes, gare aux ruisseaux de sang (…). Oui, notre siècle est fécond en sanglantes péripéties (Flaubert). Je vois des milliers de gens s’amasser devant des grilles majestueuses à l’angle du boulevard et de l’avenue. Je vois les jeunes et les vieux chômeurs qui, depuis huit ans maintenant, se sont inscrits dans les livres de la fonction publique sans jamais avoir été appelés, ne serait-ce que pour un entretien. Je vois les retraités presque moribonds dont la pension ressemble plus à une aumône qu’à une digne indemnité pour service honorablement rendu à la nation. Je vois les anciens combattants abandonnés à leur sort et les blessés de guerre laissés pour compte alors qu’ils ont défendu le drapeau avec véhémence. Je vois les instituteurs et les enseignants dont les revendications n’ont pas été satisfaites alors qu’elles sont maintenant presque séculaires, certaines datant des états généraux de l’éducation et de la formation de 1981 sans que les multiples colloques de Kolda (1993), de Saint Louis (1995), les séminaires de Bambey et de Gorée et les récentes assises de l’éducation et de la formation (2014) ne puissent y apporter des solutions définitives. Je vois les élèves et étudiants dont l’avenir s’assombrit de plus en plus faute d’un cadre éducatif cohérent et en harmonie avec leurs aspirations. Je vois les rapatriés de « l’eldorado » européen qui ont bravé les océans sans même savoir nager. Je vois les femmes de ménage qui ne bénéficient d’aucune protection sociale. Je vois les commerçantes et les commerçants dont les marchés hebdomadaires sont fermés sans qu’aucune autre alternative ne leur soit proposée. Je vois les transporteurs dont les revenus ont été drastiquement réduits par des mesures inopérantes. Je vois les artistes qui ne parviennent plus à vivre de leur art faute de scènes de prestation. Je vois les restaurateurs, les hôteliers, leurs fournisseurs et leurs employés qui ne savent plus à quel saint se vouer. Je vois les agents de l’administration frustrés par le favoritisme ambiant et les multiples injustices qui minent l’évolution de leur plan de carrière. Je vois les politiciens désavoués pour crime de lèse-majesté. Je vois les magistrats et auxiliaires de justice outrés par la lourde pression constante qui ne leur permet plus de rendre une justice à la hauteur de l’équité sociale. Je vois les pêcheurs qui n’arrivent plus à trouver du poisson à cause des navires étrangers qui raclent les fonds marins. Je vois les agriculteurs jetés en pâture à la mondialisation sans qu’ils ne puissent écouler leur production, ni ici ni ailleurs. Je vois les militaires, policiers, gendarmes, douaniers et sapeurs dont les conditions de travail frôlent l’asservissement. Je vois les industriels qui croulent sous le poids des importations. Je vois les médecins, infirmiers et acteurs de la santé croupir sous le manque drastique de moyens. Je les vois tous présents à l’appel de la survie, dégoûtés autant qu’ils sont d’avoir été subornés. Je les vois scander ton nom à l’unisson tout comme le firent tes partisans ce fameux grand soir charriant ce qui s’apparentait à un cadavre. Je vois tes proches rallier ce suppositoire topographique sur une pirogue de fortune. Je vois tes partisans raser les murs, des responsables, élus et collaborateurs déserter les rangs pour se joindre à la masse. Je la vois, elle me semble de plus en plus en plus inévitable, elle se dessine, s’approche et maintenant presse le pas pour rendre leur vie à la population. Cessez donc de les prendre pour des lâches incapables de bouleversement et vous l’arrêterez peut-être, sinon gare à vous car ce que je vois, à l’angle du boulevard et de l’avenue, c’est une chute vertigineuse, violente et subite.

Pierre Hamet BA

Catégories
Mon Journal

DIEU EST NECESSAIRE

Et, l’homme créa dieu. Il en fit une construction imaginaire méta humaine, quelque chose comme un être total infaillible, régent des âmes, invisible mais omniprésent, omnipotent mais insaisissable, omniscient car créateur résolu de l’homme et du multivers dans lequel il se meut. La volonté divine est pour ainsi dire le commencement et la fin de toute chose. Rien ne lui préexiste. Rien ne lui échappe. Tout ce qui est, est donné. Tout ce qui advient est nécessaire et inévitable au terme de l’histoire. Le monde est pour ainsi dire sous le joug divin et tout ce qui s’y passe n’est autre que la finalité de la volonté divine. L’irresponsabilité humaine puise donc sa source originelle en cette croyance en une force ou en un esprit, c’est selon, qui déroulerait un programme préétabli, imperfectible et irréversible dans le déroulement du duopole espace-temps. Ainsi partant, toutes les actions humaines, croit-on sans trop y croire, portent la marque de la volonté divine. Dans cet ordre d’idée, dieu est responsable de tout, même de nos propres actions. Peu importe qu’elles soient critiquables par une morale, la notion elle-même étant sujet à polémique, l’homme a trouvé une échappatoire. Il se débarrasse ainsi de l’embarras de la culpabilité pour trouver en la notion de volonté divine et dans le concept de destin, la justification de ses plus surannés actes inscrits dans l’histoire. Ainsi en a-t-il été des croisades, des grandes invasions, de la croyance en une race arienne supérieure qui conduisit à l’holocauste. C’est aussi la justification première de l’esclavage, de l’impérialisme européen, du racisme et maintenant du terrorisme. Dieu est nécessaire.

Chaque fois que l’homme a eu la prétention de le représenter sur terre, il a pris les armes. S’en suit une idée dite juste dont la conséquence est la destruction de l’homme par l’homme. Qu’à cela ne tienne, Dieu décide des pensées de tout homme, des conditions d’existence de chacun. Il a une vue imprenable sur tout, un projet pour tous et une destinée pour tout un chacun. Dieu à bon dos. Les textes liturgiques ont ceci en commun qu’ils ont fait de lui un étant. « Dieu créa l’homme à son image ». Il en résulte que l’homme porte en lui une part de divinité. Selon la plus large acception de cette assertion, tous les hommes sont les membres d’une seule et même famille car descendant d’Adam et d’Eve. Les hommes sont donc tous égaux. Mais cette égalité n’est pas factuelle. Elle est plutôt une sorte de construction humaine en vertu de laquelle la religion se désintéresse de l’ici-bas pour se hisser dans un au-delà confortable où elle ne peut être reprochable. On fait donc du salut des âmes, un contrat divin, le seul engagement de la divinité. Alors, quand bien même Dieu préside à l’univers et aux destinées respectives des hommes, la religion prend bien soin de lui garder ses distances quant à l’égalité des hommes sur terre. C’est le libre arbitre, notion qui va définitivement sceller le sort humain dans un petit royaume subjectif appelé choix qui, en dernier ressort, sera la justification à priori de toutes les inégalités. Sinon comment comprendre la domination de l’homme par l’homme consacrée par la religion qui, elle-même, considère sa création à l’image de dieu ?

« C’est la théologie elle-même qui se charge de nous fournir une partie de la réponse : le salut des âmes étant le seul souci de la religion chrétienne, la dévolution des pouvoirs ici-bas ne l’intéresse pas. Parce qu’il considère uniquement l’égalité devant Dieu, le christianisme s’accommode fort bien des inégalités terrestres : « Rendez à César ce qui est à César », car mon royaume n’est pas de ce monde ». La seule affaire qui ait de l’importance, c’est celle du salut éternel des âmes, et les contingences de la vie qui se déroule ici-bas n’en ont aucune[1] ». On voit ici pointer la notion de différences de nature entre les hommes qui sera chevillée comme principe irréductible pour justifier le droit qu’ont certains hommes sur d’autres. L’égalité des hommes qu’on croit universelle n’a donc de ce sens que métaphysique. Nous ne sommes égaux que devant dieu. En ce sens, les atrocités dont l’homme reste l’objet ne peuvent être dédouanées sous le prisme de la théologie. Mais parce que la position religieuse est ambivalente, l’homme, irresponsable au sens que dessus, se dédouane en se réfugiant derrière une divinité dont il peine encore à prouver l’existence. Ni les théologiens, ni les philosophes, ni les scientifiques n’ont pu circonscrire les origines divines des inégalités terrestres. Bien sûr, la théologie s’exempte de la tâche…

PIERRE HAMET BA
Extrait III des Entretiens avec moi-même.
II. DE L’ANTHROPOLOGIE DU SALUT

Catégories
Mon Journal

CES FOUS QUI NOUS GOUVERNENT FONT LA LOI

RÉGRESSION. En lieu et place de nous protéger, la loi nous effraie donc. Curieux paradoxe ! Mais encore plus curieux cette propension à parquer l’humanité comme l’on parquerait le bétail à la tombée de la nuit. Le politique se la joue encore pasteur (agelaiokomikè) d’un cheptel animal, nourrisseur (trophè) et soigneur (therapeuein), les mêmes notions platoniciennes dans le Gorgias et le Politique, aujourd’hui fortement remises en cause – depuis la réflexion épistémologique entreprise par Averroès sur l’analogie tout aussi aristotélicienne et socratique entre médecine et politique – opposant un art des cas (la médecine) et un art des codes (la politique) dans un corps à corps dont l’aboutissement dialectique maladroit avait fini de définir la politique comme la science gnostique auto-épitactique du pastorat des troupeaux humains (L. Gerbier 2003). La régression du politique au sens psychiatrique du terme est frappante et inquiétante. Machiavélique, il se réclame ; le prince, son Nord. Mais n’a-t-il pas lu le florentin de travers avec un esprit si naïf qu’incapable de faire la part des différences essentielles entre machiavélique et machiavélien ?

Sous le dehors de ses atours aux prétentions équitables, la loi, sous l’elfe politique, est violente. Elle prétend à l’universalité c’est-à-dire à sa capacité à s’appliquer de la même manière sur tous et partout où besoin est. Or, nous venons de le voir, telle prétention semble aberrante. L’idée d’une construction juridique absolue, immuable, rigide et valable pour tous, en tout temps et en toute circonstance, a toutes les chances d’être une religion. Parce qu’elle déifie la loi en même temps qu’elle fossilise la nature humaine et suggère que le citoyen ne peut, dans le déroulement du duo-pôle espace-temps, évoluer et transformer son environnement. Or, il est difficile de croire que le citoyen a un contenu statique.

Si alors la loi doit être considérée comme une vérité universelle, et donc immuable quelque soit le citoyen en prise, alors que l’idée de ce qui est conforme à la loi peut changer d’âge en âge, alors il faut s’attendre, un âge ou un autre, à ce que la loi ait tort. Il n’y a pour ainsi dire pas de raison que la loi instituée par le citoyen, ne puisse satisfaire aux exigences du citoyen. Ce serait figer le citoyen dans le temps. Or, puisqu’aucune époque passée n’a eu tout à fait l’idée de la loi qui prévaut aujourd’hui, il devrait s’ensuivre ou bien que nous ayons tort dans tous nos jugements, ou bien que toutes les époques passées se soient trompées. Evidemment, cette dernière hypothèse va dans le sens d’une croyance qui implique que toutes les époques passées s’efforçaient de devenir ce que nous sommes. Pourtant, il est vraiment difficile de prétendre que les gens du passé se trompaient quand ils vivaient leur vie comme nous vivons maintenant la nôtre (McEvilley 1998).

Si d’un autre côté, nous admettons que la loi est relative et qu’elle change avec le temps, alors, nous pouvons considérer que chaque époque a raison en son temps et à sa manière. Si donc la loi doit avoir une validité donnée ou universelle, elle ne le peut qu’en impliquant une conception totalitaire et artificialiste d’elle-même. La loi ne peut s’arrêter ainsi à une norme posée par la volonté humaine. Car, si l’on admet que la loi ne peut exister que s’il existe déjà une loi, alors la loi, si tant est que son objectif est d’être positive, ne saurait avoir de valeur juridique qu’à condition d’avoir été produite en vertu d’une norme qui lui est supérieure. Or, il n’existe pas au sein de l’histoire de norme supra ou méta légale qui ait été posée. Il doit donc exister une norme située au-dessus de la loi qui n’a pas de réalité empirique, c’est-à-dire linguistique, tout en étant juridique.

Selon la thèse kelsenienne de la norme fondamentale, une telle norme existe bel et bien. Mais elle ne peut être que supposée. Or, à moins que ce ne soit dans le cadre théorique dualiste pure relatif à la césure ontologique entre l’être et le devoir être que Kelsen à dessiner dont, par ailleurs, découlent des implications logiques et épistémologiques, on ne peut fonder la loi sur la base d’une simple hypothèse. Au dualisme kelsenien toutefois fondé en théorie pure, nous pouvons dès lors opposer la « thèse sociale » d’autant plus que d’un être, il est pratiquement impossible de déduire logiquement un devoir être. C’est la conclusion du philosophe écossais David Hume selon qui, la connaissance de la nature ne nous permet pas d’aboutir, par simple déduction, à des lois « scientifiques » de la conduite humaine.

Sous ce prisme, la loi perd donc tous ses fondements logiques « pour devenir le simple effet d’un ensemble de pratiques sociales en vertu desquelles certaines décisions sont acceptées, au sein d’un groupe, comme l’application légitime de normes juridiques, lorsqu’elles sont produites dans certaines conditions. La normativité provient alors de ce que, dans certaines circonstances et sous certaines justifications, certaines institutions disposent, de fait, d’une certaine autorité leur permettant de justifier certaines décisions en les mettant en relation avec des énoncés » (M. Lamballais, 2018). Ainsi, « le système juridique n’est alors pas autre chose qu’un système de justification » (M. Troper, 1994). Comment alors appréhender l’idée d’une loi suprême qui s’imposerait en tous temps et en tous lieux à tous les hommes nonobstant leurs différences multiples comme singulières, supérieure à toutes les autres formes de loi, sans que ce ne soit d’une divine émanation ? Prétendre à l’universalité de loi n’a pour ainsi dire aucun autre effet sinon que de permettre au politique de s’en saisir non pas comme un fait social inscrit dans l’histoire, mais comme la justification si ce n’est la légitimation à priori par le sceau divin de toutes ses exactions.

Pierre Hamet BA.

Extrait II des entretiens avec moi-même

1. De l’anthropologie de la loi.

Catégories
Mon Journal

LA LOI NE VAUT RIEN. Entretien avec Moi-même. Extrait 1.

La loi ne vaut rien. Exempte de discussions impartiales préalables au sein d’une assemblée dont les membres, représentant la société toute entière, feraient fie de leur singulière appartenance respective, qu’elle soit politique, ethnique, communautaire ou régionale ; impudemment présentée à un petit royaume d’esprits, plus simples les uns les autres ; partialement adoptée par des godillots insidieusement préposés au plébiscite de toute propension absolutiste; hardiment promulguée par un hideux malotru insolent et sournois, plus soucieux de ses intérêts propres que des affreuses conditions d’existence sociale ; la loi, de fait porteuse d’une désespérance Kierkegaardienne, n’a aucune déterminité transcendante. Elle s’exprime avec force puisque force lui reste. Elle n’a donc de réalité qu’immanente et coercitive puisqu’elle ne prospère que par la peur des populations déjà angoissées qui se consacrent à survivre dans le désarroi d’un désespoir toujours grandissant plutôt qu’à précipiter une douloureuse mort, lente mais certaine au terme des conditions exécrables d’existence : les leurs. Qu’elles désobéissent, qu’elles défient l’autorité ou qu’elles protestent en couvrant de feu les rues de la cité ne semble être que l’expression salutaire d’une thérapie de groupe, une réponse en quelque sorte encore loin de se hisser à la hauteur de l’indifférence à leur condition d’existence sociale dont fait montre le politique. On voit pointer ici, dans une certaine mesure, quelque chose comme la troisième loi de Newton selon laquelle « l’action est toujours égale à la réaction ; c’est-à-dire que les actions de deux corps l’un sur l’autre sont toujours égales et de sens contraire ». Le corps à corps actif ou passif, violent ou calme, sensible ou indolore semble pour ainsi dire inévitable. Tout au moins, le débat, primordial en démocratie si tant est qu’il est contradictoire, pourra y joindre le politique au cœur et enfin sonner le clap de ce simulacre de démocratie au sein de laquelle le citoyen est un spectateur, non un acteur, qui n’a de droit que de jeter un bulletin dans l’urne à intervalle régulier, de choisir un politique parmi tant, puis de retourner chez lui, consommer, regarder la télé et surtout ne pas déranger. Un instrument docile de consommation, passif, obéissant, ignorant et programmé, c’est à quoi le politique a réduit le citoyen. Il l’a détourné vers des buts inoffensifs, usant de la loi pour écraser ses sentiments normaux, somme toute, incompatibles avec ses desseins tyranniques. Pour le moins, les balbutiantes sautes d’humeur citoyennes se comprennent comme les fumerolles d’un magma social en perpétuelle fusion.

La loi, déficiente donc en ce qu’elle procède unilatéralement et presque exclusivement par la contrainte, est pour ainsi dire mise au défi par un corps social déjà bien éprouvé. Que ces manifestations d’humeur soient spontanées et soutenues par ceux que le politique pâture comme des bêtes n’est pas fortuite. Dans la douleur, les bêtes du politique ont appris à faire corps comme une communauté politique de la même manière que, dans son approche épistémologique de la politique et de la médecine, Averroès, reprenant à son compte les thèses dialectiques platoniciennes sur le sujet, stipule que la disposition à la communication entre les parties et le tout de la communauté politique est semblable à la disposition à la communication entre les parties du corps animal et le tout de ce corps, pour la douleur comme pour le plaisir. Ainsi tout le corps se plaint alors qu’un seul doigt souffre de quelque manière, de sorte que l’affliction est dans tout le corps, et l’on dit qu’il est malade, et la disposition est la même pour la joie et le plaisir. […] Et tel est le plus grand bien de la communauté politique, à savoir que ses parties et son tout soient semblablement affectés par la joie ou par l’adversité, comme dans la disposition des membres du corps unis avec le corps (Averroès Exp., I, xxvii, 2-4, p. 52). Se perçoit alors d’un côté, la communauté de ceux qui ressentent le mal ; et de l’autre, celle de ceux qui, sous le couvert du manteau de la loi, le leur ont affligé pour ne point le ressentir. Les médecins-politiques peuvent alors « tuer ou exiler celui-ci ou celui-là pour purger et assainir la cité, exporter des colonies comme on essaime des abeilles ». De telles choses seraient justes au nom de la loi car conformes à celle-ci. Or, parce qu’« elle ne sera jamais capable de saisir ce qu’il y a de meilleur et de plus juste pour tous, de façon à édicter les prescriptions les plus utiles, [la loi ne vaut rien] car la diversité qu’il y a entre les hommes et les actes, et le fait qu’aucune chose humaine n’est, pour ainsi dire, jamais en repos, ne laissent place, dans aucun art et dans aucune matière, à un absolu qui vaille pour tous les cas et pour tous les temps (294b).

Pierre Hamet BA.

Extrait des entretiens avec moi-même

1. De l’anthropologie de la loi.

Catégories
mon actualité

« LA PAROLE GOUVERNE LE MONDE » DU DR. CHEIKH OUMAR DIALLO

Parution prochaine aux Editions EAO LIVRE du deuxième ouvrage du Dr Cheikh Oumar Diallo.

A découvrir chez votre libraire ce 01er Septembre 2020.

Catégories
Mon Journal

LA RAISON DES JALOUX

La convoitise est le propre de l’homme. La jalousie est le fait de personnes qui pensent valoir plus que nous, qui auraient aimé être à notre place sans pour autant vouloir être ce que nous sommes, qui nous sommes et sans être prêtes à vivre les expériences que nous avons vécues.

Beaucoup d’entre-nous s’imaginent être plus valeureux parce qu’ils sont bien nés, parce qu’ils sont de connivence avec une certaine catégorie sociale qui leurs font faveur de titres, positions et privilèges. Or, soustraits de leurs titres, positions et privilèges, leurs connaissances, leurs compétences et leurs valeurs intrinsèques n’égalent pas la hauteur d’un nain. Mais parce qu’ils se considèrent au dessus de la mêlée sans pour autant se sortir du cafouillage social, ils ont des projets pour nous. Mais des projets dans lesquels nous devons jouer les seconds rôles, être à leur service ou même leur faire gagner plus de biens et de privilèges parce que pensent-ils la société verticale; quelque chose comme un axe orthonormé sur lequel nous occupons la partie inférieure à zéro.

S’il leur arrive alors de reconnaître nos compétences et nos valeurs autres que celles dont ils se prévalent, ce n’est que parce que le temps est venu pour eux de se rendre compte qu’ils ont confondu notre humilité à une faiblesse, notre silence à une ignorance et notre intégrité à un manque d’ambition. Ce sont pour ainsi dire des opportunistes qui ne reculent devant rien serait-ce leur propre bêtise. Ils sont prêts à lécher nos bottes jusqu’à ce qu’ils parviennent à nous planter un couteau dans le dos. Soit par la délation, soit par la trahison de confiance.

Ne vous prevalez donc pas de vos titres car ils ne préjugent ni de vos qualités humaines, ni de vos compétences encore moins de votre apport au terme de l’histoire. Jamais je n’ai entendu les noms de Einstein, hawkin, Sarte, Heidegger, Veil, Descartes, Hegel ou encore plus prêt de nous, les noms de Senghor et de Cheikh Anta précédé d’un titre. Leur reconnaissance provient plus de leur travaux que d’une bandoulière qui justifieraient leur qualité intellectuelle.

Débarassez-vous donc pas de vos bandoulières, positions et privilèges car ils ne traduisent pas qui vous etes, ni ce que vous êtes capables d’accomplir mais juste qu’un système vous a reconnu ou alors qu’une personne à placer en vous sa confiance pour des raisons qui lui sont propres et qui jurent le plus souvent d’avec vos compétences. De connivence et de circonstance vous êtes en poste mais ne croyez pas votre intelligence nanométrique supérieure au peuple dont la somme des intelligences réduit la vôtre à l’infinitésimale.

Arrivistes, jaloux, heineux, envieux, j’ai des défauts et des qualités comme tout être humain. Mes défauts, j’essaye de les parfaire. Mes qualités, je les sublime pour affranchir ma communauté des tares qui plombent son évolution. Je suis, comme la majeure partie du peuple, un sénégalais en détresse qui tente de rendre son environnement meilleur qu’au jour de sa naissance. Et je mourrais heureux car, en toute occasion, j’ai essayé autant que faire se peut de rendre mon prochain heureux et de l’aider à aller de l’avant.

Amitiés de circonstance, ne soyez donc pas jaloux car vous n’aimeriez pas être à ma place, vivre mon enfance, expérimenter ma jeunesse, affronter mes peurs, relever mes défis, vivre mes angoisses et ne point être capables de vous extasier. Je porte un lourd sacerdosse qui ne donne pas de satisfaction définitive, seulement des instants de bonheur de voir la dimension de l’autre s’accomplir dans la dignité humaine.

Je vous aime bien.

Pierre Hamet BA.

Catégories
mon jourmal

LA RAISON DES JALOUX

La convoitise est le propre de l’homme. La jalousie est le fait de personnes qui pensent valoir plus que nous, qui auraient aimé être à notre place sans pour autant vouloir être ce que nous sommes, qui nous sommes et sans être prêtes à vivre les expériences que nous avons vécues.

Beaucoup d’entre-nous s’imaginent être plus valeureux parce qu’ils sont bien nés, parce qu’ils sont de connivence avec une certaine catégorie sociale qui leurs font faveur de titres, positions et privilèges. Or, soustraits de leurs titres, positions et privilèges, leurs connaissances, leurs compétences et leurs valeurs intrinsèques n’égalent pas la hauteur d’un nain. Mais parce qu’ils se considèrent au dessus de la mêlée sans pour autant se sortir du cafouillage social, ils ont des projets pour nous. Mais des projets dans lesquels nous devons jouer les seconds rôles, être à leur service ou même leur faire gagner plus de biens et de privilèges parce que pensent-ils la société verticale; quelque chose comme un axe orthonormé sur lequel nous occupons la partie inférieure à zéro.

S’il leur arrive alors de reconnaître nos compétences et nos valeurs autres que celles dont ils se prévalent, ce n’est que parce que le temps est venu pour eux de se rendre compte qu’ils ont confondu notre humilité à une faiblesse, notre silence à une ignorance et notre intégrité à un manque d’ambition. Ce sont pour ainsi dire des opportunistes qui ne reculent devant rien serait-ce leur propre bêtise. Ils sont prêts à lécher nos bottes jusqu’à ce qu’ils parviennent à nous planter un couteau dans le dos. Soit par la délation, soit par la trahison de confiance.

Ne vous prevalez donc pas de vos titres car ils ne préjugent ni de vos qualités humaines, ni de vos compétences encore moins de votre apport au terme de l’histoire. Jamais je n’ai entendu les noms de Einstein, hawkin, Sarte, Heidegger, Veil, Descartes, Hegel ou encore plus prêt de nous, les noms de Senghor et de Cheikh Anta précédé d’un titre. Leur reconnaissance provient plus de leur travaux que d’une bandoulière qui justifieraient leur qualité intellectuelle.

Débarassez-vous donc pas de vos bandoulières, positions et privilèges car ils ne traduisent pas qui vous etes, ni ce que vous êtes capables d’accomplir mais juste qu’un système vous a reconnu ou alors qu’une personne à placer en vous sa confiance pour des raisons qui lui sont propres et qui jurent le plus souvent d’avec vos compétences. De connivence et de circonstance vous êtes en poste mais ne croyez pas votre intelligence nanométrique supérieure au peuple dont la somme des intelligences réduit la vôtre à l’infinitésimale.

Arrivistes, jaloux, heineux, envieux, j’ai des défauts et des qualités comme tout être humain. Mes défauts, j’essaye de les parfaire. Mes qualités, je les sublime pour affranchir ma communauté des tares qui plombent son évolution. Je suis, comme la majeure partie du peuple, un sénégalais en détresse qui tente de rendre son environnement meilleur qu’au jour de sa naissance. Et je mourrais heureux car, en toute occasion, j’ai essayé autant que faire se peut de rendre mon prochain heureux et de l’aider à aller de l’avant.

Amitiés de circonstance, ne soyez donc pas jaloux car vous n’aimeriez pas être à ma place, vivre mon enfance, expérimenter ma jeunesse, affronter mes peurs, relever mes défis, vivre mes angoisses et ne point être capables de vous extasier. Je porte un lourd sacerdosse qui ne donne pas de satisfaction définitive, seulement des instants de bonheur de voir la dimension de l’autre s’accomplir dans la dignité humaine.

Je vous aime bien.

Pierre Hamet BA.

Catégories
Mon Journal

L’AFFAIRE DIACK ET LE PROCÈS DE POUTINE: La Vitrine Politique des Jeux

Quand bien même le CIO s’en défend, les Jeux Olympiques ne sont pas neutres. Les olympiades de 1968 tenues à Mexico demeurent sans nul doute la meilleure illustration, pas seulement des enjeux géopolitiques et du caractère très politique des jeux olympiques mais aussi et surtout de leur influence dans les changements sociopolitiques de notre époque.

Il y eut beaucoup de première fois à Mexico 68. D’abord parce que la sprinteuse mexicaine Enriqueta Basilio devient la première femme à allumer la vasque olympique, signe de l’aube d’une évolution de la condition de la femme dans le monde. Ensuite parce qu’allaient y participer l’Allemagne de l’Ouest et l’Allemagne de l’Est qui repart avec 25 médailles et termine cinquième, trois rangs devant sa grande rivale de l’ouest. Mais aussi c’est la première fois que tous les finalistes du 100m sont des Noirs. Et, contre toute attente, il y eut cette finale du 200m du 16 octobre alors que les JO de Mexico, diffusés en direct à la télévision et pour la première fois en couleurs, prennent une dimension mondiale en reflétant les agitations et les transformations de l’époque. Ce qui s’y produisit ce jour là est considéré comme l’une des manifestations politiques les plus importantes de l’histoire des Jeux olympiques modernes.

En effet, le noir américain Tommie Smith venait de battre le record du monde en 19,83 pour devancer l’Australien Peter Norman et son compatriote tout aussi noir, John Carlos. "Sur le podium, les deux Noirs américains ont déposé leurs chaussures à leur côté, en signe de pauvreté. Chaussettes noires aux pieds, ils baissent la tête et lèvent un poing ganté de noir quand retentit leur hymne national et que la bannière étoilée monte aux mâts, alors que Norman, en signe de solidarité, porte lui aussi le badge «Olympic Project for Human Rights» («Projet olympique pour les droits de l’homme»). Sifflés et hués par une partie du stade, ils deviendront des parias.

L’atmosphère est d’ailleurs chargée d’électricité lorsque Smith et Carlos se présentent dans une salle où sont entassés près de 400 journalistes. "Nous sommes noirs et nous sommes fiers d’être noirs. l’Amérique blanche ne nous reconnaît qu’en tant que champions olympiques, mais l’Amérique noire a compris pourquoi mon poing ganté de noir était levé vers le ciel. L’Amérique noire toute entière était derrière nous. Ils ont dit qu’un Américain avait gagné la course. Si j’avais fait quelque chose de mal, ils auraient dit qu’un nègre avait couru.", affirme Smith. «Le poing fermé symbolisait l’unité du peuple noir», détaille ensuite Carlos, avant de faire une déclaration «à la presse du monde entier» : «Quand nous sommes montés sur le podium, on nous a applaudis comme si nous étions des animaux ou des chevaux de course qui avaient bien fait leur travail. Mais nous ne sommes pas des animaux qui ne savent pas réfléchir après une course. Nous voulions vous prouver que nous n’étions pas des animaux noirs. Quand nous avons levé le poing, nous avons entendu des tas de Blancs nous huer. Ils nous traitaient jusqu’à présent de “braves garçons”. Mais nous ne sommes pas de braves garçons ou de braves animaux que l’on récompense par des cacahuètes. S’ils ne s’occupent pas de ce que les Noirs pensent en temps normal, qu’ils ne viennent pas voir les Noirs courir en public.»

Plus tard dans la soirée, les responsables de l’équipe américaine s’emportent et leur réplique à l’attitude des athlètes, qui seront exclus à vie des Jeux, est glaciale. «Il faut simplement passer la main, oublier», assure Carl Roby, président du Comité olympique américain. «Ils se sont conduits en gamins et se sont plus ridiculisés eux-mêmes qu’ils ne nous ont ridiculisés. Ils veulent lever le poing, qu’ils le lèvent donc. Ils veulent se déchausser, qu’ils marchent pieds nus. Ces agissements enfantins ne nous touchent en aucun cas. […] Nous n’en discuterons même pas lors de notre prochaine réunion. Nous ne nous en souvenons déjà plus.» L’histoire, elle, s’en souviendra. «Il se passait tant de choses dans le monde qu’on devait tous y porter attention», se rappelle la sprinteuse américaine Wyomia Tyus, médaillée d’or sur 100 mètres et 4 X 100 m, qui dédiera cette dernière victoire à Smith et Carlos".

Apres cet événement hautement politique de Mexico 1968 qui reflétait les bouleversements sociaux qu’experimentait déjà le monde (mai 68), il y eut lors des jeux de 1972, la tuerie de Munich qui révèlait l’engrenage du conflit israélo-palestinien. Un commando de l’organisation terroriste palestinienne « Septembre noir » s’introduit dans le village olympique avant de prendre en otage des membres de la délégation israélienne. Cette prise d’otage, suivie en direct à la TV, a conduit à la mort de 17 personnes.

A Montréal en 1976, les cinq médailles dont trois d’or et le score parfait (10) de Nadia Comaneci, gymnaste roumaine, contribuent fortement à dédiaboliser le régime communiste roumain. Le journaliste Jean-Jacques Bozonnet déclare ainsi : « De Mussolini à Ceausescu en passant par tous les pays du bloc soviétique, tous les dirigeants ont cherché à jouer sur la fibre nationale sportive.». (A Suivre…)

Pierre Hamet BA.

Catégories
Mon Journal

L’AFFAIRE DIACK ET LE PROCÈS DE POUTINE: Au delà des Jeux Olympiques.

Voilà maintenant cinq longues années que j’étudie avec un intérêt tout particulier le procès intenté principalement contre Lamine et Pape Massata Diack. Présentée au monde comme une sordide affaire de corruption, il me semble, au terme du procès puisqu’aucun élément à charge vraisemblablement indiscutable n’a été apporté par l’accusation pour étayer sa thèse de manière irréfutable, que Lamine Diack, noir africain de son état, est victime de son aura, de son audace, de sa réussite qui ne souffre d’aucun doute d’être parvenu à démocratiser les jeux olympiques en les affranchissant du joug occidental; mais aussi et surtout, le digne fils d’une Afrique toujours considérée comme la partie inferieure de l’humanité paye au prix fort, le cran qu’il a eu d’organiser et de réussir avec brio une des plus belles manifestations olympiques internationales au pays de Vladimir Poutine, sacralisant ainsi, 25 ans seulement après la chute du mur de Berlin, le retour de la toute puissante nouvelle Russie au premier rang mondial.

Bien que Pierre de Coubertin, pour donner un caractère neutre aux jeux olympiques qu’il a remis au goût du jour en 1894, s’est fortement appuyé sur le fait que, dans les cités grecques, la trêve militaire était de rigueur le temps des jeux, on parlait alors de Trêve olympique ou Ekecheira, force est de reconnaitre que l’histoire contemporaine des jeux olympiques est empreinte d’enjeux politiques, géopolitiques et geostrategiques.

En effet, l’organisation des olympiades revêt une opportunité unique pour le pays hôte d’affirmer sa place dans le concert des nations du monde. C’est donc avant tout, un investissement politique, un projet gouvernementale plutôt que sportif. L’image du sport est pour ainsi dire utilisée pour démontrer le rayonnement et la compétitivité d’un pays face à ses pairs. Mais aussi pour énoncer le désaccord d’un pays sur la politique étrangère d’un autre ou sur ses agissements politiques internes: c’est l’histoire des boycotts des olympiades, apparus pour la première fois lors des jeux de Melbourne en 1956. L’Egypte, le Liban et l’Irak refusent d’y participer en réponse à l’intervention franco-britannique sur le canal de Suez. Les jeux de Moscou en 1980 sont tout aussi largement boycottés car l’URSS venait d’envahir l’Afghanistan.

Les boycotts sont donc la justification première des tensions géopolitiques qui accompagnent l’attribution et l’organisation des olympiades. Mais pas seulement. Il y a aussi les enjeux du rayonnement international. Les jeux sont donc considérés comme une démonstration de puissance qui témoigne du bouleversement de l’ordre mondial. De la domination de l’occident au gigantisme des Jeux de Pékin en 2008, puis à l’attribution au Brésil en 2016, comme reconnaissance d’un monde multipolaire, les jeux olympiques restent l’une des plus grandes opportunités géopolitiques contemporaine, si ce n’est la plus grande.

C’est la principale raison pour laquelle les attributions et les participations revêtent une signification politique internationale. Les dynamiques géopolitiques s’y observent. "L’attribution des jeux de 1960 à Rome puis de 1964 à Tokyo apparaissent comme le signe hautement politique d’un pardon accordé aux vaincus de la Seconde guerre mondiale. L’autorisation de participer est elle aussi politiquement significative. L’Allemagne et le Japon n’en ont pas le droit après la Seconde guerre mondiale. L’Afrique du Sud est interdite dans les années 60 par rapport à l’Apartheid, puis l’Afghanistan en 1999 car les Talibans interdisent toute pratique sportive aux femmes" (C. Beguin, 2017).

On ne peut donc nier qu’il ne sagit plus de simples Jeux Olympiques où les athlètes couronnés de gloire revenaient chez eux comme des dieux. Bien au contraire, à la vue des faits historiques qui temoignent des enjeux politiques concomitants aux olympiades, on peut affirmer qu’il s’agit de jeux géopolitiques. Et, il y a plusieurs arguments en faveur de cette thèse. (A Suivre…)

Pierre Hamet BA.