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L’OCCIDENT, LA RUSSIE ET L’AFRIQUE: AU DELÀ DE LA CRISE UKRAINIENNE

La guerre en Ukraine a soudainement alimenté une abondante réflexion sur la position que l’Afrique devrait adopter et, notamment, eu égard à leur forte dépendance aux importations et aux fluctuations des taux de change, sur la manière dont les pays africains pourraient s’en sortir si l’inflation mondiale, annoncée depuis le début des affrontements, venait à se concrétiser. Ces problématiques qui nous paraissent nouvelles auraient cependant dû s’inviter bien plus tôt à la réflexion stratégique portant sur la place de l’Afrique dans la géopolitique internationale contemporaine qui, de plus en plus, peine à s’ajuster entre le monde bipolaire de la guerre froide devenu unipolaire à la suite de la chute du mur de Berlin et le monde multipolaire, conséquence possible mais encore incertaine qui émerge des manœuvres et tensions économiques, géopolitiques et militaires entre Washington, l’Union Européenne et les BRICS ?

I. LE MONDE BIPOLAIRE

L’Afrique est on ne peut plus soustraite des mémoires de la guerre froide. Pourtant, du fait de ses ressources naturelles et de son importance dans les économies occidentales d’alors, l’Afrique était une donne essentielle de la politique soviétique et, par conséquent, un enjeu majeur de la guerre froide. En effet, au sortir de la deuxième guerre mondiale, l’union soviétique va déployer une diplomatie agressive pour tirer un avantage stratégique des luttes d’indépendance. Elle soutient ainsi le FLN algérien, le Parti communiste sud-africain (SACP) et l’ANC dans sa lutte contre l’apartheid, le Mouvement populaire pour la libération de l’Angola (MPLA), le Front de libération du Mozambique (FRELIMO), l’Union du peuple africain du Zimbabwe (ZAPU), la Guinée de Sékou Touré etc. L’URSS s’implique même dans les conflits armés en envoyant des combattants cubains en Angola, en Somalie, en Éthiopie et en Namibie.

Durant cette période de lutte pour les indépendances et jusqu’à la fin des années 80, la présence soviétique était prépondérante en Afrique avec près de 40 mille conseillers dans plus de 40 pays, sans compter la formation, en Russie, d’un peu plus de 60 mille jeunes ingénieurs et techniciens africains. Sans nul doute et à mettre à son actif, le point d’orgue de l’implication de l’union soviétique dans les affaires africaines est l’adoption par l’assemblée générale des Nations unies de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et peuples colonisés. Le bloc de l’Ouest devait donc batailler pour rester influent dans ses anciennes colonies. Toutefois, les Etats africains nouvellement indépendants vont dans leur grande majorité choisir de ne pas ouvertement s’impliquer dans le conflit Est-Ouest bien que, de ce qui précède, la plupart penchaient déjà pour la Russie. Officiellement, ils seront non-alignés.

Est-ce alors un fait nouveau si l’Algérie, l’Angola, le Burundi, le Congo- Brazzaville, la Guinée équatoriale, Madagascar, le Mali, le Mozambique, la Namibie, le Soudan, le Soudan du Sud, l’Afrique du Sud, le Sénégal, la Tanzanie, l’Ouganda et le Zimbabwe se sont abstenus, le 02 mars 2022, lors du vote de la résolution des nations unis sur l’Ukraine ? Est-ce tout aussi surprenant qu’onze autres pays africains n’aient pas pris part audit vote ? Est-il pour ainsi dire étonnant que, le 07 avril 2022, le Cameroun, l’Égypte, l’Angola, le Kenya, le Niger, le Sénégal, le Nigeria, l’Afrique du Sud, le Soudan, Madagascar, le Ghana, la Guinée-Bissau, le Soudan du Sud, le Togo, la Tunisie, l’Ouganda, la Tanzanie, le Botswana, le Cap-Vert, l’Eswatini, la Gambie, le Lesotho, le Mozambique et la Namibie s’abstiennent de prendre part au vote portant sur l’exclusion de la Russie du Conseil des droits de l’homme de l’ONU ?

Visiblement, cette position africaine procède d’une continuité historique : celle du non-alignement. Mais l’esprit de Bandung qui remettait en question la structure du système économique international peut-il encore prospérer en l’état ou, bien au contraire, nécessite-t-il une mise à jour à la vue des nouvelles tendances géopolitiques contemporaines?

II. LE MONDE UNIPOLAIRE

Dans « Le vrai choix », le géostratège américain Zbignew Brezezinski soutient, qu’après avoir piégé l’union soviétique en Afghanistan, s’être proposé de désagréger la Fédération de Russie en la séparant de ses républiques du Caucase dont la Tchétchénie, pour assurer la suprématie mondiale des Etats Unis et leur mainmise sur le pétrole de la Mer Caspienne. Ainsi, suite à l’effondrement du mur de Berlin, l’équilibre de la terreur de la guerre froide a naturellement laissé place à un monde unipolaire au sein duquel les Etats-Unis régnaient en maître incontesté de la géopolitique internationale. De fait, les pays africains ne pouvaient plus se permettre de jouer l’Est contre l’Ouest pour s’attirer les faveurs internationales : c’est le début de ce qu’on pourrait appeler la perestroïka africaine.

En 1988, suite aux négociations entamées dès 1986 entre Gorbatchev et Ronald Reagan sur la nécessité de mettre un terme aux conflits régionaux, l’accord prévoyant le retrait progressif du corps expéditionnaire cubain d’Angola est signé au siège de l’ONU entre l’Angola, l’Afrique du Sud et Cuba. L’indépendance de la Namibie est négociée. En Éthiopie, le général Mengistu est chassé du pouvoir. Le président sud-africain Frederik de Klerk prend langue avec le Congrès national africain (ANC) de Nelson Mandela qui sera lui-même libéré et élu premier président de l’ère postapartheid. Le Bénin, le Congo, la Guinée-Bissau, Madagascar, le Burundi, le Gabon, la Mauritanie, le Togo et le Zaïre ouvrent la voie au multipartisme. Et en 2002, l’OUA devient l’UA.

Parallèlement, entre 1989 et 2000, l’Afrique a connu en moyenne quatorze conflits armés par année (P. Wallensteen & M. Sollenberg, 2001). Les conflits en Afrique n’étaient désormais plus le fait de divergences idéologiques alimentées par l’un ou l’autre bloc, mais le résultat d’antagonismes pour le contrôle des ressources du continent que tentent de s’approprier des multinationales, principalement occidentales, et des Etats débarrassés de l’équilibre de la terreur de la guerre froide. Le départ de la Russie a ainsi favorisé une pensée unipolaire qui a consacré le triomphe de l’économie ultralibérale. Si l’on ajoute à ce tableau le renforcement du fédéralisme de l’Union Européenne et la réintégration complète de la France au sein des instances militaires de l’OTAN, on pourrait croire que le mondialisme atlantiste unipolaire s’est définitivement imposé au monde.
Cependant, dès la première décennie du troisième millénaire, on a assisté à une résistance, certes informelle, mais croissante face à la suprématie américaine. En conséquence, le retour progressif de la Russie dans les affaires africaines ne paraît-elle pas salvateur pour des Etats africains qui accusent, à tort ou à raison, l’occident de néocolonialisme ? La présence militaire de la Russie en Afrique centrale et, maintenant, en Afrique de l’ouest ne consacre-t-elle pas la fin du monde unipolaire qui avait fini de mettre le continent africain en coupe réglée ? Les actions militaires de la Russie en Ukraine ressuscitent-elles le monde bipolaire de la guerre froide ou est-ce plutôt une conséquence de la manifestation d’un monde multipolaire au sein duquel l’Afrique pourrait se mouvoir en rééquilibrant ses relations avec l’occident grâce à l’apport militaire et peut-être économique de la première puissance nucléaire planétaire ?

III. LE MONDE MULTIPOLAIRE

Dans une approche transgéographique inédite qui jure d’avec les schémas classiques qui dessinaient les coopérations inter-Etats au sein de cercles régionaux frontaliers, est né un jeu d’alliances qui transcende les frontières dans une nouvelle réalité dont la cohérence tient plus aux intérêts et à la volonté de s’affranchir du joug traditionnel d’une poignée, infime mais pas insignifiante, de pays dits majeurs, qu’à une intégration régionale ou sous-régionale.

En effet, le rapprochement économique de divers blocs géopolitiques assez éloignés les uns des autres (Amérique Latine, Chine, Proche et Moyen-Orient) a donné naissance à plusieurs actes d’une portée géostratégique non négligeable tels les déclarations de Brasilia (mai 2005), de Doha (mars 2009) et le sommet Afrique-Amérique Latine (2009).

En réalité, le point commun des protagonistes de cette dynamique transgéographique (Venezuela, Brésil, Libye, Syrie, Liban, Chine, Japon, Equateur, Bolivie, Russie) réside dans leur hostilité sans faille face à l’Ordre Mondial ultralibéral né au lendemain de la dislocation de l’union soviétique. Tous, sont favorables à l’établissement d’un monde multipolaire équilibré au sein duquel la Palestine aurait une existence viable sur les plans politique et économique. Malgré leur éloignement géographique et leur disparité historico-culturelle, ces blocs soudés ont donc ceci en commun qu’ils partagent une autre vision du monde opposé à l’établissement du Nouvel Ordre Mondial américanisé.

A. Les enjeux économiques

Dans Le Monde Diplomatique de janvier 2011, Mme Hillary Clinton, alors secrétaire d’Etat des Etats Unis, s’inquiétait de la dette détenue par Pékin en posant la question de savoir « Comment négocier en position de force avec son banquier ? ».
En effet, le système monétaire international basé sur le dollar a reposé, de 1990 à 2014 sur le financement par la chine du déficit extérieur des Etats-Unis. C’est-à-dire que les Etats-Unis ont financé leur train de vie par leur dette extérieure, avec des taux d’intérêt bas, tandis que, dans le même temps, les autres pays – et en particulier la Chine – stimulaient leur production en leur vendant des biens. Tant et si bien que, de juillet 2005 à décembre 2007, le gouvernement chinois a abandonné son lien au dollar. L’appréciation du yuan de plus de 20% qui s’en est suivie a été un encouragement inédit pour les étrangers à acheter des actifs chinois. Ce qui d’une part, représentait une menace directe non seulement sur les accords de Jamaïque et donc sur le système monétaire international adopté en 1976 ; et d’autre part, un risque ultime de rupture radicale du système monétaire international avec un abandon du dollar en tant que monnaie de réserve internationale et donc, une crise sévère sur la dette publique des Etats-Unis et un effondrement historique du dollar contre bon nombre de devises. La chine ne s’en cache pas, en tant que premier importateur mondial de pétrole brut, elle veut clairement mettre définitivement un terme à l’hégémonie du dollar américain.

B. La politisation du Dollar américain

Pour se prémunir d’une telle éventualité et conserver leurs avantages stratégiques hégémoniques (politique, militaire, financier, économique et technologique), les Etats-Unis ont adopté en 2008, dans le prolongement de la politique mise en œuvre au lendemain du 11 septembre 2001, une stratégie agressive dans le recours aux sanctions, utilisant ainsi le droit américain comme une arme de guerre tous azimuts et notamment économique et financière. Ce faisant, le dollar détenu aux deux tiers par des investisseurs ne résidant pas aux Etats-Unis et représentant aujourd’hui plus de 60% des échanges mondiaux (85% sur les matières premières) s’en est trouvé politisé. Ainsi, des lois à portées extraterritoriales comme le Foreign Corrupt Practices Act (FCPA) de 1977 ou la Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act (CAATSA), permettent aux Etats-Unis de sanctionner efficacement et de manière dissuasive leurs ennemis et adversaires économiques.

En effet, depuis les attentats du 11 septembre 2001 et au nom de la lutte contre le terrorisme, les Etats-Unis ont acquis auprès de l’institution bruxelloise SWIFT un droit de regard sur l’ensemble des transactions passant par ce système. Du coup, rien que l’utilisation du dollar donne lieu à des enquêtes et à des sanctions. En 2014 par exemple, dans le cadre de corruption d’agents publics étrangers avec paiements associés en dollars, les 772 millions de dollars d’amende pour la société Alstom ont eu pour conséquence économique directe son rachat par son concurrent américain General Electric.

C. La dédollarisation

L’utilisation du système SWIFT ne pouvant leur être favorable car augmentant significativement leur exposition face aux sanctions et rétorsions économiques, les BRICS ont mis en place le BRICS Pay qui leur permettra de procéder à des échanges économiques et financiers à partir de leurs propres devises via des portefeuilles électroniques dans un Cloud dédié.
Plus spécifiquement, la Russie s’insurge face à la politisation du dollar américain et a entamé depuis 2014 une politique de dédollarisation de son économie avec pour terme décembre 2021. L’objectif annoncé par le ministre russe des Finances Anton Silouanov est clair : « Nous avons décidé de renoncer complètement aux actifs en dollars au profit de l’euro et de l’or ». Selon le ministre, l’objectif est d’arriver à la répartition suivante : dollar 0%, euro 40%, yuan 30%, or 20%, livre sterling 5% et yen 5%.

Grâce au SPFS (Financial Messaging System of the Bank of Russia) avec 400 partenaires qui pourrait être interconnecté au CIPS chinois (China International Payment System) avec plus de 1189 partenaires, et à d’autres pays comme l’Iran, l’Inde et la Turquie, le dollar pourrait perdre sa suprématie sur le commerce international. N’est-ce pas alors l’une des raisons pour lesquelles les sanctions économiques européennes visant la désintégration de l’économie russe en la déconnectant du système SWIFT et en procédant à un embargo de ses ressources sur les marchés européens tardent à donner les effets escomptés ?

Tout semble alors indiquer que les actions militaires russes en Ukraine constituent la terminaison d’une évolution géopolitique qui conduira inévitablement vers une nouvelle configuration géostratégique du monde. Mais quelle serait la place de l’Afrique si un tel monde multipolaire venait à être effectif ?

IV. L’AFRIQUE ET LE MULTIPOLARISME

A la vue de ce qui précède, l’abstention africaine sur la question ukrainienne ne semble ni cohérente, ni satisfaisante en ce qu’elle ne semble pas assumer une ambition géopolitique forte. Elle fait tout simplement écho au principe de non-alignement de la guerre froide. Or, à voir le monde tel qu’il évolue géopolitiquement, il est important et même nécessaire pour les pays anciennement non-alignés de se retrouver au sein d’une toute nouvelle organisation afin d’harmoniser leur position et d’adopter une politique commune tant sur les plans politique et économique que militaire. Une telle organisation qui compterait 120 Etats membres et deux tiers de la population mondiale, parallèle à toutes les formes d’organisations internationales, qui ratifierait en son sein des traités de commerce comme celles de l’OMC, des accord militaires de défense commune comme celles de l’OTAN, des conventions financières comme celles de la Jamaïque et de Bretton Woods (1944) constituerait à coup sûr le graal du développement et de l’indépendance économique définitive de l’Afrique et du Tiers monde.

N’est-ce donc pas en définitive, ce à quoi la crise ukrainienne nous convie ?

PIERRE HAMET BA

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LE SOUCI DE SOI: l’obsession du trou

III. LA CHAMBRE NOIRE. C’est dans cet espace clos, à l’abri de toute lumière, où seul un tout petit trou s’ouvre au monde extérieur, que l’image éclairée de ce qui se passe au dehors vient se peindre sur la paroi intérieure. Cette approche métaphorique portant sur l’appareil photo permet de mieux rendre compte de la conception de l’opinion. Puisque, dans notre rapport au saint nous opérons une projection, nous manquons inéluctablement de vision holistique à l’image du photographe qui ne pointe son regard que sur son objectif. Voilà comment l’opinion s’assoit sur ceci, et sur ceci seulement pour en faire la vérité. Alors qu’en fait, en elle-même, cette opinion est une censure parce que le regard posé sur le sujet est, en quelque sorte, aveugle car ne voyant que ce qui, au fond, lui correspond, tout en manquant de porter attention au sujet en lui-même. On peut ainsi articuler métaphoriquement la pensée qui nait d’une telle projection comme faisant tache dans le discours logique. Peut-on d’ailleurs parler de discours logique quand ledit discours est fondé sur l’imaginaire d’une certaine configuration affective dont on devine le sujet ?

« Il n’y a que vous qui sachiez si vous êtes lâche, cruel ou dévotieux. Les autres ne vous voient point, ils vous devinent par conjecture incertaine » (Montaigne). Du Politique, n’est dès lors vrai que la fabrication de notre esprit. Cette image de saint devenue publique n’est en définitive qu’une représentation, une manifestation de la façon dont nous le devinons sans toutefois être au-dedans. Or, le dedans, à l’origine de la définition du Moi freudien, est capital pour éviter la confusion entre ce que nous pensons être et ce qui est. D’ailleurs Freud lui-même articule le dedans comme l’autre pendant du dehors. Quelque chose est alors soustraite de l’image qui se donne du politique. Et, il ne peut s’agir de rien d’autre si ce n’est cette tache qui, en dehors de toute sainteté, fait du politique un humain.

La tache ici, c’est ce qui se manifeste comme un trou. C’est-à-dire, une absence mais aussi en tant que le trou est par excellence la manifestation suprême de la vie. C’est une chose certaine, tout commence par un trou. Le considérer alors comme un élément essentiel et structurant dans l’appréhension de l’être du politique, de la même manière que le trou de la chambre noire permet de capturer une image, est fondamental. L’on ne peut nier qu’à plusieurs égards, l’image de saint dans notre société a beaucoup à avoir avec le rapport entretenu avec ce tout petit trou sans lequel rien n’est. Suivant l’attitude qu’on adopte à l’égard du trou, on produira toujours dans la chambre noire une image à l’opposé du trou si tant est qu’on est sous les feux de la rampe. Il semble alors que dans notre rapport au saint on n’appréhende le monde que du côté où est tourné le trou, ce qui est au-dehors se traduisant que comme image au-dedans. Ce qui implique que, devant l’infinité de l’univers des possibles, tout ce qui est au dehors puisse en principe prendre place à l’intérieur de la chambre. Il est pourtant manifeste que, si les petits trous se multipliaient, il n’y aurait plus nulle part aucune image.

Voilà comment le champ de la vision s’insère dans le désir et se manifeste non plus comme un prisme mais comme un manque plus radical, plus essentiel dans notre opinion du politique en tant qu’être sexué. Ce truchement par le champ de la vision, est le principe même de la tache car tout désir naît d’une contemplation qui, elle-même, a pour objet le trou grâce auquel le politique définit son appartenance sexuelle.

Quoiqu’on puisse alors dire de la sainteté du politique, il est tout simplement à retenir qu’un tel discours ne peut avoir aucune valeur tangible. Il est seulement regrettable et tout à fait ahurissant en définitive que l’image éclairée du dehors, par ce tout petit trou de la chambre noire de notre conscience, vienne à être le soubassement, à ce moment précis notre histoire contemporaine, d’un discours jouissant d’une telle prévalence au sein de l’opinion. En ne se prononçant pas sur cette histoire par peur d’invectives, nous ne pourrons donc réfuter cette projection faite pour soutenir cette idée de la représentation. Or, c’est bien de cette projection par le petit trou qui donne un tel avantage à la représentation que consiste, en fin de compte, le nœud secret de toute cette histoire.

Pierre Hamet BA, Le Souci de Soi, In Pensées inachevées. Ed. Premier, 2022.

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LE SOUCI DE SOI: Le Saint et le Politique

II. PROJECTION. Fabriquons un Saint. Nous aimons les saints. Ils incarnent l’idée du pur, de la droiture. Cette pureté et cette droiture ancrées dans notre imaginaire que nous avons été amenés à reconnaître comme la forme aboutie de notre être. Or, les religions desquelles nous participons s’accordent toutes en ce qu’au commencement était le péché. Le mal, associé donc à l’impureté et à la déviance a, pour ainsi dire, précédé le bien. Ce qui, par ailleurs, est totalement cohérent car l’alternative du mal et du bien, de l’impur et du pur, de la droiture et de la déviance, est la quintessence même de notre existence. On ne peut donc penser le bien qu’en vertu d’une inéluctable nécessité du mal.

Cependant, le joug du système d’habitus social fortement empreint de religiosité au sein duquel nous menons notre existence oppresse tellement cette quintessence humaine que nous refoulons continuellement cette part d’impureté qui, pourtant, au commencement, était. Presque tout ce qui est charnel est interdit et donc rangé dans la catégorie d’indignité. Ce qui a pour effet une sorte de nihilisme ontologique qui suggère que, dans nos sociétés, l’être ne peut être qu’à condition de faire abstraction de soi, c’est-à-dire de son essence humaine. En d’autres termes, il faut être un être au sein duquel n’existe aucune place pour l’impureté. Mais un tel être serait inachevé, voire un non-être, car c’est précisément la dialectique réelle entre le bien et le mal dans les tréfonds de notre être qui offre à notre conscience cette responsabilité supérieure qui fonde notre humanité. Toute personne qui prétend alors être un saint ne le peut qu’à condition d’avoir été préalablement couverte du manteau de la religion.

Alors, quand bien même l’adage voudrait que l’habit ne fasse pas le moine, il n’y a tout de même pas de moine sans habit. Les habits dont je parle sont ici constitués de notre propre conception de ce que serait un saint, c’est-à-dire, sans toutefois s’y limiter : le respect apparent des préceptes de la spiritualité de laquelle nous participons ; la pratique rigoureuse des prédicats et des préceptes spirituels ; le degré d’assiduité dans les lieux de culte ; le discours à tenir ; le comportement à adopter ; ce qui peut être fait, qui est à faire, qu’il faut absolument faire ou tout simplement ce qui n’est pas à faire, qu’il ne faut pas du tout faire ; et, jusqu’à l’accoutrement, l’archétype du saint indélébilement imprimé dans notre fort intérieur.

Ainsi partant, toute personne qui se rapproche de la notion, somme toute subjective, que nous nous faisons de la sainteté sera un saint. Mais uniquement à nos yeux. Aux yeux d’autres personnes, les mêmes habits peuvent tout-à-fait valoir le contraire et, ce jugement sera tout aussi valable et valable de la même manière. Mais que ce soit pour nous comme pour les autres, nous ne faisons précisément que projeter notre notion de sainteté. Freud aurait parlé de transfert. Ce faisant, nous exemptons l’objet de notre projection de l’ambivalence de l’existence qui chancelle du bien au mal.

Fabriquer un saint consiste dès lors à projeter, voire transférer au sens freudien du terme, notre propre notion de sainteté sur l’objet de notre admiration. Et voilà, nous avons fabriqué un saint. Mais un saint qui n’a aucune pureté intrinsèque, seulement la réalité, notre propre réalité subjective, projetée sur lui. La pureté constitue en cela un but poursuivi mais jamais atteint. Ainsi partant, il devient évident, et nous le savons tous, qu’il y a peu ou prou de saints parmi nous. Est-ce donc un sacrilège que de reconnaître et d’admettre l’essence même de notre âme humaine ? Nous ne sommes pas des saints !

En ce sens, le parfum de sainteté qui embaume l’espace politique est nauséabond. Puisque, de ce qui précède, il est impossible d’imaginer un être au sein duquel ne règne que le bien et d’où le mal est proscrit, pour un être qui n’a pas l’expérience du mal, rien en lui ne mérite l’attribut de bien. Dans une parfaite égalité de valeur entre toutes les formes de l’être, toute valeur disparaîtrait tant et si bien qu’il n’y a pas d’appréhension d’un phénomène sans le dehors même du phénomène soumis à la réflexion. Comme l’ombre nous permet de percevoir la lumière et lui donne son prix, une chose n’existe que par notre capacité à la comparer à ce qu’elle n’est pas, son dehors, son opposé, bref, tout son contraire.

Le politique qui putréfie l’espace publique de son parfum pestilentiel de sainteté serait un non être s’il n’y avait pas en lui un brin de mal. Et c’est là justement que se pose avec une certaine acuité la nature du mal qu’on tente de dissimuler sous le caban de la sainteté.

Pierre Hamet BA, Le Souci de Soi, In Pensées inachevées. Ed. Premier, 2022.

Crédit photo : Ousmane Ndiaye Dago, collection Femme-Terre, 2002.

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I. LIBERTE. Presque toutes les personnes autour de moi m’ont imploré de ne point me prononcer sur cette affaire. Car, disent-ils : injures, offenses, insultes, affronts, outrages, mais aussi avanies, impolitesses, impertinences, railleries et menaces seront mon lot. L’on ne doit surtout pas le citer, si ce n’est pas pour le magnifier. Mais qui serais-je donc, si je devais me taire par crainte d’invectives ?

Je devrais alors dire adieu à la liberté contenue en moi et non en aucun autre. Taire ainsi ma liberté pour laisser s’exprimer celle des autres, c’est précisément me désapprouver et me condamner à l’inertie. Seulement, je n’ai pas d’espace pour ne pas agir. Je suis pour ainsi dire contraint à l’action car en agissant, je me réserve la possibilité de ne pas agir. N’est-ce donc pas là un vide au milieu du plein ? Effarant ! Et pourtant, c’est bien en cela que réside la liberté de penser.

Agir est la norme dans une société qui pense que penser, c’est tout simplement penser. C’est-à-dire, aligner des mots. Bien sûr, ceux qui défendent cet être de manière si émétique s’expriment avec insolence et indignité car leur but ultime n’est nul autre que d’humilier, par des phrases à marche forcée, pour ainsi obliger les populations à ne point s’exprimer.

Attaquer les personnalités et responsables politiques, les discréditer aux yeux des populations, soit à l’aide d’affaires montées, soit encore en révélant des malversations et comportements "scandaleux", participe de cette volonté d’engendrer la peur afin de paralyser les populations et de les empêcher de défendre leurs institutions. Il est bien évident que ces actions construisent une image négative des responsables politiques. Lorsqu’ils seront attaqués, se mobiliser pour les défendre aura alors le sens de prendre des risques, de faire des efforts pour des gens qui n’en valent pas la peine. Ce n’est pas nouveau. C’est exactement la conception classique de la propagande selon Alex Mucchielli.

Ce faisant, et à force de n’entendre qu’un seul son de cloche, tout le monde finira par penser que c’est le bon son. Faire ainsi de leur point de vue la seule vue possible, installer la terreur pour que nul ne voie autrement, est donc la finalité de toute cette excitation aux allures de propagande subversive. Qu’à cela ne tienne! Puisqu’en dehors de toute liberté, il n’est pas possible de penser ; et, puisque sans la liberté de penser, je ne m’enrichis pas de mon propre fond, je m’en vais ici penser en toute liberté. (…)

Pierre Hamet BA, Le Souci de Soi, In Pensées inachevées. Ed. Premier 2022.

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I. LIBERTE. Presque toutes les personnes autour de moi m’ont imploré de ne point me prononcer sur cette affaire. Car, disent-ils : injures, offenses, insultes, affronts, outrages, mais aussi avanies, impolitesses, impertinences, railleries et menaces seront mon lot. L’on ne doit surtout pas le citer, si ce n’est pas pour le magnifier. Mais qui serais-je donc, si je devais me taire par crainte d’invectives ?

Je devrais alors dire adieu à la liberté contenue en moi et non en aucun autre. Taire ainsi ma liberté pour laisser s’exprimer celle des autres, c’est précisément me désapprouver et me condamner à l’inertie. Seulement, je n’ai pas d’espace pour ne pas agir. Je suis pour ainsi dire contraint à l’action car en agissant, je me réserve la possibilité de ne pas agir. N’est-ce donc pas là un vide au milieu du plein ? Effarant ! Et pourtant, c’est bien en cela que réside la liberté de penser.

Agir est la norme dans une société qui pense que penser, c’est tout simplement penser. C’est-à-dire, aligner des mots. Bien sûr, ceux qui défendent cet être de manière si émétique s’expriment avec insolence et indignité car leur but ultime n’est nul autre que d’humilier, par des phrases à marche forcée, pour ainsi obliger les populations à ne point s’exprimer.

Attaquer les personnalités et responsables politiques, les discréditer aux yeux des populations, soit à l’aide d’affaires montées, soit encore en révélant des malversations et comportements "scandaleux", participe de cette volonté d’engendrer la peur afin de paralyser les populations et de les empêcher de défendre leurs institutions. Il est bien évident que ces actions construisent une image négative des responsables politiques. Lorsqu’ils seront attaqués, se mobiliser pour les défendre aura alors le sens de prendre des risques, de faire des efforts pour des gens qui n’en valent pas la peine. Ce n’est pas nouveau. C’est exactement la conception classique de la propagande selon Alex Mucchielli.

Ce faisant, et à force de n’entendre qu’un seul son de cloche, tout le monde finira par penser que c’est le bon son. Faire ainsi de leur point de vue la seule vue possible, installer la terreur pour que nul ne voie autrement, est donc la finalité de toute cette excitation aux allures de propagande subversive. Qu’à cela ne tienne! Puisqu’en dehors de toute liberté, il n’est pas possible de penser ; et, puisque sans la liberté de penser, je ne m’enrichis pas de mon propre fond, je m’en vais ici penser en toute liberté. (…)

Pierre Hamet BA, Le Souci de Soi, In Pensées inachevées. Ed. Premier 2022.

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Petite Pensée Ontologique: DIEU N’EST PAS COMPLICE.

Affirmons sans risque de nous tromper que pour la religion le salut éternel est le seul contrat divin. La vie ici-bas n’a donc aucune espèce d’importance. Du moins, du point de vue des religions révélées qui, derrière le libre arbitre, se cachent pour ne point se prononcer sur la condition humaine. On voit pointer ici la notion de différences de nature entre les hommes qui sera chevillée comme principe irréductible pour justifier le droit qu’ont certains hommes sur d’autres. L’égalité des hommes qu’on croit universelle n’a donc de ce sens que métaphysique. Nous ne sommes égaux que devant dieu. En ce sens, les atrocités dont l’homme reste l’objet ne peuvent être dédouanées sous le prisme de la théologie. Mais parce que la position religieuse est ambivalente, l’homme, irresponsable au sens que dessus, se dédouane en se réfugiant derrière une divinité dont il peine encore à prouver l’existence. Ni les théologiens, ni les philosophes, ni les scientifiques n’ont pu circonscrire les origines divines des inégalités terrestres. Bien sûr, la théologie s’exempte de la tâche. Il serait donc vain d’attendre de Dieu que d’une main invisible il change le cours de notre condition d’existence. Dieu est un arbitre qui ne siffle pas. Car, et c’est bien de la Religion que je le puise à la vue de tout ce qui précède[1], Dieu ne soccupe pas de l’historiographie humaine mais seulement du salut des âmes au terme de l’histoire. De quoi interroger la posture des religions révélées sur la condition humaine mais tout aussi leur rapport avec Dieu dont ils ont fait un étant muet mais pas aveugle; omniscient mais discret; omnipotent mais magnanime; omniprésent mais lointain.

Pierre Hamet BA.

1. "Tout ce qui précède" fait ici référence aux articles ci-dessous.

https://pierrehametba.com/la-mosquee-nest-pas-un-sixieme-pilier-de-lislam/

https://pierrehametba.com/petite-pensee-ontologique-et-lhomme-crea-dieu/

https://pierrehametba.com/petite-pensee-ontologique-dieu-est-necessaire/

https://pierrehametba.com/petite-pensee-ontologique-le-contrat-divin/

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Petite Pensée Ontologique: LE CONTRAT DIVIN.

Le monothéisme a fait du salut des âmes un contrat divin, le seul engagement de la divinité. Alors, quand bien même Dieu préside à l’univers et aux destinées respectives des hommes, la religion prend bien soin de lui garder ses distances quant à l’égalité des hommes sur terre. C’est le libre arbitre, notion qui va définitivement sceller le sort humain dans un petit royaume de sentiments subjectifs qui, en dernier ressort, sera la justification à priori de toutes les inégalités. Sinon comment comprendre la domination de l’homme par l’homme consacrée par la religion qui, elle-même, considère la création de l’humain à l’image de dieu ? C’est la théologie qui se charge de nous fournir une partie de la réponse : le salut des âmes étant le seul souci des religions monothéistes, la dévolution des pouvoirs ici-bas ne les intéresse pas. Parce qu’ils considèrent uniquement l’égalité devant Dieu, le christianisme, le judaïsme et l’islam s’accommodent fort bien des inégalités terrestres : « Rendez à César ce qui est à César », car mon royaume n’est pas de ce monde ». La seule affaire qui ait de l’importance, c’est celle du salut éternel des âmes, et les contingences de la vie qui se déroule ici-bas n’en ont aucune.

Pierre Hamet BA.

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Petite Pensée Ontologique: DIEU EST NÉCESSAIRE.

Le destin, mais qu’est-ce donc? L’homme s’est débarrassé de l’embarras de la culpabilité pour trouver, en la notion de volonté divine, la justification de ses plus surannées actions inscrites dans l’histoire. Ainsi en a-t-il été des croisades, des grandes invasions, de la croyance en une race arienne supérieure qui conduisit à l’holocauste. C’est aussi la justification première de l’esclavage, de l’impérialisme européen, du racisme et maintenant du terrorisme. Dieu est nécessaire. Chaque fois que l’homme a eu la prétention de le représenter sur terre, il a pris les armes. S’en suit une idée dite juste dont la conséquence est la destruction de l’homme par l’homme. Qu’à cela ne tienne, Dieu décide des pensées de tout homme, des conditions d’existence de chacun. Il a une vue imprenable sur tout, un projet pour tous et une destinée pour tout un chacun. Dieu à bon dos. Les textes liturgiques ont ceci en commun qu’ils ont fait de lui un étant. « Dieu créa l’homme à son image ». Il en résulte que l’homme porte en lui une part de divinité. Selon la plus large acception de cette assertion, tous les hommes sont les membres d’une seule et même famille car descendant d’Adam et d’Eve. Les hommes sont donc tous égaux. Mais cette égalité n’est pas factuelle. Elle est plutôt une sorte de construction humaine en vertu de laquelle la religion se désintéresse de l’ici-bas, pour se hisser dans un au-delà confortable où elle ne peut qu’être irréprochable.

Pierre Hamet BA.

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Petite Pensée Ontologique: ET L’HOMME CRÉA DIEU.

Et, l’homme créa dieu. Il en fit une construction imaginaire méta humaine, quelque chose comme un être total infaillible, régent des âmes, invisible mais omniprésent, omnipotent mais insaisissable, omniscient car créateur résolu de l’homme et du multivers dans lequel il se meut. La volonté divine est pour ainsi dire le commencement et la fin de toute chose. Rien ne lui préexiste. Rien ne lui échappe. Tout ce qui est, est donné. Tout ce qui advient est nécessaire et inévitable au terme de l’histoire. Le monde est pour ainsi dire sous le joug divin et tout ce qui s’y passe n’est autre que la finalité de la volonté divine. L’irresponsabilité humaine puise donc sa source originelle en cette croyance en une force ou en un esprit, c’est selon, qui déroulerait un programme préétabli, imperfectible et irréversible dans le déroulement du duopole espace-temps. Ainsi partant, toutes les actions humaines, croit-on sans trop y croire, portent la marque de la volonté divine. Dans cet ordre d’idée, dieu est responsable de tout, même de nos propres actions. Peu importe qu’elles soient critiquables par une morale, la notion elle-même étant sujet à polémique, l’homme a trouvé une échappatoire.

Pierre Hamet BA.

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LA MOSQUÉE N’EST PAS UN SIXIÈME PILIER DE L’ISLAM.

Le fanatisme religieux a ceci de particulier qu’il accorde une certaine pureté à la civilisation islamique. Or, lorsqu’il sagit de civilisation, il n’y a, du point de vue de l’évolution humaine, aucune pureté. Ainsi nomme-t-on le tapis de prière Sajada en Wolof. Or, étymologiquement le verbe arabe "Sîn-jJîm-Dâl" dont sont issus les termes "Sajada" (se prosterner); Masjid (mosquée); Jâmi (rassembler) de la racine "Jîm – Mîm – ‘ayn" qui donnera tout aussi le terme wolof "Jouma" dérivé de Masjîd al-jâmi‘; provient originellement de l’Araméen et désigne une stèle. Mais on le retrouvera plus tard au cours du Ve siecle en Nabatéen avec cette fois-ci le sens de lieu de culte. Les termes wolof Sajada, Jouma et Jaka bien que désignant trois choses inassimilables avec des charges affectives différentes, proviennent tous de la même racine pas du tout islamique et veulent originairement dire la même chose. L’emprunt est donc le propre de toute civilisation et les choses n’ont de significations que celles projetées sur elles. Il en est de même des mosquées. Comme n’importe quelle autre bâtisse, elles sont faites de sable, de ciment, de béton et de fer. Elles n’ont de portées sacrées que celles projetées sur elles. A Cordoue où se tiennent les rencontres annuelles islamo-chrétiennes, la même bâtisse sert concomitamment de mosquée et d’église. On l’appelle alors mosquée-cathédrale, témoin des civilisations qui se sont succédées dans la région depuis des millénaires. Les connaissances accumulées en art islamique et en architecture anté-islamique ont démontré l’origine des formes architecturales de nos mosquées contemporaines qui ne sont ni une prescription divine, ni une invention musulmane, encore moins un sixième pilier de l’islam. A vrai dire, si Dieu est si magnanime, si clément et si miséricordieux qu’il est dit dans le Saint Coran, il n’a point besoin du bovarysme des imams et de l’insolente richesse qui orne les murs de nos mosquées pour exhaucer les prières des gens pauvres qui s’y prosternent. Il n’y a par ailleurs que très peu d’éléments dans le Saint Coran qui parlent nommément de mosquée et lorsqu’on y évoque le lieu de culte c’est pour faire référence à la Ka’aba. D’ailleurs notre prophète PSL n’a-t-il pas dit que toute la Terre est une mosquée sauf les cimetières et les lieux d’aisance: « la Terre m’a été rendue lieu de prière et pure. Quiconque parmi les hommes de ma communauté atteindra l’heure de la prière aura un lieu de prière et de pureté ». S’il y a donc un risque de forte propagation du coronavirus, il n’y a, du point de vue de l’islam, aucun inconvénient à ne pas tenir la prière de l’Aïd el-Kebir. C’est une question de responsabilité.

Pierre Hamet BA.